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Publié il y a 5 ans - Mise à jour le 22.10.2018 - anthony-maurin - 3 min  - vu 427 fois

NÎMES Un métier utile, une fin proche ?

Les commissaires aux comptes sont touchés par la loi PACTE à venir. La rébellion mesurée est proche.
À gauche le président nîmois, à droite le président national de la CRCC (Photo Anthony Maurin).

Face à une centaine de commissaires aux comptes, le président national de la CRCC, Jean Bouquot, a évoqué un avenir incertain pour la profession (Photo Anthony Maurin).

Président national de la Compagnie régionale des commissaires aux comptes, Jean Bouquot n’a pas apprécié les derniers mois passés à la tête de la CRCC.

« Nous vivons une période grave voire dramatique. Le sujet est sur la table mais il n’est pas traité. Nous sommes conscients des inquiétudes qui traversent la vie de nos consœurs et de de nos confrères quant à l’utilité de notre métier ». Pourquoi de tels propos ? La loi PACTE et la probable mort du métier. Pour la seule compagnie nîmoise cela représente 274 personnes physiques et 123 morales. En baisse par rapport à l’an passé (-13). Cinq commissaires aux comptes honoraires sont aussi dans la balance.

Le gouvernement et ses travers

Et ne parlez pas de la manière dont le gouvernement négocie. « Nous observons l’accélération de la situation, brutale et violente depuis un an. C’est la marque de fabrique de ce gouvernement qui réforme à la hache notre pays. Le pouvoir politique voulait libérer l’économie des petites entreprises, tout part de là. Les entreprises avaient trop de contraintes juridiques et financières. C’est une vision qui est portée par le gouvernement et ce sujet est devenu un totem. »

Comme d’autres luttes sociales, celle des commissaires aux comptes se frottent tantôt à l’inertie, tantôt à la vélocité. « Le gouvernement n’avance pas seul. Il y a les organisations patronales, la fédération des banques, la majorité parlementaire qui est sûre d’elle… Cela fait 20 ans que nous n’avons de cesse de nous réinventer, pas toujours de gaieté de cœur ni en toute compréhension des choses mais nous le faisons. Et on entend que notre profession est inutile ? Nous n’acceptons pas ce jugement. »

La réaction des indignés n’a pas mis longtemps à se préparer. Dès le mois de février et la création d’un groupe de travail qui a élaboré un livre blanc, étayé et sérieux, pour alimenter le débat de manière ferme mais surtout pour tenter de combattre le funeste rapport qui veut leur perte. « Notre périmètre actuel n’est pas adapté à l’évolution du temps ? J’étais moi-même à l’écoute de ce constat. Notre présence s’exerce dans les PME et les TPE, ce sont les gouvernements qui ont voulu ça au fil du temps. Nous avons un rôle de prévention et la profession a très mal pris ces attaques. »

38 propositions et des amendements

Révisions des missions, adaptation du contrôle d’activité, présence au sein des petits groupes, émissions d’attestations dans des registres variés, démonstration de la carte territoriale de la profession… Une commission a été mise en place avec beaucoup d’ambitions pour la profession dans sa grande diversité. Le rapport fourni semble plus pertinent que le premier qui inspire une partie de la loi PACTE. Il y a 38 mesures dont plusieurs sont issues du fameux livre blanc.

Et l’affaire ne s’arrête pas là. « En toute transparence, fin juillet dernier, nous avons eu une réunion inattendue à la Chancellerie pour travailler sur des projets d’amendements au texte. On a repris les propositions de la commission. Notre dernier rendez-vous a été avec Bruno Le Maire, ministre de l’Économie et des finances, le 19 septembre. Il a permis que certains amendements soient portés à la loi PACTE. »

Les président lors de l'assemblée général qui avait lieu au Musée de la Romanité (Photo Anthony Maurin).

La suite n’est pas très heureuse. On pourrait croire l’affaire bouclée, que nenni. La vie politique devrait une nouvelle fois prendre le dessus. « À l’Assemblée nationale, la majorité En Marche ! a voté mais Les Républicains se sont abstenus. La loi n’est pas encore votée. Elle va être débattue au Sénat en février 2019 avec une nouvelle commission spéciale. Le gouvernement a demandé l’urgence sur ce texte, il n’y aura pas de multiples allers-retours, l’Assemblée aura le dernier mot. » Un dernier mot qui n’interdit pas une dernière danse. Un baroud d’honneur, une valse à mille temps ?

« L’opinion publique s’est désolidarisée de ce sujet. Nous devons faire comprendre le rôle de notre profession. Le seul moyen de revenir dans le débat avant le Sénat, c’est que d’autres doivent porter ce sujet. Les économistes, par exemple, auraient de quoi dire. L’opinion générale doit se retourner. Nous devons démontrer l’utilité de notre métier. Même la CFDT s’inquiète de l’ampleur de la dérégulation de l’économie. » Si la CFDT s’en mêle, les débats au gouvernement devraient être sympathiques !

Jean Bouqout (Photo Anthony Maurin).

Anthony Maurin

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