Publié il y a 5 ans - Mise à jour le 23.07.2018 - anthony-maurin - 5 min  - vu 669 fois

FAIT DU JOUR Le 503ème se porte bien et s'ancre dans le territoire

Le lieutenant-colonel (TA) Laurent Grebil nous parle de son régiment et de sa vie quotidienne à la tête d'un bon millier d'hommes.
Croix camarguaise, étendard, portrait du général De Gaulle... Le lieutenant-colonel Laurent Grebil est bien à Garons (Photo Anthony Maurin).

L'entrée du quartier d'El Parras, site où est implanté le 503ème RT depuis 2011 (Photo Anthony Maurin).

Arrivé à la tête du 503e régiment du train de Garons depuis juillet 2017, le lieutenant-colonel (TA) Laurent Grebil revient sur les derniers mois de plénitude de son commandement. Interview.

" Les cigales chantent ! Je reviens de Paris et là-bas, on ne les entend pas ", attaque fort le lieutenant-colonel Laurent Grebil qui ne devrait plus l'être très longtemps en attendant de devenir le colonel Laurent Grebil.

Vous êtes à la tête du 503e régiment du train. Comment s'est déroulée cette première année gardoise?

Il existe depuis une dizaine d'années de réels changements dans le rythme opérationnel avec aujourd'hui deux ou trois gros exercices par an alors que nous en avions moins par le passé. Le rythme est différent. Les gens enchaînent les opérations. L'an dernier, à mon arrivée, j'avais 400 personnels qui étaient projetés. Il faut six mois de préparation, quatre mois sur place et quand on revient, un mois de permission avant de se préparer à nouveau pour l'opération Sentinelle par exemple. Les gens n'ont plus de vacances, ni en été, ni en hiver.

Les personnels sont tendus ? Épuisés ? Démotivés ?

Il n'y a pas eu de souci car nous connaissons les enjeux et quand nous sommes prévenus en amont, on s'y prépare. En tout cas, c'est un rythme qui n'existait pas avant. De février à mai dernier, nous avions 400 autres personnes pour Sentinelle à Marseille, Nice, Paris ou encore Lille. Nous travaillons par cycle de quatre mois. C'est très intense mais encore une fois, la vie régimentaire a bien changé alors il nous faut des moments propices au rassemblement.

Comment garder l'esprit clair et le geste sûr tout en conservant un bon état d'esprit ?

La cohésion de groupe et l'esprit de corps sont des choses primordiales pour le bon état de santé du régiment. C'est ma responsabilité de préserver ou de créer ces moments d'union et de partage. C'est le chef qui doit insuffler cet état d'esprit car un soldat ne doit pas se transformer en simple outil de combat ou de travail... Nous ne sommes pas une entreprise comme les autres, nous nous devons d'avoir des relations fortes entre nous, nous sommes des frères d'arme, c'est pompeux de le dire mais c'est comme ça.

Le collectif avant tout ?

Comme pour l'équipe de France, les individualités seules ne suffisent jamais ! Le ciment, c'est l'état d'esprit et il ne s'acquiert pas au combat mais bien quand nous sommes tous au régiment, dans les phase plus calme, moins tendues. Il faut le faire comprendre aux jeunes. Plus un militaire est bien dans sa tête mieux il peut se concentrer sur son travail. Je dois connaître mes hommes.

L'emblème du 503ème RT (Photo Anthony Maurin).

La vie des familles a dû elle aussi beaucoup évoluer...

Beaucoup de nos métiers ont les mêmes propositions que ceux que l'on trouve dans le civil alors pourquoi les gens viennent-ils dans l'Armée? J'essaie d'organiser une grosse activité par trimestre, si possible avec les familles, et je m'appuie sur le bureau Environnement Humain pour cela. La pression qui pèse sur le personnel, qui est absent entre 200 et 250 jours par an, est très forte. Pour les familles, cela n'est pas facile car c'est récurrent. Plus qu'avant. Ces petits moments de fêtes et de partage permettent de compenser cet état de faits. J'aimerais mettre en place une maison régimentaire comme nous autorisons l'accès à notre piscine aux familles sur des créneaux estivaux prévus à cet égard. C'est symbolique mais c'est ça en plus. Nous devons soulager le quotidien des familles en simplifiant leurs démarches. Cela contribue à la mise en place du plan d'accompagnement des familles et d'amélioration des conditions de vie des militaires.

