Publié il y a 5 ans - Mise à jour le 10.04.2019 - veronique-palomar - 3 min  - vu 355 fois

MERCREDI CULTURE Les "Lignes d'Erre" de Sylvain Brino

L'Espace culturel de Vauvert expose les ressorts de la création.
Sylvain Brino (Photo Véronique Camplan)

Tout commence ici ou finit là ? (© Jeanne Davy )

Jusqu'au 3 mai, la Médiathèque de Vauvert expose Sylvain Brino. Plasticien, poète nostalgique, inventeur à ses heures, Sylvain Brino est aussi enseignant. Ce besoin de transmettre lui donne l'idée de donner à voir les mécanismes de la création artistique. Une expérience initiatique au sein d'une brocante chimérique et de fantômes apprivoisés. Un voyage à s'offrir. 

"Toute ma vie j'ai été soit étudiant, soit professeur "

Sylvain Brino vit à Vauvert depuis presque huit ans dans une grande maison de ville avec un jardin. "C'est surtout l'atelier qui m'a fait choisir ce lieu", fait remarquer l'artiste quand on le complimente sur le cachet de sa demeure. Un grande baraque pleine de choses, en rénovation perpétuelle où des meubles d'époque côtoient ceux que Sylvain Brino fabrique pour rendre sa cuisine d'une fonctionnalité évidente mais auxquels il prend soin de donner une patine ancienne. Peut-être est-ce une admiration sans borne pour Léonard de Vinci qui le pousse vers des assemblages divers, des créations monumentales, la construction navale… Comment devient-on artiste ?

Pour notre homme, c'est la voie quasi royale. "J'ai été recruté comme enseignant aux  Beaux-Arts de Toulouse le jour même de la remisée mon diplôme", se souvient-il. Et de constater. "En fait toute ma vie, j'ai été soit étudiant, soit enseignant". Aujourd'hui, Sylvain Brino, ne donne plus de cours. "Je me sens  à nouveau un peu étudiant. J'approfondis certaines choses…"

Chimères monumentales et traces du passé

Construire une épave pour un promoteur   (Photo D.R)

Quand il n'enseigne pas, Sylvain répond à des commandes publiques et laisse libre cours à son désir de création, à son besoin de transformer de faire grand. "Vous avez vu les grosses mains que j'ai", se défend, le plasticien en souriant, "c'est plus facile de faire grand".  Mais il accepte vite de reconnaître la jubilation de l'homme à "ériger".  C'est ainsi qu'il crée une épave pour orner un lotissement de bord de mer, réalise des fresques, un assemblage de planches à voile chimérique, fou et rose pour marquer le rond-point des Salins, des éoliennes pour le CES des Costières…

Et puis, il construit des bateaux à voile. Quatre en tout. Le plus remarquable étant une reconstitution à l'authentique, d'après les peintures de Van Gogh et avec les moyens de l'époque, d'un bateau de pêche du Golfe du Lion, qu'il baptise Magalaino, du nom d'un vent qui souffle de la Montagne Noire à Aigues-Mortes (littéralement qui masque la lune). Avec ce bateau, il remonte les canaux avec la volonté de "remettre des voiles latines dans le paysage". En naviguant dans le marais, il découvre les cabanes de pêcheurs et leurs derniers habitants authentiques dont il recueille la mémoire en images et en vidéo. Puis, il s'entiche de vieux barbecues dont il collectionne les clichés glanés au hasard de ses errances…

"Il faut se battre pour sensibiliser le public à la création"

Sylvain Brino mettant la dernière main à la création exposée à la médiathèque  (photo Véronique Camplan)

Si l'art est souvent perçu comme l'obligation de la solitude, Sylvain Brino a voué l'autre partie de son parcours au partage de la démarche créative avec ses élèves. Aujourd'hui c'est avec le public qu'il propose de raconter l'inspiration, de faire passer le message des particularismes de l'art. "Il faut se battre pour sensibiliser le public à l'art, mettre de la pédagogie dans sa démarche", s'enflamme l'artiste. Il s’attelle là à une autre mission, celle de raconter l'art avec des croquis, des études, des objets, des photos. Cette exposition montre aussi une œuvre originale. Une tour (la jubilation d'ériger), qui figure l'origine et se termine dans un monde futur…

Comment naît l'inspiration

Des tubes serrés dans un vieux journal qui raconte une histoire moderne, les objets, le vent : tout parle à l'artiste (photo Véronique Camplan)

Dévoiler avec pudeur. Le public est entraîné dans la recherche, le doute, les hésitations et les bonheurs de la démarche créative. Cela procure le plaisir de mieux comprendre et celui, plus défendu, de passer de l'autre côté du miroir.

Véronique Palomar-Camplan

Ligne d'Erre jusqu'au 4 mai à Espace Culturel Jean Jaurès, Place d'Arnoux. Mardi, visite guidée sur rendez-vous. Mercredi de 9h30 à midi et de 14h à 18h30. Vendredi de 14h à 18h30. Samedi de 9h30 à midi. Entrée libre. Renseignements et réservations des visites guidées. 04 66 73 17 33.

Véronique Palomar

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