Publié il y a 4 ans - Mise à jour le 14.05.2019 - abdel-samari - 4 min  - vu 1035 fois

FAIT DU JOUR Françoise Dumas : « Il nous reste 15 jours pour y aller à fond ! »

Europe de la Défense, permis de conduire, réforme de la fonction publique et élections municipales... La députée La République en marche de la 1ère circonscription du Gard, Françoise Dumas, est l’invitée d’Objectif Gard. 
(Photo : Coralie Mollaret)

La députée de la 1ère circonscription du Gard et élue à la ville de Nîmes, Françoise Dumas (Photo : Coralie Mollaret)

À deux semaines des élections européennes du 26 mai, la députée de la 1ère circonscription appelle à la création d'une armée européenne.

Objectif Gard : Bon visiblement, ça ne marche pas…

Françoise Dumas marque un arrêt, dubitative : Qu'est-ce qui ne marche pas ?

Votre lutte contre le Rassemblement national. Depuis février, vous pilotez une « task force » contre le parti de Marine Le Pen. Or, selon les derniers sondages, il est en tête des intentions de vote aux Européennes. 

Oh, mais mon rôle n'est pas de combattre avec mes petits poings le RN. La responsabilité que m'a confiée Stanislas Guerini, délégué général de La République en marche, c'est de participer à une task force pour les élections à venir. Il faut combattre les idées, le désespoir et la lassitude de ceux qui se tournent vers le RN.

Et du coup, ça donne quoi ?

On y travaille. Il faut apporter des réponses plus adaptées. C'est en interne que l'on participe à la mise en place de stratégies pour les Municipales, Départementales... Dans mon champ d'action, j'ai signé une tribune sur la protection au niveau de l'Europe et de notre pays. Elle sera publiée bientôt au niveau national.

Vers une armée européenne ?

Quel message contient cette tribune ? 

La création d'une armée européenne. 62% des Français y sont favorables. Aujourd'hui soyons clairs, nos problèmes ne peuvent être gérés que par une solidarité européenne. On l'a vu avec la mort de nos deux soldats tués en Afrique. Les terroristes se moquent bien des frontières administratives. De plus, il y a des états émergents comme le Brésil, l’Inde et la Chine qui auront, d'ici trois ans, un niveau d’armement supérieur à celui de l’Europe.

Comment l'Europe peut-elle la mettre en place ?

Il nous faut une politique commune entre tous les pays démocrates. La France a une place particulière dans le monde. Elle doit être le chef de file de cette initiative. Quand on parle d’une armée, c’est plutôt d'une stratégie d’intervention commune avec les moyens de chacun dont il est question. Nous, ce que l’on demande, c’est la signature d'un traité de défense et de sécurité. 

Certains pays de l'Union européenne sont contre. Comment les convaincre ? 

Déjà en expliquant. La première des choses que permet l'Europe depuis 40 ans, c'est de garantir la paix. Il nous faut poursuivre cette coopération. On peut commencer avec quelques pays de l’Union, comme la France, l’Allemagne et l’Italie. Il faut aussi un conseil de sécurité européen avec le Royaume-Uni qui a une grande capacité militaire. Cet accord permettrait in fine d'acheter du matériel européen. Car aujourd'hui, certains pays (notamment de l'Est) s'en remettent aux Américains pour acheter du matériel. 

La Défense, c'est votre manière de vous impliquer dans la campagne des Européennes ? 

Oui. Il nous faut incarner autre chose que notre destin national.

C'est peut-être ça le problème : les Européennes sont devenues un référendum sur la politique du gouvernement. La création de listes nationales et non plus régionales voulue par Emmanuel Macron n'y est peut-être pas étrangère... 

Vous savez la dernière fois en 2014, il y avait des listes régionales et le parti de Marine Le Pen est quand même arrivé en tête ! Quelle que soit l'organisation du scrutin, ce sont les partis politiques qui en font un enjeu national. C'est leur responsabilité.

Ne leur reprochez-vous pas quelque chose que vous avez fait vous-même ? Notamment lorsque vous étiez au Parti socialiste sous un gouvernement de droite ? 

Oui, sauf qu'on est aujourd'hui dans une situation internationale beaucoup plus critique. Les États-Unis et l'Europe étaient complètement unis et il n'y avait pas un niveau de terrorisme aussi fort avec un nationalisme qui s'imposait. Il nous reste 15 jours pour revenir à des sujets de fond. Car sans l'Europe, qu'allons-nous faire ? On va perdre l'accès au marché unique ? Supprimer la politique agricole commune pour nos agriculteurs ? Et la protection des droits des l'hommes et des femmes ?

Permis de conduire et réforme de la fonction publique

Après l’Europe, la France et cette réforme du permis de conduire. Une réforme dont vous avez soufflé les mesures à travers votre rapport. Pouvez-vous nous citer les plus importantes ?

L'objectif de mon rapport était de rendre ce permis plus accessible. Chaque année, 1,6 million de personnes passent le permis et 600 000 à 700 000 conduisent sans ! On a mis une trentaine de mesures sur la table. Une dizaine a été retenue par le Premier ministre comme les simulateurs de conduite pour les jeunes qui manquent de confiance en eux. Une expérimentation aura lieu à la rentrée 2019 dans le Gard.

Les auto-école ont manifesté leur vive opposition à l'inscription libre des candidats sur Internet pour passer l'examen... 

On a fait ça pour résoudre la problématique des délais. Quand vous ratez la première fois votre permis, le surcoût lié à cette attente est de 200 à 300 €. L'expérimentation permettra de désengorger, en responsabilisant les jeunes. Il y aura plus d'inspecteurs dans les zones en tension. Alors qu'aujourd'hui, il y a une dépendance aux auto-écoles qui font parfois leur bout de gras sur cette attente.

Cette semaine, les députés examinent le projet de loi de transformation de la fonction publique. Est-ce un bon projet selon vous ?

Le service public d'aujourd'hui n'est pas celui d'il y a 20 ans. Les besoins sont différents. Il faut aussi adapter les services publics en fonction des nouveaux outils, notamment numériques. Il faut que l'on parte des besoins des populations et que l'on réorganise les services.

Le recours plus facile des contractuels, prévu par la réforme, ne met-il pas en danger l'action publique ? 

Ce n'est pas une remise en cause du statut. Les contractuels seront là pour répondre aux urgences et mieux accompagner les services publics. Sur un grand projet, on n'a pas besoin des mêmes compétences sur dix ans. Aujourd'hui, il y a une nécessité à rendre le service public plus efficient, sauf à endetter le pays !

Propos recueillis par Coralie Mollaret et Abdel Samari

À suivre à 11 heures, la deuxième partie de l'interview de Françoise Dumas sur les élections municipales de 2020.

 

Abdel Samari

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