Publié il y a 5 ans - Mise à jour le 27.03.2019 - veronique-palomar - 5 min  - vu 586 fois

FAIT DU JOUR Comment se porte le tourisme en Petite Camargue ?

Un diagnostic de l'Epic révèle points forts et faibles.
Le Port de Gallician est considéré comme un hébergeur avec ses 41 places à quai (photo D.R)

Tourisme vert en Petite Camargue (photo RT)

Loin des stations balnéaires et de la moyenne montagne, la Petite Camargue a tout de même bien des attraits. Pour développer son tourisme, la logique était donc de commencer par une étude de l'offre d'hébergement et de restauration, les premiers atouts d'un territoire qui veut garder ses visiteurs. 

Enquête objective

Élus et office du tourisme Cœur de Petite Camargue ensemble pour réfléchir aux aides à mettre en place pour les hébergeurs et restaurateurs du territoire (photo Véronique Camplan)

C'est l'office de tourisme Cœur de Petite Camargue qui s'est chargé de dresser un diagnostic sur l'hébergement touristique et la restauration. Cette étude concerne le territoire qui comprend les communes de Vauvert, Aimargues, Aubord, Beauvoisin et Le Cailar. Sa directrice ,Mireille Bremond, a souhaité obtenir une vision objective, actuelle et complète de ces secteurs.

Les hébergements

Pour que le recensement soit le plus exhaustif possible, les nouveaux canaux de distribution (Airbnb, Abritel, Le bon coin, etc.) ont été passés au peigne fin, en complément des vitrines officielles (Gîtes de France, Clés vacances, etc.). Les acteurs du tourisme se démultiplient avec l’entrée en masse de particuliers sur le marché.  Pour les hébergeurs traditionnels, (hôtels, campings, hébergements de groupe), il s’agit de se positionner face à cette nouvelle concurrence.

Du cachet mais…

La moitié des hébergements touristiques est installée dans des bâtiments anciens qui ont du « cachet ». Toutefois, les dates des dernières rénovations importantes (sanitaires, literie, etc) font apparaître qu’elles datent de plus de 5 ans pour un tiers des hébergeurs. Quelques établissements sont orientés haut de gamme (Domaine de Malherbes, Le clos de Camargue…) et de nouveaux arrivants tendent également vers une offre qualitative (chambres d’hôtes Envie de Sud).

Silence sur la toile

Aujourd'hui, les visiteurs sont très exigeants sur la connexion, 83% des hébergeurs leur offrent une connexion Wifi.  Seuls 27% déclarent recevoir la 3G ou la 4G. La question a peut-être été mal comprise car ces ratios sont extrêmement bas. Les entretiens en face à face confirment toutefois que certains hébergeurs sont situés en zone blanche.  Pour les autres, l'utilisation d'Internet pour la communication reste à améliorer.  Il apparaît donc nécessaire de mettre l'accent sur la création et l’enrichissement de site web, l’utilisation de bases de données de photos, la distribution, la vente et  la réservation en ligne et enfin le référencement qui permet la visibilité sur la toile.  Majoritairement, les besoins tournent autour de la question "Comment et par quels moyens puis-je capter de nouvelles clientèles notamment étrangères ?".  Des actions d’accompagnement (ateliers collectifs, accompagnement individuel) ont été mises en place envers ces professionnels qui devront se mettre à la communication 2.0.

Les restaurants

La petite restauration, si elle est bien placée a autant de succès que les restaurants traditionnels auprès des visiteurs (photo d'illustration)

En Petite Camargue, 46 établissements proposent de la restauration sur placePlus de la moitié se trouvent à Vauvert, 11 à Aimargues, 4 à Beauvoisin, 2 à Aubord et au Cailar. Ont été identifiés, les restaurants traditionnels, les restaurants de type rapide, les foodtrucks, les boulangeries proposant de la restauration sur place et les cafés proposant de la restauration sur place. Parmi les 20 restaurants traditionnels, une majorité propose de la cuisine traditionnelle familiale. Ceux qui offrent de la petite restauration (café, boulangerie, fast food), lorsqu’ils sont situés sur des axes touristiques sont fréquentés par les touristes au même titre que la restauration traditionnelle.

