Publié il y a 5 ans - Mise à jour le 27.04.2018 - thierry-allard - 4 min  - vu 697 fois

FAIT DU JOUR Sébastien Lecornu : "Le Contrat de transition écologique, c'est un machin complètement disruptif »

En visite dans le Gard jeudi, le secrétaire d'État auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire a jugé que le projet gardois est "enthousiasmant et va dans le bon sens".
Le secrétaire d'État Sébastien Lecornu, jeudi après-midi, à la centrale EDF d'Aramon où était organisée la réunion de convergence des partenaires du CTE (photo Thierry Allard/Objectif Gard).

Le mot est très à la mode depuis l’avènement du macronisme et il aura été utilisé par le secrétaire d’État auprès du ministre d’État de la Transition écologique et solidaire, Sébastien Lecornu, lors de sa visite dans le Gard, à Marcoule puis à Aramon, jeudi.

"Le Contrat de transition écologique (CTE), c’est un machin complètement disruptif", lancera ainsi le secrétaire d’État - avec un terme revendiqué comme "gaullien" en introduction de son discours lors de la réunion de convergence des partenaires dudit contrat organisée hier après-midi à l’ancienne centrale thermique EDF d’Aramon.

Par "disruptif", comprendre que ce nouveau dispositif, pour lequel le territoire de la communauté de communes du Pont du Gard et de l’Agglo du Gard rhodanien doit faire partie des précurseurs, "n’a pas vocation à écraser ce que nos prédécesseurs ont fait mais à inventer quelque chose de nouveau", explique Sébastien Lecornu. En clair, et selon le terme employé par le président de l’Agglo du Gard rhodanien Jean-Christian Rey, le territoire concerné sera "un laboratoire" pour ce Contrat de transition écologique.

"Silicon Valley de l'écologie"

Un CTE qui ne manquera pas d’ambition et dont le socle sera le projet Energies du Gard porté par EDF suite à la fermeture de la centrale d’Aramon en 2016. "Nous voulons faire de ce territoire un territoire référent", confirme la déléguée territoriale d'EDF Virginie Monnier-Mangue, avant d’aller jusqu’à avancer le terme quelque peu pompeux de "Silicon Valley de l’écologie"Le tout autour des "cleantech", à savoir les technologies propres, au rang desquelles on compte les transports propres, les bâtiments économes, la chimie verte, l’économie circulaire ou encore la déconstruction, notamment de la centrale d’Aramon. Et avec l'objectif de faire de ce territoire "la démonstration que l’économie et l’écologie sont interdépendantes", dixit le député Anthony Cellier qui a poussé la candidature de sa circonscription au CTE. Il faut "aller plus loin que la reconversion d’un site pour créer une démanche globale, un écosystème", note à son tour le directeur de l’action régionale pour EDF Jean-Pierre Frémont.

Autant dire que pour parvenir à ces fins, la mobilisation générale est de rigueur : "C’est un défi qui s’offre à nous, il nous faut en faire une opportunité", martèlera le député. Alors pour ce Contrat de transition écologique, les acteurs publics (collectivités territoriales et État) comme privés sont impliqués "dans une dynamique de coconstruction, de collaboration" , souligne Virginie Monnier-Mangue, appuyée par le président de la chambre de commerce et d’industrie du Gard Éric Giraudier.

Il s’agit donc d’articuler tout un éventail de projets dans le cadre de ce CTE. S’il est encore trop tôt pour avoir une vision précise de ce qu’il contiendra, certains projets y sont d’ores et déjà inscrits comme un parc photovoltaïque sur pilotis sur le site de la centrale d’Aramon, un autre chez Sanofi toujours à Aramon, Sanofi qui réfléchit également à un projet de méthanisation pour valoriser ses déchets. Plus au nord, le projet multimodal de l’Ardoise Éco Fret est également dans la boucle et la formation, via le campus du lycée de Bagnols entre autres, n’est pas en reste. Ses élèves auront la centrale d’Aramon pour objet d’étude grandeur nature.

"Sur-mesure"

Sur le site du CEA Marcoule, le directeur a présenté les enjeux du démantèlement au secrétaire d'État (photo T. A./OG).

À ce stade, il faut préciser que le CTE doit "coller au territoire, à sa morphologie, ses forces et ses défauts", affirme Sébastien Lecornu qui parle de "sur-mesure"ce qui ferait aussi partie de ses aspects "disruptifs". C’est la raison pour laquelle la thématique des énergies a été choisie pour ce CTE gardois, sur un secteur fortement marqué par le nucléaire. D’ailleurs, le secrétaire d’État a démarré sa visite dans le Gard par le site du CEA Marcoule, où il a réaffirmé l’objectif de voir passer la part du nucléaire dans le mix énergétique de 75 à 50 %, à une échéance qui reste à fixer, tout en "gardant le savoir-faire dans le nucléaire, ne serait-ce que pour le démantèlement".

Celui qui est par ailleurs chargé de la fermeture de la centrale de Fessenheim ne s’est pas montré particulièrement pro-nucléaire, quand bien même il s’exprimait dans les locaux du CEA, estimant que "nous avons une dépendance à l’atome extrêmement importante", que "tout le monde est sur une pente descendante sur le nucléaire" mais aussi que "dans l’histoire de l’humanité, c’est la première fois que quelques générations vont laisser un cadeau aux générations futures pour des milliers d’années, ça doit interpeller chacun"Dans le même temps, Sébastien Lecornu a affirmé : "Le gouvernement va beaucoup miser sur le solaire, des opportunités foncières s’offrent à nous et des innovations importantes sont attendues notamment en termes de stockage de l’énergie." Dont acte.

Le secrétaire d'État a visité le réacteur Phénix à Marcoule. À l'arrêt depuis 2009, il est en cours de démantèlement depuis 2016 (photo T. A./OG).

Reste qu’il va falloir le signer ce Contrat de transition écologique. Si le secrétaire d’État a donné des bons points au projet gardois, à savoir "la capacité à vous rassembler", "la compréhension du mot transition", "avoir compris qu’il fallait partir du privé pour aller vers la puissance publique" ou encore "la prise de conscience autour de la formation professionnelle" qui font que selon lui ce projet est "enthousiasmant et va dans le bon sens", il a également donné quelques conseils dont on a compris qu’il valait mieux les suivre. On y retrouve un encouragement à "faire encore mieux" sur la formation, tenter d’attirer des acteurs extérieurs mais aussi et peut-être la plus urgente des recommandations : "Il y aura des moyens mais il faut commencer à parler de fiches actions pour prépositionner les chiffres. Il est temps de commencer, pour une signature fin juin, à basculer en mode projet." À bons entendeurs…

Et aussi :

Comité d’accueil : la CGT était présente à Aramon. Le secrétaire d’État a pris le temps de discuter quelques minutes avec leur représentant. "J’ai entendu leur capacité à envisager cette transition", notera Sébastien Lecornu.

Thierry ALLARD

thierry.allard@objectifgard.com

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