Publié il y a 5 ans - Mise à jour le 28.08.2018 - corentin-corger - 4 min  - vu 701 fois

FAIT DU JOUR Dépasser ses limites pour combattre l'AVC

Bruno Boulard va s'élancer le 16 septembre prochain pour réaliser un périple de 3 100 kilomètres à vélo en soutien à des enfants victimes d'AVC. Un défi fou pour ce Beaucairois de 47 ans qui n'en est pas à son coup d'essai.
Cest le troisième défi de ce genre que va réaliser Bruno Boulard photo Bruno Boulard)

Bruno Boulard, à droite, à côté de son frère. Celui pour qui tout a commencé (Photo : DR)

Le 16 septembre prochain, Bruno Boulard, un Beaucairois de 47 ans, va se lancer dans un périple à vélo de 3 100 kilomètres. Départ de Séville en Espagne, pour rejoindre Flavin (Aveyron) puis Malange (Jura) avant de rallier Beaucaire. Un défi réalisé sans préparation ni assistance, seulement poussé par une envie féroce de soutenir de jeunes enfants victimes d'AVC. 

Un AVC pour accident vasculaire cérébral c'est lorsqu'une partie du cerveau est brusquement privée de sang. En France, chaque année 150 000 personnes en sont victimes, soit un AVC toutes les quatre minutes. Une attaque peut être fatale mais les séquelles les plus fréquentes sont surtout des troubles de l'équilibre et de la mémoire et la paralysie de certains membres. Comme certaines familles, l'entourage de Bruno Boulard n'est pas épargné par cette pathologie. "Mon grand-père est mort d'un AVC et mon frère en a fait un en septembre 2016. Il est resté trois semaines dans le coma avec tout le côté gauche paralysé." 

D'autres problèmes personnels se rajoutent au même moment et, pour Bruno, l'accident de son frère est la goutte qui fait déborder le vase. "J'avais besoin de souffler et pour cela je devais faire un truc un peu fou. J'avais un rendez-vous professionnel sur Paris et je me suis dit que j'allais redescendre en courant jusqu'à Beaucaire." Nous sommes en janvier 2017 et l'homme réalise son premier défi. Applicateur de résines pour les revêtements de sols dans les gymnases ou sur les terrains de tennis, l'hiver est une période creuse pour Bruno. C'est donc à ce moment-là qu'il se lance dans 670 kilomètres de course avec pour tout bagage un sac à dos. "Je suis parti sur un coup de tête donc je n'avais pas repéré le parcours et tous les soirs je devais trouver un endroit où dormir. J'avais prévu de mettre treize jours, il m'en a fallu quatorze !" 

Bruno franchit l'arrivée avec son frère lors d'une étape de l'Étoile de Bessèges (DR)

En ayant couru près de 60 kilomètres par jour, Bruno a réussi son défi. "Quand on veut, on peut. Pendant le voyage, j'ai eu une entorse à la cheville et je me suis perdu dans le Massif-Central. Malgré la douleur physique, grâce au mental, je n'ai pas lâché." Avec la page Facebook "Courir avec moi", il comptait sur la solidarité pour récolter des fonds mais son enthousiasme personnel et son engagement ont été peu suivis. L'état de son frère s'améliore, "inconsciemment ça l'a motivé", assure Bruno. Alors qu'il est encore atteint de troubles physiques, il lui achète un vélo en juillet 2017. "Pour le motiver encore plus, je lui ai dit qu'on ferait ensemble les dix derniers kilomètres de la course cycliste l'Étoile de Bessèges."

