Publié il y a 5 ans - Mise à jour le 27.10.2018 - anthony-maurin - 3 min  - vu 485 fois

GARD Le bâtiment... sur la réserve !

Changement de réglementation, le BTP n'aura plus droit d'utiliser le gazoil "rouge". Une annonce surprise qui irrite les professionnels des filières.
Christophe Ruas et Emmanuel Faure (Photo Anthony Maurin).

(Photo Anthony Maurin).

" Notre fédération compte 3000 collaborateurs dans le Gard et nous avons été informé il y a quelques semaines seulement de ces nouvelles modifications " attaque Christophe Ruas, président gardois de la délégation des Travaux Publics d'Occitanie. Pourquoi une telle ire de personnes qui d'habitude ne parlent pas à haute voix ?

" Nous mettions comme carburant ce que l'on appelle le GNR, le rouge comme on dit. C'est le même gazole que vous utilisez mais pour nous, il était coloré mais coûtait moins cher. L'État va l'augmenter de 0.5 euros par litre... Ce qui nous dérange, c'est de ne pas avoir été concerté ni prévenu. C'est un nouvel impôt qui s'abat sur la profession " poursuit Christophe Ruas.

Un impôt de plus pour une profession qui n'est pas des plus vivantes. En tout et pour la filière au sens large, on parle d'un milliard d'euros annuel en France. Dans le même temps, les pêcheurs, les forestiers et les agriculteurs pourront continuer à avoir des tarifs préférentiels sur ce même " rouge ". C'est à n'y rien comprendre et c'est surtout à faire des jaloux.

" Nos adhérents sont très remontés, nous allons peut-être manifester le 17 novembre car c'est un enjeu colossal pour nos métiers. Pour une PME, ce surplus est parfois plus important que les bénéfices eux-mêmes " assure le président gardois. Il faut rappeler que dans les travaux publics et au vu des puissances des machines utilisées, la consommation de carburant est élevée. On parle souvent de 200 000 litres de " rouge " par an. Si on fait un rapide calcul, cela fera 100 000 euros en en plus à débourser et forcément en moins en empocher.

On peut certainement absorber ce coût mais il nous faut plusieurs mois ou années. Tous les marchés en cours ont été contracté avec les anciens prix à la pompe, donc les anciennes marges... " On marge en moyenne à 2% et dans le même temps on doit augmenter nos pris de 1 à 3% à cause de ça. Et on ne vous parle même pas de l'augmentation de 20 % en 2018 du carburant ! " enchaîne un adhérent alors que le " rouge " a déjà été augmenté de 30 % cette année. En plus, rien de bien écolo dans la réforme.

" On polluera autant et on n'a aucune solution alternative. On investit sur 5 à 10 ans pour notre parc. Là, avec cette hausse de carburant, notre parc aura du mal à se renouveler et nous serons encore moins écolos " note quant à lui un autre adhérent. Pour Emmanuel Faure, de l'Union Nationale des Industries de Carrières et de Matériaux, UNICEM, " Dans l'Aude, un député LREM comprend notre colère, admet une certaine violence et voudrait étaler la réforme dans le temps mais nous n'en savons pas plus ". Pour les carrières, le tonnage coûte environ 8 euros. Il faudra augmenter de 0,30 euros la tonne pour pallier cette hausse de carburant.

(Photo J.-M.C.)

D'autres frais que finalement le contribuable va finir par payer indirectement puisque le BTP est à 70 % tourné en direction des collectivités territoriales. Le serpent se mord la queue. Sans parler qu'avec cette déréglementation c'est l'or blanc (gazole) qui sera la cible des pilleurs de réserves. Avec le " rouge ", voler était osé.

" Sérieusement, on n'augmente pas de 50 % les choses à des gens qui ne manifestent jamais pour boucler un budget ! C'est n'est pas sérieux, cette réforme est possible mais une concertation doit être ouverte " conclut Christophe Ruas. Pour le Gard, on parle de 200 emplois qui pourraient péricliter ou être menacés. Une rencontre .avec le Préfet du Gard sera certainement organisée courant novembre, avant la manifestation du 17.

Anthony Maurin

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