Publié il y a 5 ans - Mise à jour le 22.01.2019 - abdel-samari - 4 min  - vu 1244 fois

LE 7H50 Spécial : Le patron de Veolia Eau France s'exprime sur le marché de l'eau de Nîmes métropole

Frédéric Van Heems, directeur général de Veolia Eau France, dans les locaux d'Objectif Gard ce lundi 21 janvier 2019 (Photo AS/Objectif Gard)

Frédéric Van Heems, directeur général de Veolia Eau France, s'est déplacé à Nîmes ce lundi pour répondre aux attaques dont son groupe est l'objet depuis que Nîmes métropole a fait connaître son choix pour le prochain marché de l'eau (2020-2028). Il est l'invité du 7h50.

Objectif Gard : Vous êtes en passe de remporter le marché Nîmois. Votre première réaction ?

Frédéric Van Heems : Joie et fierté. On est des compétiteurs. Nous avons proposé nos services à Nîmes métropole et je crois qu'ils étaient en adéquation avec les attentes de la collectivité qui souhaitait, de façon très forte, un niveau d'exigence élevé. À la fois sur le volet technique, en matière de transparence, et dans la relation avec le consommateur-usager. Une relation différente qui fait la part belle à la loyauté, à la compétence, à un haut niveau technologique.

Pourquoi l'Agglo nîmoise a-t-elle choisi votre entreprise ?

On a fait une offre très complète en réponse au cahier des charges très complexe. Il y avait un besoin de rattrapage technique et technologique pour que Nîmes retrouve un niveau de rendement et d'efficacité conforme. Nous avons répondu aux cinq critères exprimés dans la mise en concurrence. On a travaillé pour être les meilleurs. Et je ne crois pas que l'offre la mieux disante était la condition sine qua non. C'est le meilleur rapport qualité-prix qui était attendu. Vous savez en matière de prix, on peut toujours annoncer ce que l'on veut. Nous, on s'est positionné avant tout sur un haut niveau de technicité.

Comment allez-vous vous différencier après près de 50 ans de gouvernance par la Saur ?

Aujourd'hui, on est dans un monde en forte concurrence. Une mise en concurrence comme celle organisée par l'Agglo de Nîmes est plutôt quelque chose de sain. On milite pour cette concurrence. C'est l'inverse par exemple d'une régie où il n'y a jamais de remise en cause. Elle finit par s'endormir sur ses lauriers. Pour ce marché, je me suis engagé personnellement. J'ai participé à toutes les auditions. J'ai travaillé en permanence avec nos équipes et pas depuis quelques semaines. Cela fait trois ans environ que l'on regarde ce marché Nîmois. La compétition a été très intense. On a voulu répondre chaque fois du mieux possible à tous les critères. Maintenant, nous sommes prêts avec des ambitions fortes pour Nîmes. Nous restons donc dans l'attente du vote du conseil communautaire qui est souverain pour démarrer notre préparation.

Qu’est-ce qui va changer pour les clients Nîmois ?

Beaucoup de choses. D'abord le prix qui va baisser. Nous avons ensuite une réelle expertise technologique, humaine. Nous sommes aujourd'hui une référence en matière de "télé-relevé", de méthanisation, d'outils de transparence... Un exemple : les usagers, avec leur téléphone portable, pourront accéder aux informations en temps réel sur leur consommation. Nous pourrons aussi les alerter en cas d'anomalie, à l'heure près. Nous voulons avoir une relation sur-mesure avec chaque client. On a bien compris la volonté de l'Agglomération, à travers le cahier des charges, de recréer la confiance avec les habitants et son service de l'eau. Une société dédiée va être créée à cette occasion. Et son conseil d'administration comprendra quatre administrateurs qui seront choisis en toute indépendance par Nîmes métropole. Pourquoi pas des habitants qui ne seront pas seulement ambassadeurs mais participeront à l'ensemble des décisions, que ce soit le budget, les orientations stratégiques ?

Ce marché est soumis à beaucoup de polémiques depuis la révélation du résultat de la mise en concurrence. Pourquoi à votre avis ?

C'est surtout exacerbé par les réactions du candidat sortant. Une réaction que je comprends pour partie. On est tous des compétiteurs et c'est normal d'être déçu. Mais c'est comme le foot : à la fin du match on a perdu, on est déçu et on passe au match suivant. C'est dommage de contourner la réalité, d'instrumentaliser la situation des salariés. Tout cela me laisse perplexe. D'autant que nous avons posé la question durant la procédure pour être sûr du nombre de salariés à reprendre et c'est la Saur elle-même qui a validé le chiffre d'une centaine d'emplois. Très clairement, nous reprendrons 100% des salariés concernés par le marché de l'eau et l'assainissement. Plus que cela : si le conseil communautaire valide le choix de Veolia, nous avons pris l'engagement de rencontrer individuellement tous les salariés. En ce qui concerne les emplois indirects, il y a beaucoup de manipulation sur les chiffres. Nous qui sommes un peu partout en France, plusieurs de nos sites sont dans des villes où nous n'avons pas la gestion de l'eau. C'est lié à des questions stratégiques ou historiques. Cela me paraît surprenant de faire ce chantage à l'emploi.

Vous êtes indéniablement un plus gros groupe que la Saur sur le marché de l’eau. Pourquoi vous positionner à Nîmes alors que vous avez tendance à vous implanter plutôt dans des grandes villes comme Bordeaux ou Toulouse ?

Ce n'est pas exact car nous sommes présents dans des petites villes, dans des villes de taille moyenne et dans des grandes métropoles comme Lyon ou Bordeaux. Nous sommes à Nîmes pour y rester, si c'est votre question. Nous installerons d’ailleurs notre direction départementale à Magna Porta. Nous souhaitons également développer un centre de formation national sur le territoire de Nîmes. Il aura vocation à former sur les sujets prioritaires liés à l'eau, en priorité la résilience qui définit la capacité d'un territoire à fonctionner indépendamment des crises comme le changement climatique par exemple. Enfin, nous souhaitons organiser un colloque international sur le territoire dont l'objet portera sur la gestion, la protection et la sécurité de l'eau autour de l'arc méditerranéen.

Avec à la clé des emplois indirects donc...

Sur notre projet de "télé-relevé", ce sont déjà une trentaine d'emplois qui seront réalisés dans les trois premières années. Nous sommes une entreprise sociale et même de ce qui n'est pas prévu dans le cahier des charges nous prendrons toute notre part.

Propos recueillis par Abdel Samari

Abdel Samari

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