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Publié il y a 5 ans - Mise à jour le 07.12.2018 - thierry-allard - 4 min  - vu 671 fois

FAIT DU JOUR Le Contrat de transition écologique, « c’est 200 millions d’euros pour le territoire »

La secrétaire d'État Emmanuelle Wargon (au centre) et les différents partenaires ont signé ce jeudi au Pont du Gard le Contrat de transition écologique Aramon-Gard rhodanien (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

Malgré les circonstances, la secrétaire d’État à la transition écologique, Emmanuelle Wargon, est venue hier jeudi au Pont du Gard pour signer le Contrat de transition écologique Aramon-Gard rhodanien.

Une visite tout sauf anodine, tant le Contrat de transition écologique (CTE), le troisième signé en France et le premier de la Région, se veut la traduction issue et appliquée sur le terrain des objectifs nationaux de transition énergétique. Une transition tout sauf punitive, loin de feue la taxe carbone.

À l’origine, il y a une fermeture, celle de la centrale EDF thermique d’Aramon en 2016. Une bonne nouvelle pour l’environnement - la centrale fonctionnait au fioul - mais « un séisme pour les finances de la Communauté de communes du Pont du Gard (CCPG, ndlr), avec une perte d’environ 30 % des recettes fiscales », rappelle le président de l’intercommunalité, Claude Martinet.

Face à ce constat, « il a fallu agir vite », poursuit l’élu. Rapidement, élus et EDF se mettent autour d’une table et montent le projet de Cleantech Vallée, visant à assurer un avenir au territoire autour des technologies propres. Alors, lorsque le gouvernement et le ministre de l’époque, Nicolas Hulot, annonceront plus tard le principe des Contrats de transition écologique, qui visent à accompagner les territoires concernés par des fermetures de centrales de production électrique, le député de la troisième circonscription a convaincu les élus locaux et le ministère d’y intégrer Aramon et la CCPG, en les combinant avec l’Agglo du Gard rhodanien. « Deux territoires complémentaires, à la même culture historique et industrielle, dont l’alliance a permis d’atteindre la taille nécessaire pour ce projet », poursuit Claude Martinet.

Pour autant, « n’allez pas croire qu’il est facile de réunir nos deux intercommunalités, et les talents publics et privés, affirme le président de l’Agglo du Gard rhodanien, Jean-Christian Rey. Mais nous avons mis de côté ce qui pouvait nous séparer pour privilégier ce qui nous unit : l’envie de faire gagner ce territoire. » Avec une nouveauté : « pas un État qui vient inventer ce qui sera bon pour un territoire, mais un État à disposition des territoires pour un dispositif qui s’adapte aux spécificités de chaque territoire », souligne le député Anthony Cellier.

Ça se traduit concrètement par des « fiches actions » de projets conduits à la fois par le public, comme la Région, la CCPG, l’Agglo du Gard rhodanien, l’ADEME, l’État et la Caisse des dépôts, qui mettent dans le CTE aussi des ressources humaines et de l’ingénierie, le parapublic comme EDF, le CEA ou Orano et le privé, comme l’entreprise du photovoltaïque RES ou Sanofi par exemple. On y retrouve « le développement du fret, de la formation, du photovoltaïque ou encore du démantèlement, pour faire au travers du CTE la démonstration qu’économie et écologie sont indissociables et intimement liées », affirme le député. Citons également le projet multimodal l’Ardoise éco fret, ou encore l’accélérateur de start-ups et de PME des technologies propres le Cleantech Booster.

Emmanuelle Wargon s'est également rendue sur le site de Socodei, qui participe au Contrat de transition écologique (DR)

« Le CTE est un élément de réponse » à la crise des gilets jaunes

De quoi injecter une coquette somme : « le CTE, c’est 200 millions d’euros pour le territoire, essentiellement des fonds privés », explique la secrétaire d’État, Emmanuelle Wargon. Par exemple, on y retrouve le projet So’Gard, de l’usine Socodei Centraco de Marcoule, une filiale d’EDF, qui va construire dans les prochaines années une installation visant à traiter, conditionner et valoriser les matériaux issus du démantèlement nucléaire. Le tout toujours à Marcoule, pour un montant de 100 millions d’euros.

Un projet qui s’inscrit dans le démantèlement nucléaire, et qui a été présenté à la secrétaire d’État sur place dans la foulée de la signature du CTE. Autre exemple, la construction de deux parcs photovoltaïques par RES sur l’ancien site d’Arcelor-Mittal à Laudun-l’Ardoise d’une puissance cumulée de 22 MégaWatts crête, soit l’équivalent de la consommation annuelle de 13 700 personnes.

Des exemples concrets de « cet outil pas normé qu’est le CTE, de comment on part d’un territoire et on développe une activité économique qui répond aux enjeux de la transition écologique, de façon inclusive et solidaire », souligne Emmanuelle Wargon. Le tout alors que « nous n’avons pas fini les fermetures de centrales. Nous allons accompagner quatre fermetures de centrales à charbon et celle de la centrale nucléaire de Fessenheim. Il nous faut donc apprendre à fermer et à surmonter ces fermetures », poursuit la secrétaire d’État. Une vingtaine de CTE sont prévus au niveau national, mais les premiers, comme celui d’Aramon-Gard rhodanien, ont vocation à créer « des territoires expérimentaux », note Anthony Cellier.

La secrétaire d'État a échangé avec des gilets jaunes (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

Alors si elle a maintenu cette signature malgré le mouvement des gilets jaunes, « c’est parce que le CTE est un élément de réponse, car il conjugue le développement économique et la transition écologique au service du territoire. » Un territoire dont les habitants « verront concrètement les effets du CTE à travers les emplois et une revitalisation économique et écologique », affirme Emmanuelle Wargon.

Pas vraiment de quoi convaincre les gilets jaunes venus au Pont du Gard, auxquels la secrétaire d’État est venue parler à l’issue de la signature du CTE. Au cours de la discussion animée mais plutôt courtoise, la secrétaire d’État fera toutefois un mea culpa gouvernemental : « Quand on regarde l’équation globale, nous avons baissé d’un côté des taxes et augmenté d’autres taxes. Ça devait être à peu près équitable mais nous n’avions pas vu qu’il y avait des gens pour qui ça empirait la situation. C’est pour ça qu’on a annulé la taxe carbone, et que nous nous sommes engagés à revoir les choses. » Et ce dans le cadre d’une « grande concertation de terrain sur la transition écologique et sociale », selon les mots d’Emmanuel Macron. Partir du terrain, comme pour le Contrat de transition écologique, donc. 

Thierry ALLARD

thierry.allard@objectifgard.com

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