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Publié il y a 5 ans - Mise à jour le 19.10.2018 - anthony-maurin - 3 min  - vu 1586 fois

NÎMES Entraînement et mise en situation... Pour préparer le pire

Un grand entraînement concernant les risques nucléaire, radiologique, biologique, chimique et explosif était organisé à l'École nationale de police de Nîmes et rassemblait 350 professionnels de la région.
Les blessés vont se faire décontaminer (Photo Anthony Maurin).

Alexandre Le Rousseau, chargé de mission et grand ordonnateur de l'entraînement NRBC-e du jour. Entre déception, incompréhension et fatalisme ? (Photo Anthony Maurin).

Heureusement que c'était un simple entraînement...

" Un exercice reproduit une action, là, on s'entraîne ", affirme Alexandre Le Rousseau, le chargé de mission de la sécurité intérieure de la zone Sud et qui est surtout chargé d'organiser ces deux ou trois sessions annuelles d'importance.

Dans ce bus, un terroriste est prêt à exploser et à contaminer une partie de la ville... (Photo Anthony Maurin).

" Je n'hésite pas à vous le dire : je note une baisse considérable du niveau ! Nous nous concentrons sur les tueries de masse mais quand il s'agit de revoir les notions de NRBC-e, qui sont aussi un risque important, on galère car on ne s'entraîne plus assez ! Nous avons de plus en plus de choses à faire et de moins en moins de temps. Nous avons eu un problème de communication radio. Chacun veut utiliser ses outils et du coup on ne s'entend pas. On a des doublons mais on va reprendre tout de suite car nous avons identifié les problèmes ", poursuit le patron. Les mots sont forts, durs et font mal. Ils mettent mal à l'aise car on croyait que la France était mieux préparée.

Les premiers blessés sont dehors, les militaires arrivent (Photo Anthony Maurin).

Évidemment, les médias ont assisté à cet entraînement. Sans être des experts en la matière, on aura relevé quelques errances, des pertes de temps, des incompréhensions et beaucoup de largesses... Mais bon, près de 400 personnes qui s'activent avec plus de 30 services différents venant tout droit du Gard, des Bouches-du-Rhône, de l'Ariège, de l'Hérault, du Var, des Alpes-Maritimes ou encore de la Lozère, la coordination peut en pâtir. Ceux de l'Aude étaient naturellement occupés à d'autres enjeux plus réels.

Pour cette grand'messe sécuritaire, c'était les risques terroriste, nucléaire, radiologique, biologique, chimique et explosif qui étaient à l'ordre du jour. Deux sites à l'École Nationale de police, deux enjeux. Le premier, NRBC-e, le second, une prise d'otage. Premier scénario, premier enjeu. On plante le décor. Nous sommes en matinée et la gare routière d'Xville voit passer son petit monde. Les bus se remplissent et tout à coup, une détonation retentit. Dans un bus, un terroriste vient de se faire exploser à l'aide d'une grenade. On pense de suite à une attaque NRBC-e, un produit toxique.

La communication doit être travaillée mais le gros de la troupe a cerné les enjeux (Photo Anthony Maurin).

Quelques passagers sortent du bus ensanglantés, tuméfiés ou déboussolés. La source radioactive commence à faire son effet et les premiers secours arrivent. Des militaires qui patrouillaient non loin débarquent, sécurisent les lieux, font sortir les victimes et sont les premiers maillons de la chaîne d'assistance tant attendue.

Les victimes sont aiguillées en fonction de leurs blessures (Photo Anthony Maurin).

Les forces de l'ordre arrivent en tenues adéquates, à chaque spécialité sa couleur de combinaison et son rôle salvateur. Le ballet commence mais la confusion règne. Les bizarreries aussi. " Arh, les Allemand reviennent ", " C'est la faute aux barbus " et puis un " Monsieur je viens de voir un groupe d'individus armés pénétrer dans un bâtiment. " Aïe, voilà le second exercice qui pointe le bout de son nez. Mais finissons le premier avant tout, chaque chose en son temps. " J'ai mal ! ", " Je n'entends plus rien et je ne vois plus rien non plus. "

Gestion des blessés (Photo Anthony Maurin).

Les secours se font plus nombreux, les victimes sont prises en charge et aiguillées selon leurs blessures. On étiquette, on pose des bracelets, on met en confiance, on rassure, on soigne en urgence mais on doit aussi comprendre comment fonctionnent les autres segments des forces de l'ordre et des secours. C'est un peu la panique mais la deuxième prise semble moins confuse que la première.

Non, ne vous y trompez pas... On ne voit pas de boucher ! (Photo Anthony Maurin).

Passons à la prise d'otages. Quatre terroristes sont bien enfermés et armés dans un bâtiment isolé. Certainement en lien avec celui qui s'est fait exploser dans le bus, le groupe est aux abois. Les premières lignes doivent cerner le terrain, verrouiller les accès et se mettre en formation. La gendarmerie intervient au rez-de-chaussée où il n'y a pas de terroriste. Ils semblent tous être montés à l'étage mais ne se montrent pas aux fenêtres.

Et le SAMU conclut (Photo Anthony Maurin).

Soudain, des coups de feu et des cris résonnent et s'élèvent. La guerre est lancée, le GIGN est entré dans le bâtiment. Non pas par l'entrée désignée mais par celle préférée. Et oui, le GIGN fait un peu ce qu'il veut tant qu'il réussit sa mission. Trois terroristes sont abattus et pour le quatrième, votre serviteur l'a tout simplement perdu de vue... Là aussi, comme la suspicion de contamination est forte, les forces de l'ordre arborent les tenues NRBC-e, moins pratiques, plus étouffantes que leur uniforme traditionnel.

Les derniers otages sont exfiltrés, le GIGN est aux commandes (Photo Anthony Maurin).

Rappelons simplement que ce genre d'entraînement est fondamental si la France veut réagir au plus vite et au mieux à ces attaques. La zone de défense et de sécurité Sud compte 21 départements (Occitanie + PACA et Corse) et représente plus de 10 millions d'habitants. Se préparer est primordial et il reste encore du boulot.

On attend avant de passer à l'action (Photo Anthony Maurin).

(Photo Anthony Maurin).

Anthony Maurin

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