Le régiment est récent dans le paysage local. Quelles sont vos relations avec les élus du territoire ?

Je souhaite poursuivre l'ancrage du régiment sur son territoire camarguais. Je m'inscris dans la politique de mes prédécesseurs. On joue la carte du sud et j'ai ajouté Arles ! En tout, huit communes sont reliées à nous et nous procurent un rayonnement certain. Les maires sont contents, nous sommes contents et nos militaires y sont au quotidien pour consommer, vivre ou acheter une maison. Dans les prochains mois le régiment devrait accueillir l'ensemble des maires de l'agglo de Nîmes pour une session de travail dans un cadre différent.

Vous n'avez pas de problème de recrutement ?

Notre garnison est très attractive et j'ai moi aussi découvert les délices de la région. C'est le revers de la médaille... Les gens qui doivent être mutés ont du mal à partir une fois qu'ils sont installés dans le coin. Appartenir à ce régiment est une vraie fierté. En tout cas je veux qu'on soit fier d'être au 503e. Je sens une cohésion. On ne doit pas rougir de ce que nous faisons au quotidien. Nous apportons nous aussi notre pierre à l'édifice. On ne fait que passer. Nous écrivons la petite histoire. La grande, c'est le régiment qui l'écrit. D'ailleurs, il fête ses 75 ans cette année et ce qui le symbolise, c'est son étendard. Dans mon bureau, quand les gens entrent, ils saluent le drapeau puis moi. L'étendard représente tout. Même les jeunes et les réservistes le savent.

Et vous, comment vous portez-vous ? Quels sont vos loisirs et passions ?

J'aime beaucoup l'histoire et la romanité donc à Nîmes je suis servi. C'est la Rome française et le Pont du Gard n'est pas loin. J'attends que ma fille soit là en août et comme elle est latiniste, nous irons visiter le musée de la romanité que je ne connais pas encore. Nous irons aussi à Arles. Sinon, j'aime la Camargue bien sûr avec Aigues-Mortes, mais aussi les Cévennes du côté d'Anduze. En fait, j'aime la variété des paysages du Gard, culturellement, le département est très riche et la gastronomie et les marchés y sont exceptionnels. Ma compagne me tanne pour que nous nous installions et comme je devrais rester trois ans au lieu de deux... Peut-être !

Et dans vos fonctions, tout se passe bien ?

Je compte les jours... C'est la plénitude du commandement d'être là. Quelle chance de faire ce métier et d'être à ce poste. On a l'habitude de dire qu'on travaille pour ses successeurs mais je verrai peut-être les fruits de mon travail. Être chef de corps est une chose usante. J'ai deux devises : " faire et faire savoir " et " la rigueur dans la bonne humeur ". Notre métier, c'est la confiance.

Alors, cette escapade parisienne pour le défilé du 14 juillet ?

Cela fait presque un an que nous sommes au courant. Nous devions organiser une unité de circonstance, ad hoc. Nous avions 600 personnels sur place afin d'organiser et d'assurer les escortes des convois logistiques avec nos 250 véhicules dont 80 motos de l'ensemble du défilé. Tous les régiments du train étaient représentés avec 1/3 de réservistes dans le lot. Il nous fallait appuyer les mouvements des troupes défilantes avant, pendant et après le défilé des Champs-Élysées.

Du travail que personne ne voit...

Nous devions permettre aux unités d'être au bon endroit au bon moment pour faire le meilleur défilé possible. Tout était millimétré, c'est incontournable avec autant de personnel sinon c'est la pagaille ! Nous sommes arrivés à Paris 15 jours avant, nous répétions tous les matins sur les Champs à 5h, mais c'est un travail de l'ombre. Nous y sommes habitués, seul l'intérêt collectif prime mais je suis passé sur Télématin (France 2) pour en parler. J'avais déjà défilé à Paris deux ou trois fois et mon premier était celui du 12 juillet 1998 après la finale de la coupe du monde. J'étais alors un jeune lieutenant qui sortait de l'école. Cette année, 20 ans après, c'était un clin d’œil. De notre côté, la mission a été réussie et j'en suis fier car notre travail a été estimé à sa juste valeur par mes chefs.

Anthony Maurin

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