Publié il y a 5 ans - Mise à jour le 10.07.2018 - abdel-samari - 5 min  - vu 682 fois

INTERVIEW Denis Bouad : "Je n'ai pas attendu le diktat du Premier ministre..."

Gestion financière, pacte avec l'État et Municipales 2020 : Denis Bouad poursuit sur la lancée et n'hésite pas à tacler le gouvernement. Deuxième partie de l'interview. 
Denis Bouad (Photo Anthony Maurin / Objectif Gard) - Anthony MAURIN

Objectif Gard : Est-ce que votre majorité au Département n’est pas aujourd’hui votre principal problème ? Comment faire en sorte d'impulser un consensus quand les élus qui la composent ont autant de points de divergence ?

Denis Bouad : Vous voyez des points de divergence vous ? Tous les rapports sont votés à l'unanimité sans problème. Après, il y a des expressions libres à la fin des débats où c'est la politique nationale qui est remise en cause, pas celle du Département. Vous n'êtes pas sans remarquer que je suis moi-même très critique vis à vis de la politique nationale. Ce que veulent les Gardois, c’est plus de classes, plus de travaux et d’embellissement, moins de chômage, des aides pour les personnes âgées… Ça, c’est mon job. Pas la politique nationale. Je suis très critique, y compris avec mes amis socialistes qui ne m’ont pas fait de cadeau ! J'aurais l'occasion d'y revenir le 11 juillet.

Comment se porte le Département d'un point de vue financier ? La droite n’hésite pas à dire que derrière vos effets d’annonce, le personnel ne baisse pas. Pour preuve, le budget de fonctionnement qui ne diminue pas...

Si on prend le budget de personnel, les crédits affectés n'augmentent pas. Et pourtant les évolutions de carrière augmentent, le point d'indice des fonctionnaires décidé par l'État a été valorisé. Cela confirme bien que nous sommes dans la maîtrise. C'est mathématique. Nous allons augmenter les crédits de personnel de 500 000 euros pour leur permettre d'avoir une meilleure couverture santé qu'aujourd'hui. Idem pour l'assurance prévoyance du personnel. Sur les coûts de fonctionnement, ils ont tous baissé.

Allez-vous signer le pacte financier de l’État qui exige de ne pas dépasser une hausse de 1,2% des dépenses de fonctionnement et un endettement limité à une capacité de remboursement de 11 ans en échange du maintien des dotations ?

Le gouvernement demande de ne pas augmenter nos charges de fonctionnement de 1,2% par an. On fait moins de 1% malgré toutes les contraintes d'augmentation que nous subissons. Notre capacité de remboursement est à 5 ans et 3 mois. Nous sommes largement en dessous des 11 ans. Nous avons désendetté pour la première fois ce département cette année de 36 millions d'euros. Ce n'est pas négligeable. Je n'ai pas attendu M. Macron ou le diktat du Premier ministre pour maîtriser les charges de fonctionnement. Maintenant la question se pose. Si l'on veut apporter la solidarité pour celles et ceux qui sont les plus démunis, pour celles et ceux qui ont subi un accident de la vie, pour celles et ceux qui vieillissent comment fait-on ? Et bien, nous le faisons et on va continuer de le faire. Je l'ai fait partager à la majorité et à l'opposition. J'ai la volonté de conduire encore et toujours une politique culturelle qui permette l'accès à la culture au plus grand nombre. Permettre à des gamins de faire du sport dans de nombreuses disciplines. Permettre aux collectivités territoriales de continuer à construire pour soutenir une économie locale qui a perdu beaucoup d’emplois ces dernières années.

Signerez-vous ce pacte financier même avec d'éventuelles réserves ?

