Publié il y a 4 ans - Mise à jour le 07.05.2019 - coralie-mollaret - 5 min  - vu 1067 fois

FAIT DU JOUR Éric Giraudier : « La CCI est en phase de redressement »

Le patron de la chambre consulaire explicite les changements en cours de l'institution et les détaille.
Eric Giraudier, président de la CCI

Éric Giraudier, président de la CCI Gard. (Photo : Objectif Gard)

Baisse des ressources, suppression de postes et vente de son siège : la Chambre de commerce et d’industrie présidée par Éric Giraudier se restructure. Une nouvelle organisation qui fait parfois jaser. Entretien.

Objectif Gard : Ça fait presque deux ans que vous êtes président de la CCI. Quel bilan tirez-vous de votre mandat ?

Éric Giraudier : Depuis janvier 2017, c’est un établissement public unique qui gère tout le Gard. Cette réorganisation aurait dû se faire avant… Aujourd’hui, nous sommes en phase de redressement. Nous construisons la CCI de demain. Cette phase de fusion s’est accompagnée d’une réduction drastique de notre budget et parallèlement, la CCI France a signé, le 8 avril, une convention d’objectif et de performance avec l’État. Ce nouveau partenariat est une nouveauté.

Ah bon, pourquoi ? 

Vous savez, les CCI sont des établissements publics, gérés et financés par des chefs d’entreprises. Nous ne recevons pas de fiscalité des ménages. Donc jusqu’à présent, il y avait peu de lien entre l’État et la CCI France. Cette convention fixe désormais un cadre national. On va signer une convention d’objectif et de moyens avec la CCI Région. À la suite de la loi PACTE, qui nous imposait d’avoir moins de ressources fiscales et plus de ressources propres, ce document transforme notre fonctionnement.

Dans quelle mesure ?

Désormais, nous aurons un tronc commun de tous les services à offrir aux entreprises. Ce n’était pas forcement le cas avant. Les CCI pouvaient donner des priorités différentes. Nous, par exemple, nous sommes très présents sur le commerce, l’industrie ou la transition écologique. On est très présent sur l’innovation, spécificité du Gard, avec le Bic innov’up. Si la CCI ne le fait pas, personne ne le fait. On apporte certains services qui sont indispensables et qu’aucune autre structure n’apporte.

Un "avant" et un "après" fusion

Présider la CCI aujourd’hui c’est différent d'hier?

Ça a complètement changé depuis le principe de la fusion, qui date de 2010. Aussi, sur la période 2013 - 2019, les ressources fiscales de la CCI Gard ont été diminuées de 71%. Cela a engendré de vrais changements dans le fonctionnement. La nouvelle organisation mise en place en 2018 a permis une économie sur les charges de personnel de 1,129 M€ et de 402 000 € sur les charges de fonctionnement.

Justement, dans votre budget 2019, comment la CCI du Gard se réinvente-t-elle ?

Ça s’illustre par le pourcentage des ressources propres par rapport aux ressources fiscales (63 % de ressources propres et 37 % de ressources fiscales). Il faut que l’on fasse des économies, que l’on vende de plus en plus de services pour pallier la baisse des ressources fiscales. Par exemple, plus d’1 M€ d’économie a été réalisée sur les deux CFA - Centre de formation des apprentis - (Alès et Marguerittes) mais le nombre d’élèves a augmenté de 18% en 2019 par rapport à la rentrée 2018 ! Le pari de l'apprentissage est réussi. 

La CCI du Gard, rue de la République à Nîmes (Photo Anthony Maurin).

Sur 2019, vous avez prévu de nouvelles économies sur le personnel. Quel secteur sera touché ?

On y travaille. Notre nouvelle organisation sera mise en place en septembre 2019. On joue surtout sur les départs à la retraite, les CDD que l’on ne remplace pas. À la chambre, avant la fusion, il y a eu jusqu’à 800 salariés. En 2020, nous tendons à environ 200. 

Toujours concernant le budget, et contrairement à ce que vous aviez annoncé, il n’a pas été voté à l’unanimité. Pourquoi avoir dit cela ?

