Publié il y a 5 ans - Mise à jour le 21.01.2019 - anthony-maurin - 4 min  - vu 822 fois

FAIT DU JOUR Du vin sort souvent la vérité...

Une partie de l'équipe du Syndicat des vignerons gardois (Photo Anthony Maurin).

Le Syndicat des vignerons gardois a l'habitude de mener des opérations médiatiques dans plusieurs supermarchés du département (Photo : DR).

Un peu plus de 500 adhérents et des cœurs gros aussi serrés que des tripes... Le Syndicat des vignerons gardois va réunir son assemblée générale le 1er février prochain à Remoulins pour évidemment élire son nouveau bureau mais surtout pour parler actualité.

" Nous constatons toujours des fraudes dans les supermarchés de la région mais il y a trois ans, quand nous avons créé ce syndicat, nous l'avons fait pour défendre les intérêts des vignerons du département mais aussi pour transmettre une certaine idée, très spécifique, de la lutte syndicale de notre filière dans cette région ", note en préambule Xavier Fabre, patron du syndicat gardois.

Il est certain que la vigne a été, pour notre région en tout cas, à l'origine de la civilisation actuelle. Concomitante à l'avancée romaine, elle a toujours apporté richesse, prospérité et qualité de vie mais les temps changent et il faut rappeler aux petits nouveaux les bases de l'engagement terrien. " Nous allons profiter de l'assemblée générale pour diffuser un film qui retrace les grandes luttes syndicales du secteur viticole régional entre 1907 et 1976. Tout est encore terriblement d'actualité, les causes et les luttes sont identiques, les effets aussi alors c'est bien de comprendre ça pour réfléchir à l'évolution de notre action au XXIe siècle. Il nous faut être conscient de cet héritage, le syndicalisme viticole c'est une force, ça fait partie de notre ADN ", assure le président.

Une petite piqûre de rappel nécessaire pour avancer tout en regardant dans le rétro. Les professionnels de la vigne sont de moins en moins nombreux à en vivre et à se mobiliser, ce sont aux modes d'action de s'adapter à la vie d'aujourd'hui. " À une époque, 90 % d'un village vivait de l'agriculture dans notre région. Aujourd'hui et en prenant large, on peut dire que le secteur fait vivre 50 000 personnes dans le département. Économiquement, l'agriculture est le premier secteur d'activité économique, devant le tourisme ! ", brosse quant à lui Nicolas Boudon, membre du bureau.

Plusieurs plaintes déposées

Et le vigneron de reprendre : " On a su se remettre en cause, être réactif mais des choses font mal aujourd'hui... Des vins étrangers, produits avec d'autres réglementations que la nôtre sont vendus chez nous ". Des fraudes recensées, une amertume avouée. Trois plaintes déposées, sept signalements aux fraudes effectués. Les choses avances, les lignes bougent mais les vignes dépriment.

Un procès contre l'Intermarché de Caissargues devait avoir lieu en décembre dernier mais il a été reporté au mois de juin prochain. " Pourtant, toute la profession s'était portée partie civile. Mais nous restons vigilants. D'ailleurs dans les Leader Price, nous avons vu ce matin une bouteille qui faisait passer son vin pour un produit de l'Hérault alors qu'il est de la communauté européenne. Nous avons déposé plainte ", affirme Xavier Fabre.

Le syndicat, très bien organisé, a divisé le Gard en neuf zones que les adhérents sillonnent. En chassant au gré des rayons, s'ils débusquent une fraude, le chasseur va porter plainte au commissariat le plus proche.

Autre épineux sujet, les produits phytosanitaires. " On a rencontré les fournisseurs en produits phyto au sujet d'une redevance (NDLR, RPD). Cette fiscalité environnementale inciterait les usagers à un comportement plus vertueux et permettrait à l'agence de l’eau d’aider financièrement les actions de protection de l’eau mais nous ne voyons pas souvent revenir cet argent ! On entend depuis six mois que cette taxe va augmenter fortement. La loi a été voté le 28 décembre à 04h23 et les fournisseurs ne connaissent la liste des produits concernés que depuis le 16 janvier alors que la loi doit s'appliquer depuis le 1er janvier... Pour certains, le prix des produits va être multiplié par trois ! ", poursuit le président Fabre.

Image d'illustration de vignes. Crédit photo : Pixabay

Sur les 20 dernières années, la filière a réduit de moitié l'usage des produits phytosanitaires. " Sur la protection de l'environnement, nous sommes leaders en Europe voire dans le monde. On marche sur la tête, nous voulons juste défendre la plante, nous sommes de chefs d'entreprise mais nous sommes aussi des consommateurs, nous avons la triple casquette alors nous ne nous amuserions certainement pas à faire n'importe quoi ! Vous ne prenez pas du Doliprane ou des antibiotiques tous les jours ? Et bien nous, c'est pareil ! Traiter une plante, ça coûte cher et on ne le fait jamais de gaieté de cœur. Nous ne voulons pas polluer. Nous voulons récolter, entretenir un paysage et produire correctement du vin. Nous sommes formés, certifiés et faisons très attention quant à l'emploi de ces produits ", fulmine Nicolas Boudon qui espère que le consommateur devienne lui aussi plus responsable en achetant des produits français, locaux si possible.

(Photo d'illustration : Thierry Allard / Objectif Gard)

Il y a bio et bio, production et production. Difficile de s'éduquer mais il faudra passer par ce filon pour inverser la courbe. Le consommateur se dit prêt à payer un peu plus cher pour consommer local, certes, mais il ne le fait pas forcément préférant au produit du terroir un article qui a été cultivé avec une réglementation moins et qui voyagé des semaines durant à travers le globe. On parle écologie, développement durable, empreinte carbone, qualité sanitaire ? Pour que cela change, il faut parler aux bons interlocuteurs.

" Depuis deux ans nous cherchons à rencontrer la présidente de la Région mais elle fait l'anguille. Nous irons peut-être la voir à Uzès pour le week-end de la truffe ! La marque Sud de France promeut nos produits et c'est une réussite. Mais quelques entreprises profitent de cette marque ombrelle pour vendre des produits étrangers. Nous aimerions aussi rencontrer le ministre de l'Àgriculture. Comme il est originaire de la Drôme, il viendra peut-être ici en rentrant chez lui... ", sourient les syndicalistes.

Anthony Maurin

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