NÎMES L'orientation, la problématique des métiers de l'artisanat
François Asselin, président de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) s'est déplacé à la Chambre des métiers et de l'artisanat du Gard pour aborder les évolutions et changements que subissent les entreprises artisanales et exposer son action pour défendre sa corporation. Autour de la table, évidemment Henri Brin, ainsi que les présidents des CMA de la Lozère et de la Haute-Garonne, et également des artisans et des représentants locaux.
Le PDG de l'entreprise qui a réalisé la construction de l'Hermione, une réplique du navire de guerre français, a entamé cette rencontre par sa volonté de conserver au maximum les CMA. "Je suis attaché à la brique départementale. Supprimer les chambres consulaires aurait un effet dévastateur pour les artisans", affirme-t-il. Même si ce dernier lutte pour maintenir un lieu où les artisans puissent se retrouver, il se heurte à une contrainte financière qui nécessite de plus en plus la mutualisation de plusieurs CMA entre les départements.
Quelques mots également sur la difficulté pour certains patrons de se séparer de leurs salariés en cas de licenciement : "il faut une juste réparation qui ne dépasse pas les ressources financières de l'entreprise, sinon c'est absurde." La visite s'est ensuite poursuivie dans les locaux de l'Institut régional de formation des métiers de l'artisanat où Henry Brin a remis la médaille d'or de la CMA du Gard à son hôte. Le tout avant d'évoquer le cœur du problème : l'orientation des jeunes apprentis.
François Asselin interpellé par Michel Kayser
Avant de descendre du bureau pour aller sur le terrain, François Asselin a commencé à parler de l'apprentissage des jeunes. "Il faut remettre l'entreprise au centre de la formation." Une formule évidemment partagée par l'assistance présente. Mais concrètement cela signifie quoi ? "C'est l'argent des entreprises qui finance les centres de formation. Cela doit leur permettre d'être doté des moyens nécessaires pour former les apprentis." Mettre des moyens pour former les jeunes, mais encore faut-il que cela se fasse dans une branche qui leur offre différents débouchés.
"Notre pays est davantage en échec d'orientation qu'en échec scolaire", constate le président de la CPME. "Les jeunes s'engagent dans des filières qui n'embauchent pas", insiste t-il. Avant de jeter un pavé dans la marre : "nous avons besoin d'un interlocuteur essentiel, l'éducation nationale. Il faut reconstruire tous les parcours de formation." Une proposition d'une refonte totale qui implique aussi de faire évoluer les mentalités des professeurs qui mettent souvent des œillères et restent fixés sur la filière générale. "Quelles sont les chances pour un élève de troisième qu'on lui présente la filière professionnelle ? Zéro ! ", s'indigne François Asselin.
Un sujet qui ne tarde pas à faire réagir Michel Kayser, chef cuisinier émérite qui emploie 32 personnes et qui remet davantage en cause la formation. "Il y a clairement un manque de considération pour notre profession. La cuisine demande beaucoup d'exigence et cela doit s'apprendre dès la formation. Les jeunes ont aussi besoin d'être challengé pour être motivé", expose le maître queux.
Le représentant des petites et moyennes entreprises acquiesce à la réaction du cuisinier et tente de le rassurer. "Il y a une faillite de l'exigence ou, parfois, les jeunes n'ont pas le niveau des diplômes qu'on leur donne. Il faudra du temps mais je sais que notre ministre de l'Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, entend notre message et qu'il en est complètement convaincu." De là à faire évoluer les choses, un seul mandat ne semble pas suffisant.
Corentin Corger
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