Publié il y a 5 ans - Mise à jour le 08.05.2018 - abdel-samari - 4 min  - vu 495 fois

OCCITANIE Emplois, revenus, recrutement : l’artisanat en mutation

L’édition 2017-2018 du baromètre ISM-MAAF de l’artisanat évalue, pour la première fois, l’évolution des chiffres de l’emploi dans le secteur artisanal en région Occitanie.

De nombreux indicateurs confirment une sortie de crise toutefois plus modérée que dans le secteur marchand. Il détaille également la grille des revenus des artisans en fonction des secteurs d’activités. 

Le nombre d’emplois non-salariés (1 emploi sur 4 dans l’artisanat) n’augmente plus depuis 2012 en France : le nombre croissant de micro-entrepreneurs s’accompagne en effet d’une diminution des emplois indépendants du régime classique. Dans la région Occitanie le même phénomène est perceptible : l’augmentation du nombre de micro-entrepreneurs se poursuit (45.150 micro-entrepreneurs dans les activités artisanales en 2016, soit +4% par rapport à 2015) et s’accompagne d’une baisse de 5 % du nombre des chefs d’entreprises indépendants du régime classique. En bref, le régime micro-entrepreneur ne permet plus la création nette d’emplois indépendants.

Alors qu’au plan national, l’emploi salarié dans les TPE artisanales de moins de 20 salariés se stabilise à 1,6 million de salariés sur la période 2015-2016 après plusieurs années de baisse entre 2011 et 2015 (80.000 emplois perdus), en Occitanie, l’indice repart à la hausse en 2016 (+1%). L’activité de l’artisanat régional paraît donc mieux orientée que la moyenne nationale.

En Occitanie, de plus en plus d’entreprises sans salarié

Une évolution de la structure d’emploi des entreprises artisanales a été observée sur les dix dernières années en France. Elle se caractérise par une forte progression du nombre d’artisans travaillant seuls, sans salarié (ils représentent 66 % des entreprises artisanales en 2016, contre 49 % en 2008, et 58 % en 2012). En région Occitanie, la progression du nombre d’entreprises artisanales sans salarié suit une tendance similaire. Elle est passée de 53% en 2008 à 62% en 2012 et 70% en 2016. Plus de 102.000 artisans travaillent seuls dans la région en 2016 (ils étaient moitié moins nombreux -56.000- en 2008).

Une reprise fragile portée par quelques secteurs

Le premier secteur de l’artisanat de la Région Occitanie pour la création d’emplois salariés en 2016 a été la réparation automobile (+340 emplois créés). Les métiers de bouche sont également dynamiques : la boulangerie-pâtisserie artisanale a créé 180 emplois salariés et la boucherie-charcuterie 120. Dans le BTP, le solde des emplois salariés repasse aussi dans le vert. Dans l’artisanat de fabrication, le secteur le plus dynamique a été l’activité de réparation d ‘équipements industriels (+60).

En 2017, ce redressement des emplois salariés se poursuit : le nombre total atteint 139.000 emplois salariés fin 2017 (soit une hausse de 1%). Mais la reprise reste inférieure à celle observée dans l’ensemble du secteur marchand (+2%). Elle est portée principalement par le BTP (+2%) et, dans les services (+1%), la réparation automobile (+2%). L’emploi salarié est stable dans l’alimentation, mais baisse toujours dans les activités de fabrication (-2%).

En Occitanie, une forte hausse des offres d’emploi dans l’artisanat en 2016…

Avec un total de 220.000 offres déposées en 2016 en France, on constate une progression à la hausse des emplois recherchés pour la 2ème année consécutive. Ce regain observé dans les TPE artisanales témoigne d’un turn-over croissant du personnel et de besoins d’emplois nouveaux. Parmi les secteurs les plus recruteurs et créateurs d’emplois en 2016, les activités de réparation d’équipements (+184 %), les taxis/VTC (+103 %), ou encore l’entretien et la réparation de véhicules automobiles (+81 %). Le nombre d’offres déposées est également en hausse dans d’autres secteurs créateurs d’emplois salariés comme la coiffure (+25 %), les soins de beauté (+11 %) le nettoyage (+9%), ou encore la boulangerie-pâtisserie (+4 %).

La progression des offres d’emploi observée au plan national se vérifie également dans la région Occitanie. Les offres d’emploi déposées par les entreprises artisanales de moins de 20 salariés sont en hausse de 3% et atteignent 22.670 offres en 2016. La hausse a été particulièrement élevée dans l’alimentation et les services. En revanche, les offres d’emploi déposées par les entreprises de fabrication baissent fortement (-11 %).

Des difficultés de recrutement de plus en plus importantes

Au niveau national, cette progression des intentions d’embauches est nuancée par une hausse des difficultés de recrutement dans le secteur artisanal. Tous métiers confondus, 53 % des recrutements sont jugés difficiles par les dirigeants TPE artisanales, contre 37,5 % en moyenne pour l’ensemble des secteurs et des entreprises. Les secteurs les plus touchés sont ceux du BTP, de la réparation automobile, du travail du métal et de la boucherie. Idem dans d’autres professions intermédiaires et d’encadrement, comme celles de chef de chantier, de dessinateur, de technicien du BTP ou de la mécanique.

Dans la région Occitanie, les difficultés de recrutement sont plus élevées dans les TPE artisanales : 52 % des artisans souhaitant embaucher, anticipent des difficultés pour leurs recrutements. Les postes pour lesquels les difficultés sont les plus élevées concernent les métiers du bois et de l’ameublement, de la pierre, du textile/habillement, de l’électricité et de l’électronique. Dans le BTP, les postes les plus difficiles à pourvoir sont ceux de couvreurs et d’ingénieurs/chefs de chantier. Les métiers du travail des métaux et de la mécanique, ceux de la carrosserie automobile sont également très recherchés.

Revenus des micro-entrepreneurs et indépendants classique : des disparités importantes

Les revenus annuels des microentrepreneurs sont très en deça de ceux des indépendants classiques qui sont parfois jusqu'à 4 fois plus élevés. Dans le BTP, des écarts importants : 28.200 euros pour les chefs d’entreprises indépendants contre 6.100 euros pour les micro-entrepreneurs. Dans l’artisanat de fabrication, le même contraste est observé : alors qu’un micro-entrepreneur enregistre un revenu annuel moyen de 3.800 euros, un indépendant classique peut gagner jusqu’à 31.200 euros par an. Constat similaire dans l’alimentation et dans l’artisanat de services avec des revenus annuels respectifs de 3.600 euros et 4.500 euros pour les micro-entrepreneurs contre, respectivement 26.800 euros et 19.900 euros pour les chefs d’entreprises indépendants.

Méthodologie de l’étude : Le baromètre tire principalement sa source des données du RSI, de l’ACOSS-URSSAF et de Pole-Emploi qui ont été analysées sur le périmètre de l’artisanat.

Abdel Samari

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