Publié il y a 5 ans - Mise à jour le 07.03.2019 - thierry-allard - 5 min  - vu 1096 fois

FAIT DU JOUR À Roquemaure, « un projet global » pour le quartier de la Tour de la Reine

Vue d'artiste du projet de la Tour de la Reine, à Roquemaure (DR)

C’est l’histoire d’un quartier situé dans l’enceinte d’un ancien château, un des plus grands du Comte de Toulouse, bâti au XIIème siècle en bordure du Rhône à Roquemaure.

Un château tombé en ruines depuis plusieurs siècles et dont il ne subsiste que quelques éléments, comme la Tour de la Reine, tour ronde située à côté de la tour carrée, l’emblème de la ville. C’est là que la mairie a pour ambition de mener un projet d’envergure qui devrait coûter environ cinq millions d’euros.

« C’est un projet global pour tout un quartier », affirme le premier-adjoint Patrick Manetti, délégué à l’aménagement du territoire et au foncier. Il faut dire que le projet mêle allègrement la réhabilitation du patrimoine, avec la préservation, la valorisation et l’animation de la Tour de la Reine, la rénovation d’un grand bâtiment voisin qui a, tour à tour, abrité une filature de soie, une fonderie, un cinéma puis une discothèque pour le transformer en un espace dédié aux associations culturelles et une salle polyvalente ; le spectacle avec la création d’un théâtre de verdure avec pour fond de scène le mur des péagers, « qui n’est pas classé mais qui a une valeur historique et patrimoniale », affirme l’adjoint, et l’urbanisme avec la construction d’une passerelle piétonne sur le canal du Rhône reliant la place de la Pousterle et l’île Miémart. Le bâtiment compte trois niveaux de 180 mètres carrés chacun, dont 110 mètres carrés pour la salle polyvalente du rez-de-chaussée.

Voilà pour le projet brossé à grands traits, sur un secteur où « actuellement il n’y a rien, la Tour est fermée car elle n’est pas mise en sécurité pour le public, et le bâtiment est lui aussi fermé, explique l’élu. Un particulier avait un projet de treize logements, mais il n’a plus donné signe de vie à personne, même au fisc. » La mairie a donc acquis le bâtiment contre 200 000 euros au début de la mandature, « dans le but de faire un projet de mise en valeur », explique Patrick Manetti, avant d’affirmer que ledit bâtiment « est sain, il faut refaire la toiture, mais il est sain. »

Vue d'artiste du projet de la Tour de la Reine, à Roquemaure (DR)

« Tirer Roquemaure vers le haut »

Un projet qui figurait dans le programme de la liste tirée par André Heughe qui a remporté l’élection municipale de 2014, et qui a pris plus de temps que prévu à se dessiner, la faute à la contraction des dotations de l’État qui a durement touché Roquemaure, comme presque toutes les communes. « Mais je regrette surtout qu’il n’y ait rien eu de fait avant, un tel projet aurait pu démarrer il y a vingt ou trente ans », lance Patrick Manetti, élu depuis une dizaine d’années. Aujourd’hui, le projet en est à la phase dite de l’APS, pour Avant-projet sommaire. « Nous allons rentrer dans l’avant-projet détaillé, où on aura des coûts plus affinés, à la hausse ou à la baisse », explique l’élu. Pour l’heure, le montant de cinq millions d’euros revient.

Autant dire une fortune pour une commune de la taille de Roquemaure, environ 5 500 habitants. « On va aller à la chasse aux subventions », avance Patrick Manetti, qui compte aller toquer à toutes les portes de potentiels financeurs, jusqu’à l’Europe et la Compagnie nationale du Rhône. « Nous espérons arriver à 40 % d’aides, peut-être plus, mais avant il nous faut avoir toutes les billes en main et voir pour phaser le projet », poursuit Patrick Manetti. En clair : rien ne bouge côté gros sous tant que le projet n’est pas affiné et dûment estimé.

Vue d'artiste du projet de la Tour de la Reine, à Roquemaure (DR)

Car à l’heure actuelle, la mairie ne sait pas si le projet est réalisable, « pour ça, il nous faut avoir l’avant-projet détaillé », commente l’élu. Un élu qui y croit, et qui estime que « oui, c’est un coût, mais c’est un investissement pour tirer Roquemaure vers le haut. » Car il en est bien conscient, Roquemaure est loin d’avoir la cote de ses voisines Châteauneuf-du-Pape ou Villeneuve. « Roquemaure a une réputation qui est ce qu’elle est, le foncier est au plus bas, il faut des projets pour donner une meilleure image », poursuit Patrick Manetti. Le tout « sans alourdir l’impact sur les finances locales, on ne fera pas d’écart et nous n’augmenterons pas les impôts locaux », jure-t-il, même si dire l’inverse serait pour le moins surprenant à un an des municipales.

Pas pour tout de suite

Donc pour que ce gros projet voie le jour, il faudra que la commune soit aidée : « ça dépendra des subventions, nous n’avons pas la grosse tête pour nous aventurer sur des risques financiers, nous ne sommes pas une commune surendettée, loin de là », explique-t-il. Quant au phasage du projet, il pourrait commencer par la construction de la passerelle, à laquelle la municipalité semble tenir. « Dans l’idéal, ce projet ne sera pas lancé avant deux ou trois ans et ensuite sera phase sur cinq ans, ça nous ramène à presque dix ans, mais c’est aussi notre rôle que de nous projeter », estime Patrick Manetti.

D’ici là, l’élu promet que ce lourd projet « ne nous empêchera pas de faire ce qu’il y a à faire », notamment du côté du centre-ville, qui doit être revalorisé. Ainsi, une Opération programmée d’amélioration de l’habitat (OPAH), dispositif déjà mis en place dans le centre ville de Pont-Saint-Esprit, doit y être lancée.

Thierry ALLARD

thierry.allard@objectifgard.com

Pour l’élue d’opposition Nathalie Nury, « c’est un projet pharaonique pour Roquemaure, pour moi ce n’est pas une priorité, nous avons un village qui se meurt et un centre-ville qui se paupérise et on ne fait rien, il faut une politique d’urbanisme du centre-ville. » Pour elle, « cinq millions d’euros c’est cher payé, il y a d’autres priorités, comme la voirie ou la propreté du village, avant un théâtre de verdure qui ne servira que trois mois dans l’année. » Bref, « s’il faut voter, je voterai contre », lance-t-elle, et ce même si elle rappelle que la municipalité a d’ores et déjà engagé 130 000 euros d’études sur ce projet.

MàJ 7 mars : L’élu d’opposition Luc Rousselot estime que « le gros problème c’est qu’ils ont lancé ça sans que ce soit voté à ce jour. » Pire, pour lui « il ne semble même pas que ce projet s’inscrive dans une vision de l’aménagement général de la commune », et le montant, de cinq millions d’euros, est élevé. Quant au budget de fonctionnement, « ils m’ont répondu ‘chaque chose en son temps’, je trouve quand même cela assez grave. » Luc Rousselot préfère évoquer la situation du centre-ville et de ses logements vacants, « pour l’instant la seule chose qu’ils ont fait, c’est une taxe sur les logements vacants, on ne peut pas que taper sur les gens, il faut avoir une politique incitative en contrepartie. »

Thierry Allard

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