Publié il y a 5 ans - Mise à jour le 02.02.2019 - anthony-maurin - 4 min  - vu 487 fois

SPECTACLE L'ode au maestro Juan Bautista d'Arnaud Agnel

Le comédien Arnaud Agnel est à l'origine d'un spectacle qui évoquera la vie du maestro Juan Bautista... Mais pas que ! À voir le 5 septembre au théâtre d'Arles.
Brindis au ciel pour le premier duel de Juan Bautista (Photo Anthony Maurin).

Un peu de Champagne pour fêter sa sortie en triomphe et son ultime corrida réussie à Nîmes pour Juan Bautista (Photo Anthony Maurin).

" Je ne me sens bien, au fond, que dans des lieux où je ne suis pas à ma place " est une adaptation du livre Lettres à Juan Bautista de Yves Charnet.

Cette pièce au titre à rallonge a été adaptée par Arnaud Agnel qui la mettra en scène et qui la jouera. La voix off sera assurée quant à elle par l'illustre Philippe Caubère qui sait ce signifie l'univers taurin pour avoir joué seul sur scène l'excellent Recouvre-le de lumière d'un certain Alain Montcouquiol.

Arnaud Agnel est aficionado avant d'être comédien. Depuis des années, son travail d'acteur l'a conduit (notamment grâce à l'appui de l'association Les Avocats du diable) à faire se rencontrer poésie, littérature et tauromachie. À Arles, son travail a pu être apprécié du public à plusieurs reprises, entre autres par le prisme du texte qu'il avait écrit et dit sur Manolete lors de l'annonce de la Feria de Pâques 2017, ou, plus récemment, le samedi 19 janvier dernier, avec la " Surprise Chamaco ". Aujourd'hui, à l'occasion des 20 ans d'alternative de Juan Bautista, il se lance dans un ambitieux projet : rendre hommage au torero en créant un spectacle à partir du livre de Yves Charnet Lettres à Juan Bautista.

Arnaud Agnel invoquant les propos de Roland Massabuau en hommage à Chamaco à la chapelle des Jésuites (Je n'y étais pas, j'ai donc lâchement volé la photo qui ne rend d'ailleurs pas assez hommage à la prestation).

Cette création sera présentée au théâtre d'Arles le 5 septembre 2019, soit deux jours avant ce qui sera la dernière corrida du maestro arlésien.

Jean-Baptiste et moi, nous avons un lien particulier. Fort. Une vraie amitié. Nous nous connaissons très bien depuis nos adolescences. J'étais à Nîmes le jour où, encore tout jeune novillero, il a gracié Tanguisto. J'étais à Arles le jour de son alternative. J'étais entre autre présent l'an dernier à Arles pour la Goyesque, à Nîmes pour sa dernière corrida, à Dax pour son solo. Je suis allé le voir pour son avant-dernière corrida à Las Rozas... C'est même, pour tout vous dire, le torero que depuis 20 ans j'ai le plus vu toréer, je crois ! Et Dieu sait que j'en vois des corridas chaque année !... ", avoue Arnaud Agnel.

" En tant qu'acteur, cela fait des années que je cherche à revenir à ma première passion, la corrida, par le biais de ma seconde, le théâtre. Il me fallait juste trouver l'angle d'attaque, et les multiples réflexions que j'avais toujours eues jusqu'alors à ce sujet m'avaient malheureusement laissé insatisfait. "Lettres à Juan Bautista", c'est un livre sur l'absence, sur le manque, sur cet espace-temps qu'on cherche à combler, et comment, sans jamais savoir vraiment. Juan Bautista, c'est un artiste et comme tout artiste, c'est un être mystérieux ", poursuit le comédien qui pote de multiples casquettes dans ce projet.

Arnaud Agnel, prophète en son pays. (Photo Baptiste Manzinali / Objectif Gard)

Il est aussi le metteur en scène de la pièce à venir. " J'ai travaillé sur l'absence, le fantôme, l'écho. Quelques éléments de sons et d'images venant compléter le tout. Et rien d'autre. Du minimalisme, du suggéré. Sensitif. Sensoriel. Les éléments extérieurs sont rares. Le focus n'est donc à chaque fois fait que par l'imaginaire du spectateur, afin que celui-ci vive une expérience à la fois sensitive, littéraire, inattendue, mais surtout, personnelle, profondément, au point d'en être bouleversante. Un mur-écran en fond de scène, une table à cour, une chaise, et c'est tout. Tel un torero dans l'arène, tel un poète devant sa feuille, tel un acteur devant un public, tel un public face à un spectacle. Chacun nu. Face à soi. Dans le vide d'un miroir au reflet imprévu. "

La tauromachie n'est peut-être pas le meilleur sujet, le plus consensuel en tout cas, pour percer. Arnaud Agnel n'en est pas là. Il veut libérer une parole, prendre un thème et le contourner comme le maestro élude la charge de son adversaire. L'intelligence avant tout, la présence humaine en premier. " Jean-Baptiste est omniprésent dans ce spectacle, que ce soit par des faits, des propos, des vidéos, des sons... Mon souhait est simple : je veux qu'en sortant du spectacle, les gens qui ne connaissent pas Jean-Baptiste aient été intrigués et aient envie d'en savoir plus sur lui, et que ceux qui l'aiment l'aiment encore plus... ". Et celles et ceux qui n'aiment pas la corrida, tout court ? Arnaud Agnel se prive-t-il d'un public ? Pas du tout, pour lui, la curiosité prévaut.

Juan Bautista sur son premier toro lors de son avant-dernière corrida goyesque, deux oreilles en 2018 (Photo Anthony Maurin)

" Et là aussi, c'est mon souhait. La facilité serait de dire que ce spectacle est un spectacle taurin, sur la tauromachie, et qu'il n'est adressé qu'au public aficionado. Ce serait une erreur totale. Malgré la toile de fond taurine, ce projet n'est pas un projet sur la tauromachie, et encore moins sur cette thématique. On ne parle ici que du destin d'un homme, Jean-Baptiste. De deux, si on associe l'auteur à ce parcours initiatique. De trois, si on considère que l'acteur au plateau est lui-même dans une quête... J'ai eu le désir, durant mon travail de création, de présenter une étape de travail devant un public plus que restreint, à Lille, ville non-aficionada et peu sensible à la tauromachie. J'ai été stupéfait de voir à quel point les rares spectateurs présents avaient pu être touchés par cette histoire ", conclut Arnaud Agnel.

Les réservations sont d’ores et déjà possibles via l’adresse suivante : spectaclejuanbautista@gmail.com. Tarif unique de 12 euros. Rendez-vous le jeudi 5 septembre à 19h30 au théâtre d'Arles en présence du maestro Juan Bautista et de Yves Charnet.

Juan Bautista et ses deux enfants (Photo Anthony Maurin).

Anthony Maurin

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