Publié il y a 5 ans - Mise à jour le 07.11.2018 - abdel-samari - 3 min  - vu 422 fois

LE 7H50 de Franck Proust : "La PMA sans père risque de conduire à la marchandisation de la femme"

Le député européen Franck Proust a pris position contre la PMA (procréation médicalement assistée) pour les femmes célibataires et les couples de femmes que le gouvernement prévoit d'autoriser.
(Photo : Philippe Gavillet de Peney/Objectif Gard)

Il a co-signé une tribune sur ce thème dans Le Figaro avec le patron des Républicains Laurent Wauquiez, Christian Jacob, Bruno Retailleau et Jean Leonetti. Il est l'invité du 7h50 pour nous en dire plus.

Objectif Gard : Pouvez-vous nous expliquer clairement la position de la Droite sur la PMA ?

Franck Proust :  Ce débat national doit se dérouler au-delà des clivages politiques. Même au sein du gouvernement, il n'y a pas d'unanimité sur le sujet. D'ailleurs, José Bové, que l'on ne peut pas qualifier d'homme de Droite se rapproche de nos positions. Il s'agit donc aujourd'hui d'un problème d'éthique sur cette question de société qui, au fur et à mesure que l'on avance, se retrouve au milieu d'une volonté d'extension des droits sans prendre en compte les devoirs que cela impose. Nous ne sommes pas là pour nous opposer aux progrès scientifiques mais dans le même temps, nous ne pouvons pas tout accepter. La PMA sans père risque de conduire à la marchandisation de la femme avec la GPA (gestation pour autrui) et nous nous y opposons fermement. Entendons-nous bien, si nous acceptons la PMA sans père pour les couples de femmes, demain comment pourra-t-on interdire à des couples d'hommes d'avoir un enfant ?

Mais interdire ce nouveau droit, c'est fermer les yeux sur la clandestinité des pratiques. Ne pensez-vous pas que les couples homosexuels se tourneront vers des pays qui les autorisent ?

On a bien légiféré en France sur l'avortement. Dans notre pays, on peut avorter jusqu'au trois mois du fœtus. Dans d'autres pays, cette limite est portée à six mois. Est-ce que nous avons pour autant adopté la loi ? La réponse est non. Moi je suis Français et je crois que nous avons le droit de décider de ce qui est le mieux pour les Français. Sur ces questions, c'est le droit de l'enfant qui doit primer. On ne peut nier aujourd'hui le rôle du père dans l'éducation des enfants. Il existe aussi des solutions autour de l'adoption qui peuvent répondre aux attentes de nombreuses familles homoparentales. Enfin, il faut penser aux conséquences de ces nouveaux droits. Et notamment les dérives qu’il faut mesurer avec lucidité. Prenez le cas du Cryos, cette banque de sperme, basée au Danemark, qui permet de sélectionner un donneur sur catalogue, selon 12 critères tels que la taille, la couleur des yeux, le profil psychologique ou la profession. C'est cette société là que l'on veut ? Nous sommes pour le principe de précaution. La plus élémentaire des prudences. Il faut retrouver le sens des limites en forgeant une conviction soucieuse de l’être humain. Moi j'appelle chacun à se poser toutes les questions sur le sujet avant de prendre position.

Un mot sur la campagne des Européennes qui va prochainement démarrer. Le Rassemblement national serait en tête des intentions de vote aux élections européennes de 2019, selon un sondage Ifop publié ce dimanche. Pourquoi la Droite ne s'impose-t-elle pas davantage ?

Déjà, faudrait arrêter d'opposer les progressistes aux méchants nationalistes. Sur la question européenne, je crois qu'il faut prendre de la hauteur et les courbes de sondage ne doivent pas dicter le programme et les idées. La Droite porte une autre vision construite autour d'un programme pro-européen tourné vers le XXIe siècle. Nous n'avons pas besoin de consultation pour savoir comment faire avancer l'Europe. Il faut plus de protection des biens, des personnes et des entreprises. Une Europe ouverte sur le monde mais à une seule condition : que tout le monde respecte les mêmes règles. On le voit bien aujourd'hui avec les États-Unis qui plaident pour l'Amérique "first" (L'Amérique d'abord), la Chine et son dumping social et fiscal. Il n'y a pas de réciprocité entre les pays et cela doit changer. Il faut une Europe des réalités qui agit et protège, voilà le cœur de notre projet. Enfin, nous devons faire en sorte de remettre en route de nouveaux projets de réindustrialisation. On le voit dans notre grande région. Depuis Airbus, il n' y a pas eu de grands projets industriels. Il faut en finir avec l'Europe des rêves du Président Macron et avoir un langage de vérité, clair et ferme.

Propos recueillis par Abdel Samari

Abdel Samari

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