Publié il y a 5 ans - Mise à jour le 30.08.2018 - corentin-corger - 3 min  - vu 1635 fois

FAIT DU JOUR Deux millénaires plus tard, les ossements sont intacts !

Alors que la cinquième campagne de fouilles sur les remparts romains de la colline de Montaury s'achève ce vendredi, les acteurs ont réalisé un bilan de leurs trouvailles. Et ils sont encore loin d'avoir fini...
Des ossements dadulte retrouvés juste en bas des remparts photo Corentin Corger)

Ces trous représentent les tombes des nourrissons romains (photo Corentin Corger/Objectif Gard)

Ossements d'enfants, d'adultes - même de chiens ! - et mobilier funéraire font partie des récentes découvertes de l'équipe archéologique qui a travaillé tout le mois d'août sur le site des rempart romains sur la colline de Montaury.

Une visite en présence du maire de Nîmes, Jean-Paul Fournier, était organisée, ce mercredi, afin de présenter les nouveaux joyaux intacts de ce patrimoine vieux de deux millénaires. À raison d'un mois par an, celui d'août, cela fait maintenant cinq ans que les remparts romains de la colline de Montaury, situés sur la route de Sauve, sont investis par les archéologues.

Cette année, après s'être concentrées sur la tour l'année dernière, les recherches ont plutôt été ciblées sur la zone située en contre-bas des remparts. Et cette dernière cuvée s'est avérée riche : "on a trouvé une quarantaine de tombes d'enfants, de nourrissons et de morts-nés", explique Richard Pellé, archéologue à l'INRAP (Institut national de recherches archéologiques préventives). Celui qui mène les opérations de fouilles a également découvert des ossements d'adultes et quatre sépultures de chiens.

Dans cette zone funéraire de périnataux, les jeunes corps étaient enterrés de manière très différentes : "certains étaient dans des coffres de tuiles, d'autres dans des amphores ou directement dans la terre, recouverts d'un lit de pierres", détaille Richard. Des ossements qui dateraient entre 25 et 30 après Jésus-Christ. Ces investigations ont aussi permis de retrouver également du mobilier funéraire qui va également faire l'objet d'analyses. Certains anciens travaux sur ce sol ont rendu les fouilles difficiles. "En 1985, des fouilles sauvages ont eu lieu et le passage des camions a tassé la terre. Une couche superficielle s'est créée et, même à la mini-pelle, on a eu du mal à creuser", précise le spécialiste.

Richard Pellé, archéologue de l'Inrap (photo Corentin Corger/Objectif Gard)

Quoi qu'il en soit, ces trouvailles, par leur quantité, qui ravissent Richard et les quatorze étudiants qui l'ont accompagné sur ce projet. "C'est la première fois que l'on trouve sur Nîmes autant de tombes de  périnataux." Ce lieu était un espace municipal et non pas un enclos privé où les familles venaient enterrer les bébés morts prématurément. À l'intérieur des remparts, des coffres ont également été retrouvés mais certains corps avaient disparus. "Certains nourrissons étaient encore des fœtus avec des os très fragiles qui ont fondu avec cette terre acide", ajoute Richard Pellé.

La question de la mise en valeur 

Personne ne voulait perdre une miette de la discussion entre Jean-Paul Fournier, Michel Aubert, au centre et Richard Pellé, n'est-ce pas cher confrère de France Bleu ? (photo Corentin Corger/Objectif Gard)

Maintenant que ces vestiges ont été sortis de terre, tout le monde se demande ce qu'ils vont devenir et s'interroge sur l'avenir du site lui-même. "On verra quand aura fini de fouiller", balaye Daniel-Jean Valade, adjoint au maire délégué à la culture. Il est vrai que l'intégralité du site n'a pas été totalement exploré. "J'espérais finir cette année, mais une sixième campagne sera nécessaire", confie Richard. Une affirmation acquiescé par le maire. Cependant, c'est le ministère de la Culture qui doit valider d'éventuelles fouilles à l'horizon août 2019. Il faut également prévoir un budget quand on sait que 8 000 euros ont été nécessaires pour cette campagne estivale 2018.

En plus que clôturer les fouilles, il faut aussi prendre en compte les quelques années d'analyses pointues que réclame chaque pièce. "Certaines pourraient finir dans le musée de la romanité", assure malgré tout M. Valade. Le maire se projette quant à lui déjà sur le devenir de ces remparts : "peut-être qu'un jour, on pourra les visiter et faire rayonner le tourisme dans ce secteur". Intégrer ce lieu dans le parcours des vestiges romains de Nîmes, n'est cependant pas pour tout de suite.

Concernant le présent, la zone a été déclarée non aedificandi, ce qui signifie, "une interdiction complète de construire à moins de trois mètres des remparts", confirme le premier magistrat de la ville. Un premier pas pour Michel Aubert, président de l'association de quartier Plateforme Cadereau, qui a milité dans ce sens. "Mon objectif désormais serait que la mairie rachète l'ensemble de la parcelle. Il reste 2 000 m2 à acquérir."

Le tout afin d'éviter toute construction jusqu'à une tour barlongue (en architecture, une construction dont le plus grand côté se présente de face, NDLR) installée à l'autre extrémité du terrain. Ce dernier a donc profité de la présence de Jean-Paul Fournier pour lui faire part de sa volonté, même si l'édile ne semble pas totalement emballé par l'idée : "on verra si une opportunité de vente se présente."

Cette association milite pour "l'aménagement d'un espace touristique et va continuer à sensibiliser la mairie sur le sujet". Une nouvelle mise en valeur du patrimoine romain de Nîmes. Il flotte comme une odeur d'Unesco dans l'air.

Corentin Corger

Corentin Corger

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