Publié il y a 5 ans - Mise à jour le 07.09.2018 - thierry-allard - 5 min  - vu 763 fois

FAIT DU JOUR Le sous-préfet aux communes inondées : « on va vous aider »

Il serait tentant d’y voir un signe. En visite ce jeudi dans les communes sinistrées par les inondations du 9 août dernier dans le nord-est du Gard, le sous-préfet, François Lalanne, a été accueilli par un bel orage.
Le sous-préfet, François Lalanne, prend connaissance des dégâts causés par la crue du 9 août avec le premier adjoint du Garn, Didier Mercier (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

Mais hier, même s’il tombait des cordes, ce n’était que peu de chose par rapport à l’épisode orageux intense qui a frappé le 9 août dernier du côté de Saint-Julien-de-Peyrolas, où un ressortissant allemand a été retrouvé mort non loin d’une colonie de vacances installée en bordure d’un petit ruisseau, devenu l’espace de quelques heures un torrent.

C’est d’ailleurs par ce secteur - pas sur le camping même, le lieu étant sous scellés - que François Lalanne a démarré sa visite. Il a été accueilli par un maire, René Fabrègue, en attente : « oui, nous avons besoin d’aide. Sans aide nous serons en grande difficulté pour réparer ce qui doit l’être. » Car si les projecteurs médiatiques se sont logiquement tournés vers sa commune lors des intempéries, ils n’ont pas souligné les nombreux dégâts matériels.

500 000 euros de dégâts à Saint-Julien-de-Peyrolas...

« Les dégâts se situent sur la voirie, le réseau d’assainissement, des talus et des murs effondrés, énumère le maire. Le montant de l’estimation je ne l’ai pas encore, mais il doit friser les 500 000 euros. » Autant dire impossible à sortir pour une commune de 1 300 habitants.

Le sous-préfet François Lalanne (au centre), ce jeudi matin à Saint-Julien-de-Peyrolas aux côtés du maire René Fabrègue (à G.) (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

D’autant que le maire est déjà échaudé : en 2014, une mini-tornade avait frappé sa commune, faisant de nombreux dégâts. « Et nous avions été les dindons de la farce », lance-t-il sous son parapluie, avant l’arrivée du sous-préfet et secrétaire général de la préfecture. Une sombre histoire de station météo en panne avait, raconte-t-il, laissé la commune livrée à elle-même : « nous n’avions absolument rien eu comme aide. »

Il a pu être rassuré par le sous-préfet : « on ne peut pas laisser des communes avoir des dommages sans réparation, explique François Lalanne. Aujourd’hui je viens me rendre compte de la nature des dommages. » Les quinze maires concernés ont été reçus en préfecture et le ministère de l’Intérieur va convoquer une commission interministérielle sur le classement en catastrophe naturelle consacrée au Gard le 2 octobre prochain.

De quoi accélérer la reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle des communes concernées, et avec elle les dédommagements. Le sous-préfet est également venu rappeler que les communes pouvaient bénéficier de divers fonds étatiques et départementaux. « Je ne vois pas comment il pourrait en être autrement. Nous n’avons pas un budget extensible », commente René Fabrègue.

Le pont sur la RD901 à Laval-Saint-Roman a vu sa voûte emportée par les flots. Il est actuellement en travaux (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

... et 900 000 euros à Laval-Saint-Roman

Direction Laval-Saint-Roman, à quelques kilomètres plus à l’ouest, toujours le long de la rivière Ardèche. Ici, « le réseau d’assainissement a beaucoup souffert, comme les chemins et la voirie », explique le maire, Muriel Roy-Cros. Le gros des dommages concerne deux ponts situés sur une route départementale, donc pris en charge par le Département. Un des ponts endommagés mène au hameau de Trescouvieux, et son impraticabilité isole ses habitants, et l’autre, encore plus problématique, traverse la commune, qui a dû mettre en place une déviation improvisée par un chemin sous-dimensionné et lui aussi bien abîmé par la crue. La voûte du pont a été littéralement emportée par les flots du valat, le même que celui qui a emporté le centre de vacances allemand à Saint-Julien.

