Publié il y a 5 ans - Mise à jour le 10.05.2018 - florence-genestier - 3 min  - vu 1361 fois

FAIT DU JOUR Ces liens qui nous habitent

Un concept d'habitat innovant à Vergèze porté par l'association Habitat et Humanisme.

À Vergèze, qui ne compte que 11% de logements sociaux, un taux bien en deçà des exigences de la loi SRU, la rénovation d'un foyer débouche sur une vraie innovation sociale (photo Habitat et Humanisme)

L'ancienne maison de retraite connaît une rénovation qui va déboucher sur une véritable innovation en matière d'habitat social. Dans le domaine de la Pinède, une certaine idée de la solidarité se construit.

Plus motivé que Cyril Guillet ? Difficile de trouver. Il faut dire que le beau projet qu'il porte est innovant humainement et socialement. Éducateur de formation, originaire de la région parisienne, après avoir travaillé à la Croix-Rouge auprès de demandeurs d’asile, il suit ce projet pas comme les autres depuis février 2017. La première esquisse de l'ensemble remonte à 2013.  De quoi doper un travailleur social désabusé, ce qu'il n'est pas. Sur un seul site de 7 hectares, se mêlent trois structures habituellement indépendantes et séparées. Intergénérationnelle, transversale et participative, l'idée englobe 41 logements à vocation sociale. Et un public mixte.

Sur un site unique sortent de terre trois modes d’habitat : une pension de famille (*) de 22 logements, une maison en partage de 13 logements et 6 logements sociaux, 22 places de parking, un jardin partagé, des activités à foison. L’ouverture de la pension de famille est prévue pour octobre 2018. La maison en partage et les six logements sociaux sont attendus pour novembre et décembre.

La mairie de Vergèze (photo FG)

Portée par Habitat et Humanisme, une association solide et réputée chez tous les acteurs de l'habitat social, la Pinède à Vergèze a su fédérer les partenariats indispensables et d'abord financiers : État, Région, Département et des fonds privés.

Habitat et Humanisme a acquis le terrain. Le défi lancé est avant tout humain et social et le terrain vergézois porte sans nul doute graines et premières pousses de l'habitat social et solidaire de demain. En langage technique, cela repose sur  "l’intermédiation locative". En mêlant des publics différents, en grande difficulté ou en réinsertion, en pariant sur l'échange et un accompagnement personnalisé. La méthode H et H.

« L’idée de Vergèze, c’est tout ce qu’on fait aujourd’hui de manière éclatée à Habitat et Humanisme, regroupé sur un même site, résume Cyril Guillet. On veut en faire une vitrine nationale. Nous ne sommes pas bailleurs sociaux. On arrive toujours à faire sortir de terre des sites proches des centres-villes, accessibles en transports en commun. En pension, on décharge la personne accueillie de tous les soucis matériels et financiers, même si une faible participation est exigée. Deux professionnels vont les suivre 7 jours sur 7, 8 heures par jour. C'est aussi le résultat de nombreux rendez-vous avec les élus locaux, le CCAS et le centre socio-culturel vergézois, qui compte 1 600 adhérents."

L'humain en difficulté mais toujours accompagné

La maison en partage s’adresse à des plus de soixante ans ou à des personnes de plus de vingt ans avec une allocation de personne handicapée, autonomes. Un accompagnement est aussi prévu, beaucoup moins poussé que pour les pensionnaires. Les six logements sociaux, du T2 au T5, sont destinés à des familles, monoparentales ou non. Qui pourront être accompagnées à leur demande, à distance, par un travailleur social nîmois.

Habitat et Humanisme a été fondée à Lyon en 1985 par Bernard Devert. La fédération compte 55 associations dans le pays. Dans le Gard, depuis 2004 Habitat et Humanisme compte une douzaine de salariés et gère déjà deux pensions de familles, une maison en partage et des appartements, dont plusieurs à Vauvert. Près de 400 Gardois bénéficient de ses actions. Huit candidatures ont été enregistrées pour une place en pension de famille. Un nombre qui résume la précarité dans laquelle se retrouvent de nombreux Gardois. Ici, plus qu'ailleurs, les difficultés sociales pèsent...

La transversalité prévoit des soirées partagées, toujours avec l'accord des locataires, afin de créer une dynamique entre les trois structures. "Se voir une fois par trimestre pour les trois habitats, une fois par mois pour les deux habitats pension et maison en partage. Pour la maison en partage, deux à trois activités sont programmées mensuellement, et pour la pension de nombreuses activités se succèdent. La grande difficulté consiste à articuler l’ensemble : ça n’a jamais été fait." En phase test parfaitement cadrée, la Pinède risque d'être observée avec bienveillance et attention par diverses associations sur le court et long terme. L'équipe comptera en renfort des bénévoles d’Habitat et Humanisme. Le Secours catholique, l’Armée du salut et l’antenne locale de l’Union nationale des amis et famille des malades psychiques apporteront aussi leur concours.

Florence Genestier

* Pension de famille :  ex-maison relais en direction de personnes en rupture, marginalisées et en voie de stabilisation, confrontées à des troubles psychologiques ou d'addiction.

Florence Genestier

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