Publié il y a 5 ans - Mise à jour le 31.05.2018 - abdel-samari - 3 min  - vu 622 fois

LE 7H50 de Pascal Lacosta : "nous n'avons pas retrouvé les niveaux d'avant la crise de 2008"

Président de la Fédération française du bâtiment, pour Objectif Gard Pascal Lacosta dresse la situation économique du secteur dans le département.
Pascal Lacosta, président de la FFB du Gard (Photo : AS/Objectif Gard)

Objectif Gard : Comment se porte l'économie gardoise du bâtiment ?

Pascal Lacosta : Difficilement. Après un sursaut en fin d'année 2017 jusqu'en février, on constate désormais un fléchissement avec quelques inquiétudes en particulier chez les TPE (Très petites entreprises) et les artisans. Selon nos indicateurs, on observe une demande de devis moins forte. L'emploi salarié est en baisse notamment en raison des départs à la retraite non remplacés et la difficulté à recruter des emplois qualifiés. Savez-vous qu'à l'échelle nationale, nous avons aujourd'hui 400.000 offres d'emplois qualifiés dans le bâtiment non pourvues ? Sans compter les charges qui restent trop excessives. Et la réforme du RGPD (Règlement général sur la protection des données) vient peser sur l'organisation et le temps dans l'entreprise. Cela représente un coût supplémentaire en matière de mise en oeuvre et de temps mobilisé en personnel. J'ajoute que l'arrivée du prélèvement à la source en début d'année 2019 viendra, là aussi, peser sur la mobilisation dans l'entreprise au détriment du développement commercial.

Comment la Fédération française du bâtiment accompagne-t-elle les entreprises ?

Notre objectif est de travailler pour accompagner le développement des emplois qualifiés. Nous faisons un travail de fond pour valoriser ces métiers qui ont un avenir et des évolutions de carrières importants. Nous avons pris contact avec les proviseurs de lycées techniques, les CFA, l'AFPA et d'autres pour réfléchir à une meilleure sélection des formations et trouver des jeunes réellement motivés. Notez que sur cinq apprentis, seuls deux restent dans le métier. C'est une perte financière importante pour les chefs d'entreprise. On forme pendant deux ans certains jeunes et, finalement, ils ne restent pas dans leur entreprise. C'est vrai que la société a changé. Nombre de salariés font deux-trois métiers dans leur vie... Mais nous devons trouver les solutions pour éviter comme actuellement que l'on se retrouve avec 87 offres d'emplois non pourvus à la FFB du Gard. Nous allons lancer un forum "Emploi virtuel" avec Pôle Emploi. L'idée est de recruter des emplois qualifiés au-delà du Gard avec une pré-sélection par téléphone des candidats potentiels de toute la France.

Un mot sur la construction de logements. Les chiffres sont en baisse également ?

En 2008, on comptait 5 900 logements construits dans le Gard. Pour 2017, nous en sommes à 4 700. Soit un différentiel de 1 200 logements. C'est beaucoup trop. On peut heureusement relativiser avec le neuf non-résidentiel qui est en forte augmentation. Malgré cela, nous n'avons pas retrouvé les niveaux d'avant la crise de 2008.

Comment faire pour retrouver des couleurs ?

Changer de modèle économique pour les maisons individuelles qui fait trop de place à la sous-traitance et pour lesquels les retours économiques dans le Gard sont faibles. Faire en sorte également que les banques soient moins frileuses pour accompagner les primo-accédants. En dehors du logement, les marchés publics doivent retrouver un investissement plus fort. Prenez le Département du Gard : sur un milliard de budget, plus de la moitié est consacré au social. Je ne dis pas que ce n'est pas nécessaire mais cela impacte l'investissement et les projets économiques qui donneraient plus d'activité aux entreprises locales. Enfin, nous sommes en cours de développement d'un label, qui, au sein de la FFB, permettra de sélectionner des entreprises respectant des critères qualitatifs et d'emplois locaux. Cela fonctionne déjà en Haute-Garonne, il n'y a pas de raison pour que le Gard ne soit pas moteur. Le principe est simple : un euro facturé permet de réinjecter 80 centimes dans l'économie locale. Il faut donc tout faire pour lutter contre le travail détaché et les entreprises éphémères. Et faire confiance aux entreprises responsables.

Propos recueillis par Abdel Samari

Abdel Samari

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