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Publié il y a 5 ans - Mise à jour le 22.10.2018 - anthony-maurin - 3 min  - vu 782 fois

FAIT DU JOUR L'oignon, c'est une passion

Jérôme Daumet avec en arrière plan son hameau, Cabriès, lieu de ses cultures en terrasse (Photo Anthony Maurin).

La coopérative Origine Cévennes (Photo Anthony Maurin).

Agriculteur et producteur d’oignon doux, un métier à part, un retour aux sources d’une vie simple, belle mais composée d’un travail parfois intense. La coopérative « Origine Cévennes » a de l’avenir.

Oui, pour faire ce métier, il faut savoir être tendre. Lors du repiquage, de l’arrachage et du tri, la main d’œuvre doit être nombreuse et performante. Tout se fait manuellement, à la vue, au sentiment.

Le terroir est encaissé, niché sur des terrasses érigées par l’Homme au fil des siècles. Étroites, elles rendent difficile l’accès aux machines. Il faut dire que si le terroir est vaste (32 communes), les cultures ne le sont pas du tout. Les 2 500 tonnes de production habituelle se font sur 45 hectares seulement ! Les agriculteurs passent entre 2 500 et 3 000 heures par hectare afin de garantir un oignon parfait.

Les oignons doux... (Photo Anthony Maurin).

Alors, il faut s’équiper. Pour Jérôme Fesquet, président de la coopérative « Origine Cévennes », « la coopérative a été créé en 1991 par une poignée d’agriculteurs motivés pour commercialiser ce produit cultivé depuis plus d’un siècle ici. Nous avons maintenu et développé la variété. En 1991 ils produisaient 400 tonnes, nous sommes à 2 500 mais nous faisons aussi de la pomme Reinette et d’autres variétés, de la châtaigne et des pommes de terre. » Les oignons vendus partent à 60 % vers le circuit de grande distribution, à 30 % vers les grossistes et 10 % ne se perdent pas mais se rendent à l’étranger pour éveiller quelques papilles dénaturées.

500 tonnes d’oignons sont conservées dans les neuf cellules réfrigérées de la coopérative. Au frais grâce à un froid sec et ventilé de 2°C, les maladies sont bloquées et la mutualisation des infrastructures permet aux petits producteurs d’assurer à leurs bébés rondelets une qualité irréprochable. Dans les frigos, pas de produit chimique comme on peut le voir avec les pommes voyageant à l’international. Ouf.

Jérôme Daumet connaît parfaitement ses Cévennes (Photo Anthony Maurin).

La coopérative a un chiffre d’affaires de 6,5 millions d’euros et emploie l’équivalent de 20 temps pleins. Plus de 80 producteurs, parfois doublement actifs (oignons et ovins, oignons et pommes…) composent cet élan collectif mais en tout, on dénombre près de 130 producteurs sur la zone en question.

Devenir un producteur d’oignon : un choix

Pour être agriculteur spécialisé dans les oignons doux, « il ne faut pas avoir peur de se baisser, de faire des heures. Bref, d’être passionné. Il faut également être bon techniquement » poursuit Jérôme Fesquet. Et le président de la coopérative d’assurer que le travail a évolué et qu’il faut aujourd’hui toucher à tout. « On se remet souvent en question, notamment avec le changement climatique. On a diminué de moitié en dix ans nos traitements et cela fait 15 ans que nous n’utilisons plus de pesticide. Nous sommes en train de tester le 0 résidu qui ouvre un nouveau marché. On sait que notre produit est propre depuis longtemps mais nous ne communiquions pas là-dessus. »

Fier de travailler à la coopérative, fier de cette richesse humble qu'est l'oignon doux des Cévennes (Photo Anthony Maurin).

Depuis quelques années déjà, on voit un retour aux sources, une envie de vert et de labeur terrien. Des jeunes trentenaires viennent tenter l’aventure et s’y plaisent alors, ils continuent. C’est significatif, ils restent au pays ou ils y reviennent pour une qualité de vie meilleure malgré la dureté du travail dans les champs et le froid cévenol. Ils sont l’avenir serein d’un produit certain.

« Il reste encore du foncier mais il est parfois caché… Les parcelles ne sont pas celles des producteurs de blé. Ici, la moyenne est à 400 m² avec un rendement de 50 tonnes à l’hectare ! », affirme quant à lui Jérôme Daumet, associé de Jérôme Fesquet, qui prend en charge les visites et l’aspect pédagogique de la présentation de l’oignon doux au grand public. Une grande générosité et un travail exceptionnel sont d’ailleurs à noter.

À la découverte des ces sphères culinaires (Photo Anthony Maurin).

Mais les producteurs veulent aussi miser sur le tourisme et sur la typicité des paysages qu’offre la culture de l’oignon. À l’instar des rizières asiatiques, les oignons cévenols sont cultivés en terrasse. Une beauté stratifiée qui découpe un paysage pour le rendre partiellement somptueux, naturel, artificiel mais jamais dénaturé.

Anthony Maurin

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