Publié il y a 5 ans - Mise à jour le 17.10.2018 - anthony-maurin - 5 min  - vu 882 fois

FAIT DU JOUR Le plaisir militant de manger sain et local

AurouxFood s'est lancée en 2016 dans la conquête du bio, du sans gluten et du sans produit laitier. Mission réussie pour le plus grand bonheur des gourmands et des locavores.
Nathalie Schenk-Trachte.

Les différentes références de la société, toujours bio, souvent très locales et sans gluten, ni produits laitiers (Photo Anthony Maurin).

Citoyenne belge, maman de deux enfants allergiques au gluten et intolérants aux produits laitiers, Nathalie Schenk-Trachte a dû se débrouiller pour alimenter de manière gourmande ses bambins. Forcément, on n'est jamais mieux servi que par soi-même... AurouxFood était créée.

" Depuis 2013 j'y travaille mais c'est en 2016 que tout a réellement commencé. J'ai misé sur une démarche et depuis, j'enchaîne. Ma politique d'approvisionnement dépend du bio, qu'il soit local, français ou international, c'est le concept initial ", affirme vaillamment Nathalie Schenk-Trachte.

Nathalie a longtemps travaillé dans le chocolat, en Belgique. Une grande industrie agroalimentaire qui a ses secrets et ses lois. " Pouvoir sortir les gens de l'univers de pénitence alimentaire dans lequel ils sont sans les stigmatiser était le but premier. Il faut simplement que les consommateurs se responsabilisent quand ils achètent de la nourriture. Les flux vertueux d'aujourd'hui sont une bonne occasion de faire du business mais le projet de vie est important. "

Pour y arriver, le budget explose. Enfin, c'est plus difficile que cela. Oui, il faut compter 20 % de dépenses en plus mais de quoi parle-t-on ? Réinvestir une part d'un hypothétique pouvoir d'achat pour satisfaire son corps et ses papilles. Telle est la promesse faite et sur la longueur, des économie sanitaires, certainement. " C'est une démarche active, il faut mieux faire les courses et travailler sur sa santé ", poursuit la chef d'entreprise mais ne lui parlez pas d'alicament. " Nous devons simplement consacrer plus de temps à notre alimentaire et cela sera synonyme de plaisir. Par exemple, chercher une information lors d'un salon le dimanche peut être une excellente idée de balade week-end ! "

(Photo Anthony Maurin).

En 2013 Nathalie a découvert le riz de Camargue, bio, naturel. Elle a aussi découvert ses qualités nutritionnelles sans gluten et celles de sa farine, blanche et suffisamment malléable pour l'univers très strict de la pâtisserie. Car c'est dans ce secteur de l'alimentaire qu'AurouxFood sévit. " Rien n'existait alors je me suis lancée, équipée en achetant des moulins et des meules en pierre pour fabriquer ma farine de riz. Tout était artisanal dans la démarche. " Elle s'est donc installée dans une belle petite ZAC qui a de l'avenir à Calvisson, entre Nîmes et Montpellier, toujours écoutée par la mairie et la Communauté de communes.

(Photo Anthony Maurin).

" D'emblée on a voulu voir en grand pour s'ancrer rapidement en local avant de le faire de manière régionale, nationale et internationale. C'était un but car je viens de l'industrie agroalimentaire et que je crois beaucoup à l'Europe des régions. En limitant le bilan carbone au champ de l'agriculteur, c'est mieux que de le limiter à l'endroit de la vente ou à celui de la transformation. Je n'utilise ni huile de palme ni huile de coco. En France, on produit de l'huile de tournesol qui est suffisamment bonne pour la pâtisserie. " Nathalie utilise, en plus de la farine de riz de Camargue, de la farine de lentilles vertes de l'Aude et pour rester dans le même département, de la farine de pois-chiches.

(Photo Anthony Maurin).

