Publié il y a 5 ans - Mise à jour le 27.08.2018 - anthony-maurin - 3 min  - vu 269 fois

GARD Les soieries des églises ont leur ouvrage

La collection « Images du patrimoine » offre au public un bilan illustré des opérations de l’inventaire général. Dernier livre recueil en date, les Soieries des églises du Gard.
La vue de l'église Saint-Quentin depuis la tour de l'horloge (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

(Photo Anthony Maurin).

Les églises recèlent des trésors. Par le passé, ils ont fait leur grandeur, aujourd'hui, ils font leur patrimoine.

Si nous admirons l’architecture des édifices religieux, les statues, les vitraux et les peintures qui ornent leurs parois, sait-on regarder avec la même attention les tissus d’églises ? Bonne question car ces œuvres textiles sont bien souvent cachées des yeux du grand public. Rappelons dans le même temps que les sacristies sont le plus grand conservatoire de soieries en France...

Josiane Pagnon (textes), chercheur à l’Inventaire général, Marc Kérignard (photographies) et Véronique Marill (cartes) se sont liés autour d'un travail de recensement nécessaire. Josiane Pagnon est passionnée depuis bientôt 25 ans par la recherche sur les ornements liturgiques. En transmettant les résultats au public via des expositions, conférences et publications, dans la Manche puis dans la région Occitanie, elle poursuit son oeuvre dans le Gard.

Depuis 2010, les soieries des églises du Gard font l’objet d’une attention toute particulière de la part de l’Inventaire général du patrimoine culturel – compétence obligatoire des conseils régionaux – dont l’objectif est de recenser, étudier et faire connaître le patrimoine français.

" On trouve dans le Gard des soieries qui proviennent de Lyon mais, jusqu’au début du XIXe siècle, l’industrie nîmoise est elle-même productrice d’étoffes de soie. Les terres gardoises méritaient que soient recherchées les traces encore conservées de ces tissus ", affirme l'auteure. Et de reprendre, " en 2012, la ville de Nîmes a fait l’objet d’un premier livre, inaugurant la collection régionale « Focus patrimoine », Nîmes en joie, églises en soie. L’ouvrage relate les liens spécifiques entre un évêque et son siège cathédral, l’importance des constructions nouvelles et des fêtes religieuses dans les achats de textiles. "

Soieries des églises du Gard, l’ouvrage édité en 2018, paraît dans la collection nationale des « Images du patrimoine », prestigieuse publication qui permet d’établir sur vingt pages un bilan complet d’opération avant de montrer en images dans les cent pages suivantes la quintessence des découvertes.

Une introduction précise les données de l’enquête, dessine les grandes lignes d’une histoire religieuse mouvementée, donne les éléments sur l’origine, la confection et le commerce de ces tissus. On trouvera un aspect presque ethnographique dans les notes sur le costume des Suisses et des chantres, les tentures de deuil conçues pour des obsèques à grand spectacle, les bannières arborées par les mouvements catholiques de la jeunesse.

Une première partie analyse les plus beaux tissus anciens, du XVIIe à la fin du XVIIIe siècle, tous précieux. Ces soies dans lesquelles on a taillé des ornements d’église sont les mêmes que celles de la vie luxueuse et de la mode : tissus à fleurs, à méandres, à petits motifs. Dans une deuxième partie, l’auteure étudie l’extrême variété des techniques. Les chasubles, pièces les plus courantes, répondent à des patrons, sont parfois réversibles, présentant deux couleurs liturgiques différentes. Il arrive qu’elles soient teintes, brodées, enrichies de dentelles, d’applications ou de perles. Summum de la sophistication, on peut peindre à l’aiguille ou peindre tout court.

L'immense église de La Grand Combe et son orgue. Photo Élodie Boschet/Objectif Gard

Enfin, la dernière partie englobe un grand XIXe siècle qui s'étire jusqu’en 1940. On trouve de nouveaux dessins textiles dont la variété est décuplée grâce à une maîtrise exceptionnelle de la technique : satins liserés, velours gaufrés, lampas, draps d’or ou d’argent sur lesquels joue le décor des croix dorales.

Le vocabulaire décoratif a changé. Aux fleurs du XVIIIe siècle (toujours aimées) succèdent un bestiaire néogothique, des anges hiératiques, des motifs Art déco. Mais surtout on conserve pour cette période plus proche nombre de pièces diverses : bannières, dais, costumes de statues,ornements de deuil. L’abondance des matériaux permet de distinguer entre étoffes courantes et pièces exceptionnelles, comme celle des ornements de la cathédrale de Nîmes sur lesquels se clôt l’ouvrage.

120 pages, 350 illustrations en couleur. Format 24 x 29,5 cm. Prix de vente public 20 euros.

Anthony Maurin

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