Bruno se challenge lui aussi avec un nouveau défi. Il veut parcourir 3 000 kilomètres à vélo. En partant de Beaucaire, par rapport à la distance, il choisit Séville, au sud de l'Espagne, située à 1 500 kilomètres de la cité gardoise. Le 17 janvier dernier, il s'élance, toujours sans préparation. "Vivre après un AVC c'est un saut dans l'inconnu. C'est pareil pour moi donc je ne fais pas de repérages avant de partir." À raison de 150 kilomètres journaliers, l'homme au mental d'acier prévoit de réaliser son pari en vingt jours. Sauf que le 1er février, Bruno devait être avec son frère pour franchir ensemble la ligne d'arrivée. Il a donc modifié ses plans en route et avalé malgré tout 2 500 kilomètres en déviant sur la côte espagnole pour rejoindre Séville. "Je voulais me rapprocher au maximum du défi. Je ne devais rien à personne." 

Pédaler pour Léo (6 ans) et Kerwan (5 ans)

Léo, Kerwan et le Mont Ventoux. Voilà les trois images qui vont occuper l'esprit de Bruno pendant 21 jours (DR)

Même s'il aura son frère en tête, lors de ce troisième challenge c'est pour Kerwan et Léo que Bruno va pédaler. Deux jeunes enfants âgés respectivement de 5 et 6 ans qui ont subi plusieurs AVC. Mais pourquoi partir de Séville ? "Je n'ai pas pu mettre mon vélo dans le train en repartant donc j'ai dû le laisser là-bas chez une jeune fille originaire de Beaucaire qui vit à Séville." Une raison logistique mais également sportive : "pour moi je n'ai pas réussi le défi précédent, je suis un compétiteur."

Un goût d'inachevé qui restera sans lendemain sur ce périple car cette fois une trentaine de partenaires ont décidé de le suivre. Pour un montant minimum de 2 500 euros, la cagnotte a été confiée à une agence de voyage qui s'occupe de faire gagner un séjour. Pour tenter sa chance, tout le monde peut soutenir la cause de Bruno en achetant un ticket au tarif de 10 euros. La vente va bientôt démarrer. L'intégralité des bénéfices sera reversé aux deux associations qui œuvrent en faveur de Kerwan et Léo.

Flavin dans l'Aveyron et Malange dans le Jura, étant respectivement les lieux de vie des deux enfants, Bruno a incorporé ces deux étapes à son Tour de France personnel. D'ailleurs comme lors de la Grande Boucle, il a prévu 21 étapes pour effectuer les 3 100 kilomètres. Et comme les champions cyclistes, il va se frotter à la montagne : les Pyrénées, le Massif Central, le Jura, le Vercors et le Mont Ventoux. "Ce n'est pas le côté le plus dur mais j'ai envie de le faire", explique notre sportif.

D'autres défis en tête

En revanche, il n'a pas prévu de jour de repos et va donc enchaîner 150 kilomètres par jour sur sa selle du 16 septembre au 6 octobre. Cette fois-ci il s'est mieux organisé pour le bivouac. Les familles de Kerwan et Léo vont l'accueillir et grâce à Facebook d'autres foyers se sont proposés pour les autres étapes. "Au pire si je dois dormir dehors, ce n'est pas grave. Je suis en bonne santé." 

Rien ne semble altérer la motivation et la détermination de cet homme : "quitte à me bousiller la santé, plutôt qu'au boulot autant le faire pour ce qui me plaît". D'autant plus que Bruno ne fait pas d'entraînement spécifique pour se préparer : "avec le boulot physique que j'ai, je marche au moins 20 bornes par jour." À quelques jours de partir pour l'altruiste voyage, Bruno a déjà dans la tête ses prochains défis. De plus en plus fous ! "Partir d'Espagne en vélo pour aller en Scandinavie, genre en Suède, ça me plairait. Ou rallier Pékin à pied et à vélo, ça fait 10 000 kilomètres depuis Beaucaire." Tant que l'AVC continuera de faire des victimes, Bruno Boulard n'arrêtera pas de pédaler. Ce n'est pas sa tête mais son cœur qui est gros.

Corentin Corger

 Pour suivre Bruno Boulard dans son défi, rendez-vous sur sa page Facebook.

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