La Petite Camargue compte 0,8 restaurants pour 1 000 habitants. C’est peu comparé à la moyenne départementale (1,7) et très en-deçà des taux du littoral (9,1 en Terre de Camargue). Il existe des restaurants de toutes tailles en Petite Camargue, de 14 couverts pour Tovana pizza à Beauvoisin à 110 couverts pour la Table de Sylvéréal. En moyenne, un restaurant compte 57 couverts, terrasse comprise. C’est peu (exemple dans l’Est-Hérault = 72). 

Trois  profils différents 

Ceux dont les clients sont des habitants et travailleurs locaux représentent la moitié des établissements de la Petite Camargue. Ceux qui ont une clientèle mixte touristes/locaux, représentent un tiers des restaurants. Ceux qui travaillent principalement grâce au tourisme représentent 10% des restaurants. Les touristes sont soit de passage (voie verte à vélo, marcheurs de Compostelle, route des plages, autoroute...) soit hébergés sur le territoire (locations, campings, résidences secondaires, chambres d’hôtes, gîtes, etc.). 

Le chiffre d’affaires total généré par la restauration sur place est de 13 millions d’euros par an.  Un tiers de l’activité est réalisé par le Mc Donald’s d’Aimargues. Le chiffre d’affaires moyen est de 200 000€ (hors Mc Donald’s 4,2 millions d’€ ), contre 330 000€ dans le Gard.

21% des clients touristes seraient étrangers

C’est une proportion assez élevée proche des taux observés sur le littoral. Les Anglais et les Belges sont les plus nombreux. Arrivent ensuite les Allemands et les Suisses. Les Italiens, Espagnols et Hollandais sont plus rares. 58% des restaurateurs parlent au moins une langue étrangère (contre 80% chez les hébergeurs), 58% parlent anglais ou ont des notions, 33% parlent espagnol ou ont des notions . Au regard de la nombreuse clientèle allemande, un effort de formation ou de recrutement de personnel germanophone pourrait être encouragé. 

De la cuisine locale

Gardianne de taureau, un plat typique et apprécié (photo d'illustration)

 71% des restaurateurs se fournissent localement totalement ou en partie. Certains ont toutefois recours aux réseaux de distribution de gros car ils n’arrivent pas à obtenir une qualité égale et une quantité suffisante toute l’année auprès des producteurs locaux. L’ancrage territorial est très marqué chez les restaurateurs de Petite Camargue, qui cuisinent beaucoup de recettes camarguaises tournées vers la terre ou la mer. Un bon point pour le tourisme ! 

Selon les restaurateurs, les atouts du territoire sont les produits, l'environnement, la présence d’entreprises et de touristes. Versant inconvénients : des touristes trop peu nombreux, un lieu de passage où on ne s’arrête pas, un sens de l’accueil à améliorer, un pouvoir d’achat faible.

Bouches à oreille et panneaux de signalisation

Pour attirer la clientèle, les restaurateurs comptent en général sur le bouche à oreille, ils ont une clientèle fidèle et locale. Leurs pratiques numériques sont assez limitées : seul un sur deux a un site internet propre, 4% proposent de la réservation en ligne. Seul un professionnel sur cinq répond régulièrement aux commentaires de clients postés en ligne.  Plusieurs restaurateurs affirment être réticents aux réseaux sociaux car ils ne contrôlent pas les commentaires postés, qui peuvent être parfois agressifs et faux. Des actions devraient être mises en place pour renverser la tendance.

Les actions qui recueillent le plus de réponses favorables de la part des restaurateurs sont d'attirer plus de touristes sur le territoire et mettre en place de la signalétique. Les démarches collectives comme les formations ou les rencontres entre professionnels rencontrent un succès limité. Les professionnels réticents expliquent manquer de temps. Ils se connaissent déjà par d’autres biais (associations de commerçants). Par ailleurs, ils ont tendance à penser que le succès de leur affaire repose avant tout sur leur travail. L’utilité des collectivités et des actions collectives locales est parfois rejetée. 

Des ateliers sont mis en place par l'office de tourisme et une réflexion est lancée pour permettre de répondre aux attentes des acteurs du secteur. Il faudra aussi que ces derniers soient à l'écoute des préconisations… En attendant, il n'est pas interdit de succomber au charme de la Petite Camargue.

Véronique Palomar-Camplan

Véronique Palomar

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