Personne n’a dit ça ! On a dit que c’était à la quasi unanimité. Le budget a été voté à la majorité avec 4 voix contre. Le principal c’est que l’exercice financier ait été voté. Faire des combats d'arrière-garde, ça ne sert à rien. Il faut accepter ce choix. C’est la démocratie.

Pour se justifier, des élus frondeurs affirment qu’il y a un décalage de 600 000€ sur les recettes fiscales entre les prévisions de la CCI Région et les vôtres.

C’est impossible ! Ce que l’on vote ce sont les éléments donnés par la région. C’est la CCI régionale qui nous affecte la TFC (Taxe pour les frais de chambre). La ressource fiscale est de 4,4 M€. Alors, il y a certainement des choses qu’ils n’ont pas compris. L’affectation est reprise à l’euro près, sinon notre délibération serait fausse.

Une "Maison" réaménagée

Il y a aussi le projet de Maison de l’entreprise qui a fait débat. D'ailleurs, où en est-vous sur ce sujet ?

Le 14 avril, en réunion de bureau, notre projet a été validé à l’unanimité des présidents des CCI Occitanie. Une seule personne s’est abstenue. Par la suite, il a été voté le 26 avril en Assemblée générale CCI Occitanie avec zéro vote contre et seulement deux abstentions.

Le projet coûte 11 M€. Une somme importante. Qu’en est-il du calendrier ?

Pour l’instant je ne peux rien vous dire. Nous présenterons le calendrier lors de l’Assemblée générale du 20 mai. Par contre, concernant le coût, il n’est pas de 11 M€. L’idée générale, c’est de dire qu’aujourd’hui, nous avons un bâtiment qui, en terme de superficie, de coût de fonctionnement et d’accessibilité ne correspond plus aux besoins des chefs d’entreprise. C’est pour ça que nous l'avons vendu à la ville de Nîmes pour 5,2 M€.

Mais le projet coûte bien 11 M€ ?

Moi, je vous parle de la partie CCI. La Chambre du Gard et la CCI Occitanie (à hauteur d’1%) se sont associées au sein d’une SCI (Société civile immobilière) pour construire le nouveau bâtiment. Ce sont les deux seuls partenaires. il n’y en aura pas d’autre. Ce système permet, dans le cycle de financement, de récupérer plus vite de la TVA sur les travaux. C’est beaucoup plus pertinent [...]. Nous avons signé les pré-accords pour nous établir sur le Parc Georges-Besse. Le terrain va être divisé en deux avec une partie revenant à la CCI et une autre au syndicat UPE (anciennement présidé par Éric Giraudier, ndlr).

Certains - dont vos élus frondeurs - se sont inquiétés des tergiversations sur le projet qui, au départ, prévoyait une alliance avec l’UPE (*) et la Médecine du travail…

Moi, je ne suis pas là pour commenter ce que les autres disent. La Maison de l'entreprise, c'est un projet de mandature. Entre l’idée initiale d’un projet et son aboutissement, il y a forcément des choses qui changent. On évolue, on est pragmatique.

Vous comprenez toutefois qu’en tant qu’ex-président de l’UPE, l’idée que la Chambre puisse participer à ce projet immobilier pose question ?

Chez les gens mal intentionnés, oui ! Maintenant les choses sont calées et ont été votées. Ça, c’est la vérité. Alors, arrêtons de raconter des bêtises. 

Propos recueillis par Coralie Mollaret

coralie.mollaret@objectifgard.com

* L'UPE (Union pour les entreprises du Gard) est une organisation patronale au service des entrepreneurs du Gard. L’UPE30 est un syndicat patronal interprofessionnel financé à 100% par les cotisations des adhérents.

Et aussi : 

Les chiffres clefs du budget 2019 : les ressources d’exploitation s’élèvent à 11,8 K€ et se décomposent ainsi : 63 % de ressources propres et 37 % de ressources fiscales. Les ressources fiscales prévisionnelles s'élèvent à 4,4 M€. Le budget de fonctionnement avoisine les 14 M€ (35%pour la formation, soit 5 M€ ; 35 % pour l’appui aux entreprises, soit 4.9 M€ ; 18 % pour les moyens généraux soit 2.5 M€ et 12 % pour les équipements soit 1.7 M€).

Coralie Mollaret

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