POLITIQUE Le Rassemblement national bientôt "en cessation de paiement", selon Julien Sanchez
Le Rassemblement national (ex-Front national) est en mauvaise posture financière depuis que les juges d'instruction financiers à Paris ont retenu, dans l'affaire des assistants présumés fictifs d'euro-députés FN, 2 millions d'euros de subventions publiques qui devaient être versées ce lundi 9 juillet. Le maire de Beaucaire, Julien Sanchez, décrypte la situation de son parti.
La loi prévoit un financement public accordé aux différents partis en fonction de deux critères cumulatifs : les résultats aux élections législatives, pour ceux qui ont présenté des candidats ayant obtenu au moins 1% des voix dans au moins 50 circonscriptions, et le nombre de parlementaires. Pour l'ex- Front national, la manne financière est cruciale puisqu'au regard de ses bons scores en 2017, il pouvait prétendre à la somme de 4, 5 millions d'euros chaque année sur cinq ans soit 22, 5 millions d'euros.
Un montant dont il n'a pas vu encore la couleur puisque les recours auprès du Conseil constitutionnel suite aux Législatives 2017 n'ont pas été purgé, l'État ne procédant au paiement qu'une fois toutes les procédures achevées.
"Il y a beaucoup de retard cette année par rapport aux précédentes élections mais l'État avait décidé de débloquer un premier montant correspondant à peu près à la moitié soit 2 millions d'euros pour le Rassemblement national", explique Julien Sanchez, maire de Beaucaire et porte-parole national du parti. C'était sans compter sur les juges d'instruction financiers parisiens qui ont retenu, dans le cadre de l'affaire des assistants présumés fictifs, ces fameux 2 millions d'euros de subventions publiques.
Le Rassemblement national crie au scandale depuis quelques jours. Dans une lettre ouverte, Marine Le Pen, à la tête du mouvement, parle même d'une volonté "de nous assassiner financièrement, en nous privant des moyens de faire fonctionner notre mouvement". Même son de cloche chez Julien Sanchez : "les juges d'instruction sont là pour instruire le dossier pas pour sanctionner sans jugement ni aucune condamnation".
Un appel aux dons
Attendu comme une ressource inespérée, cette subvention met a mal l'ex-Front national qui doit faire face à ses échéances et se retrouve déjà depuis plus de six mois avec une trésorerie bancale. "Nous n'avons aucun prêt car aucune banque européenne ne souhaite nous aider. Nous n'avons aucun moyen de paiement avec un compte bloqué depuis quatre mois et aujourd'hui des juges d'instruction nous confisquent notre dotation annuelle. Avec 350 000 euros de salaires chaque mois, comment s'en sortir ?"
Toutes les cartes ne sont pas jouées. Le Rassemblement national veut mobiliser l'opinion même si ce n'est pas simple au cœur de l'été. Les dirigeants ont fait appel de la décision (mais le blocage des fonds n'est pas suspensif) et appelle à l'aide la ministre de la justice, Nicole Belloubet, pour qu'elle puisse intervenir auprès de la chambre d'instruction dès ce mois de juillet.
"Après, ce sera trop tard. À la fin du mois d'août, nous serons en cessation de paiement. Vous vous rendez-compte ? Le premier parti d'opposition de France, face au Président lors du second tour de la Présidentielle va mourir. Qui va parler aux français des sujets qui les préoccupent sans nous ? Que vont faire les électeurs ? Il faut bien comprendre qu'il ne s'agit pas d'une mauvaise gestion financière de notre part mais d'un coup de force antidémocratique", conclut inquiet le maire de Beaucaire.
En attendant, comme Les Républicains en leur temps, l'ex-Front national appelle ses sympathisants à faire un don ICI.
Abdel SAMARI
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