GRAU-DU-ROI Incendie d'un restaurant de plage : deux condamnés et l'ombre du banditisme
Une affaire "d'incendie criminel et de tentative d'extorsion de fond" a été évoquée pendant près de trois heures, ce jeudi, devant le tribunal correctionnel de Nîmes.
Le donneur d'ordre, François Giammalva, un habitant du Grau-du-Roi fiché au grand banditisme, est âgé de 54 ans. Il a été condamné à 6 ans de prison ferme et un maintien en détention. " Je reconnais avoir rencontré le patron du restaurant de plage, mais je ne reconnais pas la tentative d'extorsion et l'incendie de cette paillote", affirme le prévenu, déjà sanctionné récemment à 5 ans de prison pour un trafic de stupéfiants. " Vous êtes membre du grand banditisme et vous êtes un narco-trafiquant", estime le vice procureur, Alexandre Rossi, qui réclame et obtient 6 ans de prison.
Un mis en cause qui fréquente les beaux voyous régionaux. Il est soupçonné d'avoir demandé à un autre homme, Jean-Luc Guerrero, d'avoir mis le feu dans la nuit du 5 septembre 2016 à ce restaurant ouvert toute l'année sur la plage du boucanet. Un établissement qui restera en cendres et pour lequel les propriétaires ont touché près de 1 million d'euros des assurances.
A l'audience, donc, Jean-Luc Guerrero qui a des problèmes de vision, paraît également sourd et ses propos sont évasifs. Il a changé six fois de version ! Cet homme de 67 ans, ancien proxénète sur la Côte d'Azur, semble pétrifié, non pas par la justice, mais par les noms du milieu évoqués tout au long du procès. Des noms connus de la justice, qui resteront des ombres bien présentes dans le dossier. "Moi j'ai juste jeté une pierre pour déclencher le système d'alarme."
"C'est curieux vous jetez une pierre, et il se déclare un incendie, tranche le président du tribunal correctionnel, Jean-Pierre Bandiera. On se croirait revenu à l'âge de pierre et au frottement qui provoque l'étincelle", complète le magistrat dubitatif face aux explications des prévenus.
D'ailleurs le sexagénaire azuréen est vite reparti, la nuit même de l'incendie, près d'Antibes où il vit. L'enquête a prouvé qu'il y avait deux hommes mais il refuse de le confirmer. Il revient même sur ce qu'il a dit lors d'auditions et ne se souvient pas de celui qui l'accompagnait le soir des faits, même s'il charge du bout des lèvres son complice du box en affirmant que c'est lui qui lui avait demandé de jeter la fameuse pierre.
Difficile dans ce monde du silence et du changement intégral de version de savoir pourquoi la paillote a été sinistrée. L'ancien propriétaire des lieux, affirme à la barre : " le 27 juin 2016, François Giammalva m'a menacé si je ne procédais pas au versement de 60 000 euros avant le 8 juillet. Il me reprochait de m'être opposé à une relation entre lui et une de mes serveuses. Une relation que j'ignorais totalement", affirme l'ancien propriétaire de la guinguette.
Une guinguette détruite qui arrangerait des riverains qui ont maintenant une vue directe sur la plage, selon l'instruction du dossier à la barre du tribunal. Et également des concurrents qui se sont débarrassés d'un gros poisson économique. Impossible en tout cas après une longue enquête des gendarmes et des débats judiciaires de savoir pour quelle raison cet établissement a pris feu et qui en est le véritable commanditaire.
Boris De la Cruz
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