Je ne signerai pas le pacte financier car l'État doit remplir son rôle de solidarité nationale. Il n'est pas normal qu'un Gardois paie plus cher sa contribution sociale annuelle qu'un Héraultais. Ce gouvernement doit prendre en compte le travail de proximité d'un département comme le nôtre, le plus précarisé de France. Si j'arrête mon action sociale quand l'État me demande de faire un effort et dans le même temps me fait payer des charges de fonctionnement qui lui incombe et des investissements où je n'ai rien à y faire, il y a quelque chose qui ne fonctionne pas dans le bon sens. Il faut que le gouvernement revoit sa copie. Le gouvernement s'est fâché avec 77% des départements français. Ce n'est pas pour rien. Moi, je crois à la reprise économique. Il n'y a que cela qui sauvera notre pays. Mais pour une reprise économique, il faut de l'investissement.

Il y a plusieurs mois, vous annonciez lors des Assises du tourisme, le développement d’une marque touristique commune pour le Gard. Depuis, pas de nouvelles...

Nous y sommes. Les conclusions seront rendues fin 2018. On est en train de travailler sur les meilleures stratégies de développement touristique. Le marché est simple : il faut absolument que toutes les structures de promotion touristique se rassemblent autour d'une même cause, le Gard. Si l'on part tous séparément, on ne fera pas de miracle. Tous ensemble, on peut avoir une force de frappe incroyable. Il faut créer la dynamique avec tous les acteurs car on manque d'identité patrimoniale et touristique. Il nous faut une image commune du Gard.

Quel est l'objectif ?

Investir dans la communication pour valoriser notre territoire à l'extérieur du Gard. C'est pour cette raison que nous nous sommes déplacés au Salon de l'agriculture à Paris avec un plan de communication nationale. Je suis convaincu que nous avons fait un bon coup et qu'il faut recommencer. Le rayonnement de ce département passe par l'industrie, l’agriculture et le tourisme ; créateurs d'emplois. Tout ce qui peut favoriser le développement économique du territoire, je dis tant mieux ! Allons-y ! Les temps sont compliqués, travaillons donc ensemble.

Les municipales en ligne de mire ?

Photo Anthony Maurin / ObjectifGard • Anthony MAURIN

Concernant les Municipales, allez-vous sauter ou pas dans le marigot aux crocodiles… ? (en référence à notre dessin à retrouver ICI)

Je l'ai dit et le répète, mon ambition c'est le Gard. Il y a trois ans que je me bats pour ce département. On a conduit une politique sur l'ensemble des territoires. Je rencontre quotidiennement l'ensemble des élus quelle que soit leur sensibilité politique. Ce qui est important c'est d'accompagner l'investissement, la dynamique, l'aménagement du territoire. J'y consacre 100% de mon temps. On n'est pas au bout du mandat. Y a plus rien à faire pour le Gard ? On a encore beaucoup de travail avec la politique nationale de M. Macron. Comment fait-on pour s'y adapter ? Comment fait-on  pour développer le tourisme ? Pour relancer la promotion de ce département ? Quand je me lève, je pense Gard.

Pourtant, avec tous ces contrats territoriaux signés dans plusieurs communes de l’Agglo de Nîmes, vous avez un nombre important de maires qui doivent bien vous apprécier ?

On travaille très bien avec Yvan Lachaud aujourd'hui. Il y a un dossier qui va nous passionner les prochains mois avec l'Anru 2 (renouvellement urbain). C'est un projet porté par l'Agglo de Nîmes mais dont Habitat du Gard est un acteur important. Je suis le président d'Habitat du Gard donc je suis concerné au premier chef. Ce dossier vaut que l'on se batte pour réussir. Il y a à mettre en place toute une politique de désenclavement des quartiers où le Département prendra toute sa place. Idem pour toutes les communes autour de l'Agglo. Dans le cadre de l’aménagement du territoire, on accompagne beaucoup. Vous savez, même quand on n'est pas concerné en premier lieu, on est autour de la table pour apporter notre contribution.

Propos recueillis par Abdel Samari (avec Anthony Maurin)

Abdel Samari

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