FAIT DU JOUR Les yeux dans les Verts
Vivre durant trois jours avec un groupe de sportifs de haut niveau permet de se rendre compte du sacrifice ordonné par une passion. Tout est réglé, imposé, calculé par le staff pour faire ressortir de ces hommes le meilleur de leurs capacités physiques.
Une vie en vase clos dont découlent des règles indémodables qui illustrent l'appartenance à un groupe, celui de l'Usam. Quiconque veut l'intégrer, doit respecter ces principes. Pour qu'une règle ne soit pas transgressée, il faut évidemment des sanctions. Ainsi, une grille des amendes a été établie en fonction du "délit" commis. Cela démarre très bas. Un euro pour tout ce qui est emprunt : gel douche, chaussettes...
Même tarif pour les retardataires, un euro décompté pour chaque minute écoulée. Place ensuite, au chapitre consacré aux interviews avec les journalistes. La photo seule demandera deux euros au joueur concerné et cinq pour un entretien personnel. Ainsi, le portrait de Steven George illustré de trois photos a coûté 22 euros au jeune joueur. "Oui, car jour de match c'est doublé ! ", rappelle le malicieux capitaine, Julien Rebichon, trésorier de cette caisse noire.
La notoriété du média est même prise en compte. Un reportage sur BeIN Sports c'est 10 euros. Rémi Desbonnet en sait quelque chose. Auteur d'une saison passée incroyable au poste de gardien, il a forcément été sur le devant de la scène. "Rien que le derby face à Montpellier, m'a coûté 70 euros", souligne le joueur de 26 ans, qui plus est, originaire de la préfecture héraultaise. Les mauvais comportements sur le terrain ont aussi un prix, qui peut être élevé. "20 euros quand tu prends deux minutes pour avoir râlé", détaille le gardien de la caisse noire. Le maximum pour une contravention est de 100 euros. C'est le tarif pour avoir reçu un carton rouge qui pénalise l'équipe. "Si tu es exclu parce que tu démontes le meilleur joueur de l'équipe adverse, là c'est un avantage", rappelle le capitaine. Une nuance importante !
Toutes ces règles ne sont pas en l'air et les plus anciens veillent à les faire respecter. Les paiements s'effectuent en fin de mois. L'argent récolté, appelé communément la caisse noire, permet aux joueurs de se payer un voyage en fin d'année, sans le staff. L'année dernière, les Usamistes sont partis à Saint-Sébastien dans le Pays Basque, côté espagnol. Parmi les autres codes que l'on peut citer, l'interdiction d'utiliser son téléphone portable pendant le repas. Sinon, là aussi il faut cracher au bassinet.
Le bizutage, le passage obligatoire
Comme dans tout groupe amené à vivre ensemble toute une année, un accueil spécial est réservé aux jeunes nouveaux. Le traditionnel bizutage. Auparavant, à l'Usam, c'était passage à la tondeuse, "j'ai vu arriver des mecs avec les sourcils rasés", se remémore Luc Tobie. Cette solution s'applique désormais en cas de refus de chanter debout sur la table devant tout le monde. Le samedi soir, après la victoire face aux Autrichiens de Westwien, c'est Romain Tesio qui décide de se lancer en chantant le refrain de Tchikita, signé du rappeur marseillais Jul.
Mais la courte performance du joueur formé au club, lui vaut de se reproduire le lendemain lors du gala de clôture du tournoi. Cette fois-ci c'est Joe Dassin qui est mis à l'honneur avec un remix de Champs-Élysées, remplacé par N'Golo Kanté, en hommage au milieu de terrain de l'équipe de France de football, championne du monde. Un autre jeune joueur est présent : Aurélien Padolus. Après des réticences à pousser la chansonnette, il interprète un titre en Créole. Une troisième personne, en l’occurrence le journaliste d'Objectif Gard, découvrait le groupe. Je n'ai donc pas pu y échapper. J'ai choisi un titre local, Bella Ciao de la série La Casa de Papel. Visiblement, mon Italien n'a pas fait fureur et mon succès n'a pas été à l'égal de mes prédécesseurs. Mais en ayant franchi ce pas, la meute usamiste me considère quasiment comme l'un des siens.
Les rituels d'avant-match
Redevenons sérieux et abordons les petits rituels d'avant-match. Nous ne sommes pas allés jusqu'à observer les joueurs faire leur sac avant de partir au gymnase et y mettre leur slip fétiche. Dans le bus, pour se rendre au match, chacun à ses habitudes. Une sorte de repère qu'il est important de ne pas modifier. À l'avant du bus, les deux tables sont investies par les joueurs de cartes. D'un côté, le quatuor Gallego, Grau, Sanad et Paul s'affronte au tarot mexicain, autrement appelé wizzards. Un jeu facile qui permet à l'ailier égyptien et au gardien slovaque de jouer avec leurs coéquipiers sans souci de compréhension.
Juste à côté, c'est plus franchouillard, place à la coinche avec la paire Desbonnet-Dupuy qui fait face à Salou et Suty. Derrière, c'est plus calme avec le casque sur les oreilles. Mais quand on arrive aux couchettes, un DJ de circonstances gère l'enceinte portative et fait profiter du bon son à toute l'assistance. Celui de l'Usam, c'est évidemment Julien Rebichon et gare à celui qui critique les goûts musicaux du capitaine.
Ce dernier a depuis quelques temps instauré une petite accolade avec Frédéric Coulet, dit Coucou, chauffeur historique de l'Usam, juste avant le coup d'envoi : "c'est un geste naturel devenu un rituel", explique l'ailier. Son compère, se prépare à chaque fois, "je me mets au bord du terrain et j'attends. On a même réussi à le faire pour la finale de la coupe de France face au PSG". L'histoire retiendra qu'avant la finale de l'Ego Cup perdue face à Gummersbach, Coucou n'était pas présent au bord du terrain. Est-ce un signe du destin ?
Parmi les autres principes instaurés, c'est toujours le plus jeune qui doit porter le sac de ballons. Heureusement pour eux, Romain et Aurélien, nés le même jour et la même année, ont pu se partager la tâche. Dernier point et non des moindres : le cri de guerre. Moment ultime de motivation avant d'entrer dans le vif du sujet. La formule ne sera pas dévoilée par une volonté de garder le secret pour les générations à venir. "Certains jeunes du club nous demandent ce que les joueurs disent. On leur dit : "tu verras quand tu seras avec les pros", explique, Yann Balmossière, entraîneur-adjoint. Ce dernier, capitaine à l'Usam en 1997, utilisait déjà ce cri de guerre, "c'est venu d'une connerie à un péage sur l'autoroute." Nous n'en saurons pas plus. Et c'est bien normal car après tout ça ne regarde qu'eux !
Corentin Corger
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