Publié il y a 5 ans - Mise à jour le 26.06.2018 - boris-de-la-cruz - 2 min  - vu 4521 fois

GARD Esclavagisme dans une ferme : le patron lourdement condamné

Photo d'illustration

Un forestier a été lourdement condamné pour "abus de faiblesse", il y a une dizaine de jours, par la cour d'appel de Nîmes. Il est sanctionné pour avoir exploité, pendant trente ans, un ouvrier jamais déclaré et dont il détournait les petites pensions.

La patron, aujourd'hui âgé de 79 ans, a été sanctionné à verser 185 000 euros de dommages et intérêts à son ancien esclave. Il écope en outre de 18 mois de prison avec sursis. Le tribunal correctionnel d'Alès avait prononcé la même sanction en mars 2016. Pendant 30 ans, il n'a jamais déclaré et payé son valet de ferme et il lui détournait ses minima sociaux. Déjà condamné à Alès, l'exploitant agricole avait précisé en mars 2016 qu'il ne ferait pas appel... Il a finalement saisi la cour, mais il ne s'est pas présenté à l'audience !

C'est une affaire d'un autre temps qui a éclaté fin 2013 à Saint-Florent-sur-Auzonnet, un petit village à 25 kms au nord d'Alès. C'est dans cette ancienne vallée minière, entre la petite rivière de l'Auzonnet et l'ancienne voie ferrée, qu'un drame s'est joué pendant des décennies... Un homme, issu de l'assistance publique et sans famille, va se plier aux désirs de son maître, un exploitant forestier sans vergogne.

Si la situation de cette victime a été étalée au grand jour, c'est que l'ouvrier a été hospitalisé fin 2013 pour un œdème pulmonaire. Hôpital, maison de retraite pendant des mois, avec en prime la découverte et la dénonciation de l'indicible. L'enquête de la gendarmerie va rapidement prouver la vie d'esclave de cet homme dominé par le forestier. Cette petite main travaillait tout le temps sans un seul jour de repos à nourrir les bêtes, couper du bois, travailler les terres.

En contrepartie il n'avait rien, sinon "le gîte et le couvert" pour reprendre les propos du forestier en première instance. Il dormait sur l'exploitation, d'abord dans une estafette rouillée, puis dans une cabane de 4 mètres sur 3, sans aucun confort. Pire ! Les conditions d'hygiène et de salubrité étaient égales à zéro. Pas d'eau, pas d'électricité, aucun lavabo et pas de w-c. L'hiver il n'y avait pas de chauffage. Dans la cabane, un vieux matelas posé sur le sol et des couvertures. "Il vivait dans des conditions sordides, un hébergement précaire, dans une cabane en planches. Il s'agit de conditions inhumaines et d'un cas évident d'esclavagisme moderne", a souligné devant la cour d'appel de Nîmes, maître Lionel Marzials.

Le valet de ferme de 72 ans, est arrivé un soir de 2013, exténué et le ventre vide aux urgences de l'hôpital. Cet homme qui n'a jamais dénoncé ses patrons, est aujourd'hui placé dans une maison de retraite où il a trouvé un peu de chaleur après des décennies de sueur.

Boris De la Cruz

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