Publié il y a 5 ans - Mise à jour le 10.04.2019 - anthony-maurin - 3 min  - vu 3983 fois

NÎMES La ville qui touche le fonds...

Les rayons du magasin de la bibliothèque (Photo Anthony Maurin).

Les lettres d'Alphonse Daudet (Photo Anthony Maurin).

Sans compter les fonds modernes qui sont nombreux, le bibliothèque de Carré d'art, bibliothèque classé au même titre que 53 autres en France au rang des Biens nationaux et municipaux, recèle de nombreux trésors à travers ses sept kilomètres de rayonnage.

Le plus ancien date du Xe siècle et n'est autre qu'une copie du manuel de Dhuoda (*) mais Carré d'art possède 80 ouvrages très anciens allant jusqu'au début du XIXe.

" Pour celui-là, nous parlons de livres très anciens mais nous possédons 33 000 livres antérieurs à 1811, date de la création de la Bibliothèque nationale de France. À cela il faut ajouter plusieurs volumes car un titre est rarement seul. Cette collection vient de la Révolution française, des bibliothèques qui furent alors saisies et qui sont devenues propriétés de l'État ", explique Didier Travier, conservateur de la bibliothèque de Carré d'art.

Le manuel de Dhuoda (Photo Anthony Maurin).

En tout, on comptabilise la bagatelle de 154 000 titres dont 1 200 manuscrits et 1 500 iconographies dont certaines rares et précieuses. La collection complète a été mise sous la surveillance et la protection de la Ville mais la majeure partie du fonds vient tout droit de l'Académie de Nîmes qui a été dissoute à la Révolution puis recomposée depuis.

D'autres dons et legs proviennent de personnalités liées comme Jean-François Séguier, Marcellin Pellet, Charles Liotard, la famille Reinach... Mais aussi est bien sûr des congrégations religieuses. Les protestants ont donné leur fonds le plus ancien à la bibliothèque en premier. Vient ensuite la synagogue qui a versé pas mal d'ouvrages dont 80 rares ou très rares en hébreu. Pour les catholiques, il aura fallu attendre 1905 et la loi de séparation de l'État et l'Église.

Les chroniques de Nuremberg 1494 (Photo Anthony Maurin).

Aujourd'hui, comme fonctionne le fonds et comment s'accroît-il ? " Nous avons un porte-monnaie de 25 000 euros environ par an. Nous achetons en priorité l'histoire locale de Nîmes et du Gard, les ouvrages en langue française concernant la tauromachie, quelques pièces anciennes et des livres d'artiste qui témoignent d'un travail entre auteur et illustrateur. Nous nous laissons la marge d'un achat exceptionnel ! ", assure Didier Travier qui vient de faire l'acquisition de trois lettres d'Alphonse Daudet (une à Zola, une à Flaubert et la dernière de Mistral à Daudet) pour 6 500 euros (pris en charge à 80 % par la Région et l'État). Les trois plis ont été acheté aux enchères, préemptées afin que les prix ne flambent pas, et ce qu'on peut vous dire c'est que Flaubert coûte plus cher que Zola !

(Photo Anthony Maurin).

500 000 pages ont déjà été numérisé. Un chiffre qui paraît mince au vu des masses de travail qui reste à accomplir mais tout a un début ! Sans être dans le virtuel, tout ce qui est actuellement dans les murs de la bibliothèque n'est pas forcément répertorié... " C'est notre travail actuel. Tout ce qui existe doit être signalé et décrit. On redécouvre des fonds qui n'ont jamais été catalogués. Certains sont rares et importants, d'autres moins. Nous sommes cinq personnes à travailler ici et, tout ce que nous faisons entrer actuellement, nous travaillons dessus immédiatement pour éviter de prendre du retard ", poursuit Didier Travier.

Daniel-Jean Valade et Didier Travier (Photo Anthony Maurin).

Pour l'adjoint à la culture, Daniel-Jean Valade, " nous avons l'immense chance d'avoir monsieur Travier, un amoureux des livres et philosophe à ses heures. Ici, tout est très subtil mais la mémoire est très importante. Nous sommes attachés à tous ces ouvrages, notamment celui de Dhuoda. Nous sommes dans la lignée du pape de la littérature du XXe siècle, Jean Paulhan, c'est fondamental, essentiel. Tout comme le fait que les jeunes puissent venir ici ! Continuons cette chaîne de l'intérêt intellectuel et littéraire tout en étant dans une logique de diffusion. "

Chaque semaine, une dizaine de chercheurs vient consulter la base de données. Dans une autre salle, plus sécurisée et isolée en cas de catastrophe, sont entreposés les livres anciens, les raretés, les perles, les bijoux de la couronne du trésor nîmois. Environ 20 000 références mais on n'a pas vraiment compté. Parmi celles-ci, un exemplaire du décret de Gratien datant du XVe siècle, les chroniques de Nuremberg de 1494 mais aussi le plus vieux livre imprimé que Nîmes possède : un traité de phytothérapie de 1477.

* Dhuoda, née vers 800 et morte après 843, est une aristocrate de l'époque carolingienne, épouse du marquis Bernard de Septimanie et, fait exceptionnel pour l'époque, auteure d'un ouvrage destiné à l'éducation de son fils Guillaume.

Anthony Maurin

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