Le sous-préfet François Lalanne contemple les dégâts depuis le pont de la RD 901 à Laval-Saint-Roman (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

De fait, Laval-Saint-Roman et ses 227 habitants sont presque isolés depuis un mois et accéder à Pont-Saint-Esprit, Bagnols et aux pôles nucléaires de Tricastin et Marcoule, les gros employeurs locaux, est une gageure. Conscient du problème, le Conseil départemental a lancé des travaux sans attendre et la situation devrait être revenue à la normale « d’ici la fin du mois », avance l’édile. Une élue qui procède à une estimation des dégâts sur sa commune : « ça devrait frôler les 900 000 euros. Il est impossible pour notre commune de supporter ça toute seule. »

La mairie a déjà entrepris sur ses fonds propres des travaux sur le réseau d’assainissement, « car pour l’instant les eaux usées se déversent dans le ruisseau, précise Muriel Roy-Cros. D’ici une dizaine de jours ça devrait rentrer dans l’ordre. » Ce sera plus long pour les 53 foyers sinistrés, soit environ la moitié de ceux de la commune, notamment les riverains du ruisseau. La maison de M. Jacquemain est située juste à côté du pont. Elle a été inondée de plus d’1m80 par endroits et le jardin est jonché d’énormes pierres provenant d’un enrochement en amont qui s’est détaché et redirige maintenant l’eau dans la maison dévastée.

« J’ai travaillé à Wallis-et-Futuna, et j’ai connu des dommages de ce type après des passages de cyclones », commente le sous-préfet, avant de s’engager à revenir dans un an voir M. Jacquemain. « J’espère être revenu dans ma maison d’ici là », lui répondra le riverain, qui vit désormais dans un gîte à Saint-Paulet-de-Caisson. En attendant, le sous-préfet a fait passer la consigne à ses services de faciliter le déblayage du jardin et le rétablissement de la ligne d’eau, histoire de ne pas aggraver les dégâts.

Le jardin de la maison de M. Jacquemain, à Laval-Saint-Roman (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

« C’est l’équivalent d’une année de budget »

Dernière étape de la visite préfectorale, le petit village de Garn et ses 250 habitants, après un détour causé par le fait que la route qui le relie à Laval-Saint-Roman a été emportée sur plusieurs dizaines de mètres. Les travaux ont été lancés par le Département pour rétablir la circulation, mais en attendant, le Garn est lui aussi isolé. Sur la commune même, les dégâts sont importants : « il y a le mur de soutènement sous l’arrêt de bus, le mur de soutènement de la voie communale et surtout le nettoyage du lit qui mène à la station d’épuration », énumère le premier adjoint, Didier Mercier.

Concernant la station justement : la grosse conduite en béton qui la relie au village a été détruite et il va falloir reprendre l’enrochement qui tient le bassin. Le tout en précisant que sans compter la station, le premier devis se monte à près de 200 000 euros. « C’est l’équivalent d’une année de budget », explique le premier adjoint. Et il en faudra peut-être autant pour la station d’épuration. « On va vous aider », lui lancera le sous-préfet, avant de donner des conseils très pratiques pour accélérer les procédures.

Le sous-préfet François Lalanne prend connaissance des dégâts causés par la crue du 9 août avec le premier adjoint du Garn, Didier Mercier (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

Entre-temps, l’orage avait laissé la place à un beau soleil, rappelant une fois encore la versatilité du ciel dans notre beau département. Un département en première ligne du dérèglement climatique, avec des épisodes orageux toujours plus violents et soudains. Et pour les communes, qui doivent encore panser leurs blessures, la question n’est désormais plus de savoir si les intempéries se reproduiront, mais quand et, surtout, avec quelle force elles séviront.

Thierry ALLARD

thierry.allard@objectifgard.com

Et aussi :

Colonie de vacances allemande : la suite. La colonie de Saint-Julien-de-Peyrolas, implantée sur le terrain privé non homologué par la préfecture, où un ressortissant allemand a trouvé la mort emporté par les flots le 9 août dernier, avait fait l’objet de nombreuses procédures de la part de la mairie. « Les règles d’urbanisme n’étaient pas respectées. Nous avons attaqué et nous avons été déboutés, rappelle le maire René Fabrègue. C’est passé lundi en appel. Nous aurons le verdict en octobre. » Une décision de justice qui arrive un peu tard, comme le souligne le maire : « malheureusement, les événements nous ont donné raison. Après, le verdict n’aurait pas empêché l’eau de monter, encore aurait-il fallu faire évacuer le terrain. »

Thierry Allard

A la une

Voir Plus

A la une

Voir Plus

En direct

Voir Plus

Studio