LE 7H50 d'Henry Brin : "Le réseau national des Chambres de métiers nous a trahi"
Objectif Gard : Vous êtes en colère depuis quelques jours. Pouvez-vous nous expliquer la situation ?
Henry Brin : La situation est très simple. Le réseau national des Chambres de métiers nous a trahi. Ils ont accepté l'amendement en catimini voté à l'Assemblée nationale jeudi dernier à 22h30 et qui prévoit de régionaliser les réseaux de Chambres de métiers au 1er janvier 2021.
Mais la mutualisation des moyens est aujourd'hui devenue une réalité. Pourquoi la refuser ?
Nous ne sommes pas contre la possibilité de mutualiser les moyens mais faut l’exercer de façon intelligente. Moi je suis pour une mutualisation nationale mais avec des pouvoirs maintenus dans les départements. Chacun a ses spécificités et nous ne pouvons pas perdre notre proximité avec l'artisan de façon aussi brutale. La valeur humaine dans l'artisanat cela veut dire quelque chose. Il est important de vous rappeler que cela fait déjà de nombreux mois que nous nous préparons pour l'avenir. Nous avons entamé des discussions avec les agglomérations du territoire en charge du développement économique. Nous sommes ouverts à participer au projet de la Maison des entreprises. Et je vais plus loin : à s'associer avec les autres chambres consulaires dans nos missions car je le rappelle, nous avons bon nombre de ressortissants en commun.
Concrètement, quelles sont les menaces ?
C'est la fin de l'autonomie départementale et du lien de proximité entre les artisans et les chambres. Tout se décidera à Toulouse. C'est d'ailleurs déjà le cas dans les Bouches-du-Rhône où les chambres départementales sont devenues de simples antennes locales. Le président du département est devenu un simple président délégué qui n'a plus aucun pouvoir de décision.
Les menaces pèsent-elles aussi sur le personnel ?
Bien entendu. Il risque d'y avoir de la casse. Et en premier lieu par exemple avec le secrétaire général. Il n'y en a qu'un par région.
Comment agir ? Avez-vous encore des marges de manœuvre ?
Tant que le texte définitif n'est pas revenu à l'Assemblée nationale, nous pouvons encore peser et alerter les artisans et chefs d'entreprise sur la situation très inquiétante qui s'annonce. J'ai rencontré l'ensemble des députés, sauf Gilbert Collard, pour les sensibiliser sur l'ensemble des risques. Ils ont visiblement entendu mes craintes. J'attends de voir comment ils pourront agir. L'amendement va passer au Sénat et nous aspirons à faire connaître nos arguments. Par ailleurs, en bureau régional, à l'unanimité, les présidents des 13 chambres de métiers se sont désolidarisés de notre tutelle nationale.
Propos recueillis par Abdel Samari
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