Publié il y a 5 ans - Mise à jour le 02.08.2018 - boris-de-la-cruz - 3 min  - vu 10500 fois

GARD et CRIMES Marjorie : le calvaire de la jeune femme "qui ne voulait pas mourir"

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Marjorie a 20 ans, un avenir radieux devant elle, un métier d'aide-soignante qu'elle adore.

Ce dimanche 13 avril, elle est joyeuse car elle part retrouver une nouvelle connaissance rencontrée sur les réseaux sociaux, qui commencent à se développer en cette année 2004. Une rencontre jusqu'alors virtuelle avec un beau garçon, brun et ténébreux. Éric lui donne rendez-vous chez lui à Saint-Ambroix. Pour Marjorie il ne faut que 40 minutes en voiture pour rejoindre sa destination, en partant de sa petite commune ardéchoise de Villeneuve-de-Berg.

Mais ce dimanche soir de Pâques 2004, la jeune fille ne sait pas lorsqu'elle conduit qu'elle a rendez-vous avec la mort. Éric est bien là, mais il ne s'agira pas d'une rencontre amoureuse, mais bien d'un guet-apens qui n'a qu'une seul but : détrousser la jeune femme et son maigre compte bancaire.

Sitôt arrivés dans une ruelle sombre de Saint-Ambroix, ses bourreaux sont là à attendre leur frêle proie. Marjorie frappe à la porte et ne recevra en réponse que des coups sitôt avoir pénétré dans l'appartement. Des coups de poings, de pieds, de poêle à frire, de casserole... La petite victime n'entendra qu'une seule phrase de ses bourreaux qui s'acharnent sur elle. Ils ne sont intéressés que par sa carte bleue et surtout par le code confidentiel que cette jeune femme, le corps déformé par les coups finira par livrer.

Dans cet appartement sordide, il y a Éric Martinez, 26 ans à l'époque, son jeune frère Patrick, et un ami, Samuel. Les trois s'acharnent, se relaient pour faire durer le supplice. Lors de l'enquête et pendant les procès d'assises, des phrases, des propos des accusés vont indigner l'assistance. Car Marjorie, après avoir été frappée était toujours vivante, au grand désespoir des trois complices. Elle râlait, elle " ne voulait pas mourir " dira un mis en cause qui parle de la jeune femme comme d'un simple objet que l'on trimbale sans affection. Et comme elle ne voulait pas mourir, ils vont se déchaîner. Ils prennent la corniche d'une armoire et font le balancier sur elle. Puis ils la cognent encore et encore avec la corniche.

Mais l'autopsie le précisera plus tard : elle n'était probablement pas morte lorsque les 3 bourreaux ont quitté le petit appartement de Saint-Ambroix. Le trio maléfique prend la direction d'Uchaud près de Nîmes où le corps de la malheureuse sera enfermée dans un congélateur pendant plusieurs jours en attendant de savoir comment s'en débarrasser discrètement. Pendant plusieurs jours, les trois hommes aidés d'un jeune couple qui écopera plus tard de 12 ans de prison pour recel de cadavre et vol, mènent la grande vie et dépensent l'argent péniblement gagné par la victime en achetant des vêtements, des CD, des parfums...

Les gendarmes de la section de recherches de Nîmes, alertés dès le lundi de Pâques ont rapidement compris que l'affaire était criminelle. Car si Marjorie et sa voiture sont introuvables, la carte bancaire crépite dans plusieurs régions de France et des dépenses anormales sont constatées. Les agresseurs sont identifiés et placés sur écoute.

Les enquêteurs sont effarés en attendant un homme dire "elle est au frais". En réalité, Marjorie, a été jeté quelques jours plus tard dans le canal d'Aigues-Mortes, son cadavre lestée de parpaing. Une jeune femme, frappée jusqu'à la mort, qui hantera le palais de justice de Nîmes lors du procès d'assises de juin 2006. Les frères Martinez qui n'expriment aucun regret écoperont de la perpétuité assortie de 20 ans de peine de sûreté. Samuel sera condamné à 30 ans de réclusion.

Boris De la Cruz

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