Publié il y a 5 ans - Mise à jour le 12.09.2018 - anthony-maurin - 4 min  - vu 851 fois

NÎMES L'Académie dépoussière sa vie

L'illustre entité culturelle nîmoise prend le taureau par les cornes et s'apprête à s'ouvrir au grand public dès 2019.
Bernard Simon, président de l'Académie de Nîmes (Photo Anthony Maurin).

L'Académie de Nîmes, rue Dorée (Photo Anthony Maurin).

L'Académie de Nîmes est une belle et honorable institution à plus d'un titre. Jean-François Séguier, madame la Baronne de Bourdic, François Guizot, Jules Salles, Gaston Boissier, Émilien Dumas, Jean Reboul, Émile Espérandieu... y sont passés. Aujourd'hui, l'Académie veut renouer avec son passé d'ouverture.

L’Académie de Nîmes est née en 1682 et est l’une des plus anciennes de France, après l’Académie Française créée en 1635 et l’Académie d’Arles. Par la plus pure des coïncidences, c'est un Jules César (de Fayn, marquis de Péraud), qui a proposé d’établir une société littéraire à Nîmes, l'Académie était créée. Bernard Simon en est aujourd'hui le président.

La première séance régulière de l'Académie de Nîmes en 1682 (Photo Anthony Maurin).

La mission première de l'Académie ? Les lettres patentes donnent pour mission d’une part l’étude de l’antiquité " pour l’intelligence de ce qu’il y a de rare et de plus obscur dans les débris qui reste des ouvrages des Romains " et, d’autre part, " l’honneur de joindre la pureté du langage français à la connaissance de l’antique histoire ". Ne pas omettre que les académiciens doivent parler " le langage de la Cour, de même que leurs ancêtres parlaient le langage de Rome. " Bon, pour le dernier point... passons.

Nous voilà de retour au XXIe siècle. " Notre mission, c'est le patrimoine. Le patrimoine historique et culturel avec une fonction de conservation. Nous sommes une des rares académies à ne pas être hébergée par la Ville car nous avons du patrimoine. Comme les paysans, nous avons du capital mais nos revenus sont faibles alors nous faisons souvent appel au mécénat ", avoue le président Simon. Il faut dire que les immeubles sont anciens, magnifiques mais pour qu'ils le restent, il faut faire des travaux. Mangeons le serpent jusqu'au bout : les travaux dans l'ancien, surtout quand les bâtiments sont classés, ça coûte cher. Un œil sur leur patrimoine, un autre sur son développement. Oui, l'Académie veut s'ouvrir et faire le premier pas.

" Des académiciens font ici des communications originales que l'on ne trouve pas ailleurs en France et qui sont de très grande qualité. Culturellement, les riches ont une responsabilité culturelle envers les autres. Nous avons cet outil, nous avons donc une responsabilité culturelle dans la cité mais comment faire pour la développer tout en drainant un public plus large ? ", s'interroge Bernard Simon qui, dès le mois de février prochain, fera sortir l'académie de son cocon. Colloques et/ou séances publiques supplémentaires, il faudra trouver des partenaires pour travailler autour de l'attraction d'un nouveau public.

Pas de secret, il faudra additionner les sorties pour multiplier les réussites. Après des rencontres avec le président de l'université de Nîmes et les proviseurs des lycées nîmois, l'Académie va poursuivre son sacerdoce culturel en essaimant son vaste savoir. " Il faut profiter de nos connaissances car nous avons de nombreuses pointures. Jean D'Ormesson avait suggéré à Dany Laferrière (*) de devenir académicien. Jean D'Ormesson avait l'habitude de venir ici à Nîmes. Dany Laferrière y viendra pour une séance publique le 19 octobre prochain au lycée Daudet ", poursuit Bernard Simon.

La table de Jean-François Séguier (Photo Anthony Maurin).

Pour Alain Aventurier, secrétaire perpétuel... depuis dix ans, " la position de notre académie et des sociétés savantes est intéressante. Il y a presque une osmose. En France, 31 académies sont liées à l'Académie française. Nous en faisons partie, nous avons des devoirs car elle nous reconnaît comme telle. Sur notre site Internet, tous nos documents sont numérisés et accessibles au public car nous voulons offrir le meilleur des services. Nous voulons connaître la manière dont nous sommes perçus. Nous avons une reconnaissance d'utilité publique. " En gros, l'Académie ne va plus toujours dire " venez à moi " mais elle compte venir un peu plus à nous.

Une partie de la bibliothèque... (Photo Anthony Maurin)

" C'est difficile, nous avons de la bonne volonté mais il nous faut vaincre les réticences. Comment s'intéresser aux autres ? Il y a un rejet assez phénoménal des élites mais c'est de leur responsabilité ", ajoute le président Bernard Simon qui veut éviter l'écueil de la chaise vide à cause des têtes pleines. Pourtant, l'Académie ne devrait pas hésiter devant cette nouvelle population en manque de repère. Elle doit même devenir un phare culturel et c'est ce qu'elle compte faire en 2019.

Les 36 membres résidents de l'Académie de Nîmes se composent en trois groupes. Les catholiques, les protestants et les indépendants surnommés affectueusement les " sauvages " par les deux premiers groupes. Existent aussi 24 membres non résidents mais un autre problème s'ajoute à celui de la sous-exposition de l'académie : son histogramme des âges. Pour l'heure, trop de têtes chenues et celles qui ne le sont pas tout à fait sont encore en activité... Affaire culturelle à suivre.

La visite de l'hôtel particulier de la rue Dorée. N'oubliez pas que ce week-end ont lieu les Journées européennes du patrimoine et que l'Académie vous attend avec impatience au 16, rue Dorée, 30000 Nîmes. Secrétariat ouvert tous les mardis et vendredis de 14h à 18h. À l'occasion du tricentenaire de l'Académie de Nîmes, un document était sorti...

Dany Laferrière est un romancier haïtien, membre de l'académie française.

... et des salons (Photo Anthony Maurin).

Anthony Maurin

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