Publié il y a 5 ans - Mise à jour le 27.10.2018 - thierry-allard - 4 min  - vu 2717 fois

LAUDUN-L’ARDOISE Le sous-préfet : « la commune est dans une situation très difficile »

La visite du sous-préfet, qui plus est la première du mandat du nouveau maire de Laudun-l’Ardoise Yves Cazorla, est un petit événement pour une commune. Pourtant, il n’y avait pas de sourires sur les visages ce vendredi après-midi.
Le sous-préfet François Lalanne (chemise blanche) aux côtés du maire de Laudun-l'Ardoise Yves Cazorla, devant la piscine vide de la commune (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

C’est que le sous-préfet d’arrondissement François Lalanne n’est pas venu pour profiter du patrimoine, des paysages et des vins de Laudun, mais pour faire le point sur plusieurs gros dossiers qui empoisonnent la vie de cette commune d’environ 6 000 habitants. « La situation de Laudun-l’Ardoise est assez compliquée, dès notre élection nous sommes allés voir le préfet, qui nous a donné une feuille de route, explique Yves Cazorla. Je voulais à présent que la préfecture communique de son côté. »

« Cette commune est dans une situation très difficile, peut-être la plus difficile de l’Agglo du Gard rhodanien à cause d’équipements qui n’ont pas été suffisamment entretenus, pour lesquels on n’a pas eu suffisamment d’anticipation », lance le sous-préfet. Il est évidemment question de la station d’épuration et de la piscine, et dans une moindre mesure du projet de déviation de l’Ardoise et du logement social, qui préoccupent aussi les services de l’État.

Premier dossier, la station d’épuration. « Quand une commune n’est plus aux normes, elle est sanctionnée et ne peut plus délivrer de permis de construire, explique le sous-préfet. Une dizaine de communes dans le Gard sont concernées, et Laudun-l’Ardoise est dans une des situations les plus critiques, le défaut de capacité de sa station est tel qu’il oblige le préfet à être très restrictif. » En clair : la station d’épuration est à ras-bord. Or, la compétence eau-assainissement va basculer à l’Agglo au 1er janvier 2020, ce qui explique peut-être que, d’après le sous-préfet « il y a eu du temps perdu, si la commune avait pris l’initiative il y a cinq ou dix ans, elle aurait pu bénéficier de concours de l’État nettement supérieurs. » Alors la préfecture conseille à la Ville de ne pas attendre 2020, et de conduire des études dès 2019, avec l’aide de l’État.

« C’est d’une très grande gravité » pour la piscine

le sous-préfet inspecte les entrailles de la piscine de Laudun-l'Ardoise, vendredi après-midi (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

Deuxième dossier, le plus lourd pour la commune, celui de la piscine couverte. Un équipement dont le mauvais état a conduit la mairie à en fermer les portes. « Ça a été une surprise pour moi, votre prédécesseur ne m’en avait pas parlé », a lancé au maire le sous-préfet. Un sous-préfet qui charge en creux les anciens maires de Laudun-l’Ardoise, en estimant qu’il était « assez grave de ne pas avoir vu que la piscine fuyait dans de telles proportions », jusqu’à 50 mètres cube par jour, ce qui a endommagé la structure du bâtiment construit il y a 31 ans à peine. « C’est d’une très grande gravité, c’est incompréhensible qu’il ait fallu attendre 2018 », rajoutera François Lalanne, avant de charger aussi l’Agglo en estimant qu’il n’y avait « jamais eu de main tendue pour dire à la commune ‘on va vous aider’. » Car pour le sous-préfet, la solution pour sauver la seule piscine couverte du Gard rhodanien, dont la fermeture laisse des dizaines de scolaires de toute l’Agglo sur le carreau, est le collectif. « Je vais proposer une réunion des cofinanceurs, avec la commune, l’Agglo, le Département et la Région pour trouver les deux millions nécessaires aux travaux », explique François Lalanne. Pour lui, la solution se trouve au sein du Pôle d’équilibre des territoires ruraux, qui regroupe tous ces acteurs, en faisant rentrer la piscine dans le contrat de ruralité, sorte de contrat de ville pour les campagnes. Si ça marche, le sous-préfet estime que la piscine peut rouvrir « d’ici deux ans dans le meilleur des cas. » Il est également prévu d’aller toquer à la porte du ministère des Sports avec le député Cellier pour tenter de récupérer des crédits, qui ne seront de toute évidence pas de trop.

Du côté de la déviation de l’Ardoise, « les choses sont mieux engagées », note le sous-préfet. Pour autant, « c’est un dossier difficile, car les aménagements hydrauliques promis par la précédente municipalité dans le cadre du Plan de prévention des risques d’inondations n’ont pas été réalisés, ce qui nous a obligé à reprendre l’arrêté préfectoral et à diminuer le zonage constructible pour les entreprises », souligne François Lalanne. La déviation devrait voir le jour « entre 2020 et 2025, dans le prochain Contrat de plan État Région », précisera le sous-préfet.

Sur le logement social, le non-respect des engagements de la commune de construction de 29 logements conduit à « une pénalité de 100 000 euros, qui nous tombe dessus », affirme Yves Cazorla. Deux projets sont en cours, qui permettront à la commune de se sortir de cette situation — rappelons que Laudun-l’Ardoise est carencée et a perdu son droit de préemption. Pour le sous-préfet, le problème est plus à l’échelle de l’Agglo. Une Agglo où les logements sociaux sont principalement concentrés à Bagnols, et qui doit encore produire un Plan local de l’habitat. « L’Agglo n’est pas en avance, je souhaite qu’elle ne prenne pas de retard », avertit François Lalanne, dont les messages ce vendredi étaient limpides.

Ceux du maire de Laudun-l’Ardoise aussi, du reste. Le fameux audit des finances de la commune, promis pendant la campagne électorale est « fini, il sera rendu public dans les quinze jours, et des sujets dans cet audit ne sont pas bons non plus. »

Thierry ALLARD

thierry.allard@objectifgard.com

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