Avec huit produits à ses débuts, la société compte aujourd'hui 26 références et l'avenir ne se limitera pas à cela. Varier les formats et les plaisirs. Nathalie est sensible au développement de l'épicerie en vrac alors vous pouvez retrouver certains de ses produits en grandes surfaces. Ces gourmandises sont d'ailleurs moins onéreuses que celles que produisent les grandes avec la même éthique sans conservateur ni additif. " Nous ne faisons pas des produits de régime, ils sont gourmands ", tient à préciser la chef d'entreprise. " On adapte la machine au produit, pas le produit à la machine. Le contexte et la contrainte libèrent la créativité et les créneaux de distribution. "

Par contre, Nîmes, aussi grande soit-elle, n'a plus de marché local au marché gare. Un emplacement vacant qui a tendance à irriter ce genre de commerce qui aimerait bien ne pas avoir à rouler jusqu'à Montpellier tous les quinze jours pour se servir en matières premières locales...

(Photo Anthony Maurin).

Actuellement, c'est une cantine suisse qui veut des cakes sans emballage. Un nouveau défi que vient de relever AurouxFood. Mais à ses débuts, c'est la madeleine qui a su la démarquer de la masse. Cinq variétés à faire fondre sous la langue et à rappeler quelques instants enfantins. " J'ai été aidée par de nombreux Meilleurs ouvriers de France (pâtisserie) pour leur technicité car je suis sortie d'HEC et que je ne suis pas cuisinière. À Uchaud, Jean-Michel Bovienzo, un ancien traiteur, m'a lui aussi beaucoup aidée. Cette aventure est jalonnée de plusieurs rencontres de passionnés et à présent j'essaie de transmettre mon savoir en accueillant des jeunes. "

Avec ses ailes déployées sur le "bien consommer", la société multiplie les marques. Trois en en tout. " Le bon goût de chez nous " est pour la grande distribution. Vous pouvez retrouver ces produits dans les Intermarché de la région. " Filigree " c'est pour les adorateurs de circuits courts qui trouveront leur bonheur dans les magasins bio de la région mais aussi au Luxembourg, en Allemagne ou en Suisse. " Tout ça grâce à la foire de Barjac ! L'esprit dynamique des Cévenols est exceptionnel et le Département du Gard oeuvre beaucoup dans ce sens. " Enfin, " La cuisine du bon goût " est l'ultime griffe de Nathalie, un enseigne distribuée une nouvelle fois en grandes surfaces et qui vend ses trois farines (riz, lentilles vertes et pois-chiches). Des recettes sont aussi disponibles pour cuisiner chez soi ce que l'agriculteur de coin sort de terre, logique imparable.

(Photo Anthony Maurin).

" Il faut investir dans la qualité. C'est obligatoire avec les normes sanitaires, le bio, le sans gluten... Tout va dans le bon sens et la qualité est un réel outil de gestion en économie. C'est lourd au démarrage mais ici, on nous aide bien et à tous les niveaux des chambres consulaires aux politiques régionales. " Avec ses trois marques, elle privilégie le bon, le beau, le court, le sain et le travail.

(Photo Anthony Maurin).

À force de communiquer, AurouxFood parvient à fournir ses farines, même jusqu'à Rungis. La Camargue a besoin d'être entretenue, d'avoir une biodiversité protégée et par le riz, c'est une belle possibilité qui s'offre à elle. Devenir acteur de son assiette mais aussi de son territoire. " Comme ça marchait bien, j'ai pensé aux légumineuses. Les lentilles et les pois-chiches ont plus de protéines végétales, ont plus de douceur et nécessitent moins de sucre. C'est intéressant mais pas toujours simple à mettre en place. L'important, c'est la fraîcheur ."

En Camargue, l'équilibre garanti par la rizière est fragile et doit être protégé.

À la mode sans l'être, la société a développé le marché spécialisé pour les végétaliens sans pour autant sigler ses produit de l'estampille vendeuse " vegan ". Ah, l'étiquetage... Un souci de plus pour Nathalie Schenk-Trachte. " Faire les choses et les faire savoir. L'emballage est important et les petits faiseurs ne voient pas toujours cette finalité. En Suisse, c'est impératif mais nous devons tous progresser dans ce domaine, y compris dans le multilinguisme ! Nous définissons nos produits en quatre langues. C'est du service et ça permet de franchir les barrières. "

Anthony Maurin

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