FAIT DU JOUR "Je suis de Vauvert et toi ?" Parole nécessaire contre le racisme ordinaire
Un des événements phare du 8e Printemps de l'éducation contre les discriminations et le racisme en Petite Camargue est sans doute la production d'un court métrage "Je suis de Vauvert et toi" ? Des Vauverdois d'adoption et de souche se racontent. Au racisme, le collectif du Printemps oppose la parole.
Tout a commencé en 2012. Éric Krzywda directeur de l'association Rives qui coordonne le Printemps de l'éducation et son collaborateur, le bénévole Guy Giovani, se souviennent. "C'était pendant la période électorale. La parole raciste avait une fâcheuse tendance à se répandre sur le territoire". La nécessité est donc apparue de mettre en place des actions pour contrer le phénomène. Le collectif du Printemps était né. Au départ, ses actions encadraient la Journée nationale du 21 mars contre les discriminations. Aujourd'hui, le collectif travaille main dans la main avec 60 partenaires privés et institutionnels et de nombreux bénévoles, et il propose des actions tout le long de l'année.
Immigration contre Coupo Santo ?
Pour sa 8e édition, le collectif a pensé un film documentaire. L'idée,? Incarner par des témoignages d'anciens, la difficulté à s'intégrer d'une part et d'autre part, l'évidence d'appartenir à la communauté territoriale pour ces nouveaux arrivants. C'est Régine Pascale, l'enfant du pays, qui ouvre le bal sur fond de Coupo Santo (hymne de la Provence), de taureaux et de flamands. Elle raconte son attachement profond et indiscutable à sa terre tout en expliquant que cette appartenance ne justifie pas, au contraire, l'exclusion de l'étranger. Une opinion dont l'unanimité fait débat.
Le prix de l'intégration
Ensuite, c'est au tour des immigrés de tous horizons de raconter. Il y a le "Pied-Noir" qui atterrit là, poussé par la guerre. "On m'a proposé un travail dont les gens ne voulaient pas. J'étais balayeur, puis je me suis accroché et j'ai fini dans le bâtiment. J'ai construit Vauvert", conclut-il pas peu fier. Même discours pour l'Espagnol. Il a commencé par les sales boulot puis a fini par siéger au conseil municipal, une intégration arrachée par le travail et une certaine dose d'indifférence à l'humiliation.
Aujourd'hui sa fille est mariée à un musulman et ça ne lui pose aucun problème. Il n'a pas oublié. Un autre musulman dit devoir sa place dans la communauté grâce à sa passion des taureaux. "Le racisme connaît pas" ,dit-il mais un petit quelque-chose au fond de sa prunelle semble le contredire. Un autre, s'excuse de ne pas bien parler le français : "Ce n'est pas de ma faute, je travaillais sur les chantiers et on mettait toujours les Arabes ensemble".
Et puis il y a le Gitan qui symbolise l'étranger tout en faisant partie intégrante de la culture camarguaise. L'homme qui a choisi de témoigner est arrivé enfant avec sa famille. Ils sont partis à pied de Perpignan où ils étaient logés dans un camp sur la plage. La famille a longé la mer, s'est arrêtée à Fourques pour enfin se fixer à Vauvert. "Les gens n'avaient pas prévu que les saisonniers allaient se fixer," fait justement remarquer la chanteuse Régine Pascal.
"Je ne fermerai pas ma gueule comme l'a fait mon père…"
C'est qu'à l'époque du travail il y en a. Même pour cette jeune musulmane de deuxième génération partie de sa Marne natale pour venir se fixer à Vauvert et qui travaille depuis 29 ans chez un maraîcher. Une deuxième génération moins lisse que la première tout en étant foncièrement attachée aux principes de la laïcité.
La jeune femme les défend par l'exemple en fondant une association musulmane et catholique. "Je ne fermerai pas ma gueule, comme l'a fait mon père", s'insurge-t-elle. Et de clamer : "Je suis de Vauvert". Une évidence. Mieux ! Une revendication pour tous, conjuguée toutefois à l'aveu d'avoir dû parcourir un long chemin fait de sales boulots et d'humiliations.
Aujourd'hui ce temps est révolu et chacun a trouvé sa place. Ce qui paradoxalement ne semble pas être le cas de la troisième génération plus en rupture, moins intégrée et sans volonté apparente de vouloir de cette appartenance. "La faute au travail, avancent Éric Krzywda et Guy Giovani. Ou, plus justement, à l'absence de travail qui entretient la déshérence et le mal de vivre."
"Ce film, on l'a fait pour qu'il fasse débat. Il n'est pas destiné à ceux qui sont convaincus. Ce sont les autres que nous voulons toucher", espère le directeur de Rives. Avec en tête un autre espoir, celui d'une suite consacrée aux jeunes et qui les verrait témoigner.
En attendant, ce dimanche, le collectif du Printemps vous invite à le rejoindre à la Journée du vivre ensemble qui se tiendra à Aigues-Mortes, qui porte la manifestation cette année. Une centaine de Vauverdois seront de la partie pour se réunir autour d'animations et d'un repas partagé.
Véronique Palomar-Camplan
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