Publié il y a 4 ans - Mise à jour le 15.05.2019 - corentin-corger - 4 min  - vu 622 fois

FAIT DU JOUR Attaque terroriste : comment les secours s'organisent-ils ?

Les secours ont procédé à la prise en charge de 79 blessés (photo Corentin Corger)

Le point de regroupement des victimes à l'entrée du site (photo Corentin Corger)

Ce mardi, un exercice de sécurité civile sur le thème de l'attaque terroriste a été organisé au Pont du Gard. Un entraînement de grande ampleur qui a permis d'en savoir plus sur l'organisation des secours au cas où ce type d'événement tragique se produirait.

Depuis les attentats terroristes qui ont touché Paris  en novembre 2015 (130 morts) et Nice en juillet 2016 (86 morts), le ministère de l'Intérieur demande aux préfets de réaliser régulièrement des entraînements en cas d'éventuelle attaque. Concernant le thème de la tuerie de masse, après une simulation à la galerie Cap Costières en octobre 2018, le préfet Didier Lauga a souhaité réaliser un événement de grande ampleur. Ainsi, ce mardi matin, plus de 370 personnels de secours et de sécurité ont été déployés sur le Pont du Gard. Un site visité chaque année par un million de touristes et qui accueille la 17e étape du Tour de France, le 24 juillet prochain.

Une opération qui a nécessité six mois de préparation. Dans le déroulé du scénario, à 8h un terroriste a fait des dizaines de morts sur les deux rives du Gardon ainsi que sur le Pont du Gard avant de se faire exploser dans le musée. C'est ainsi que l'exercice débutait pour les secours. Le but n'était pas de travailler sur la neutralisation du forcené mais de voir la réactivité et la coordination de tous les services appelés à intervenir sur ce cas d'urgence.

Parmi eux : la Protection Civile, la Croix-Rouge, le Samu et le SDIS 30 (Service départemental d'incendie et de secours). Il y avait environ 100 sapeurs-pompiers mobilisés sur place. Un moyen pour ces derniers de tester des cheminements et de repérer des emplacements stratégiques pour une éventuelle future intervention.

Petite et grande noria

Rapidement les secours s'organisent selon la procédure Orsec (Organisation de la réponse de sécurité civile) départementale. "Il y a d'abord le secourisme de l'avant. C'est du brancardage qui consiste à cueillir les victimes et les rapatrier", explique le commandant Éric Agrinier. Au fur et à mesure, les victimes sont rassemblées au PRV (Point de regroupement des victimes) et sont identifiées par un bracelet électronique. Cette technologie va permettre de collecter l'identité de la personne et sa pathologie. Cette première étape est intitulée, "la petite noria". Une noria signifie les allers et retour incessants des véhicules de secours.

Une fois cette reconnaissance effectuée, les blessés sont dirigés vers le PMA (Poste médical avancé). Pour l'occasion, il était situé au gymnase Léo-Lagrange de Remoulins. Certains habitants interloqués ont rarement vu un tel ballet d'ambulances et de pompiers se succéder. Plus d'une trentaine de véhicules a été mobilisée.

"Les victimes sont prises en charge en fonction de l'urgence absolue et relative. Ce qui permet de les stabiliser avant l'évacuation finale et la répartition sur les divers hôpitaux", poursuit le commandant du Sdis. C'est ce qu'on appelle, "la grande noria", dénouement du scénario. La simulation n'a pas été poussée jusqu'au transfert vers les CHU mais en cas d'attaque, les établissements de Nîmes, Montpellier, Avignon et même Marseille auraient été sollicités.

Le coin réservé à l'état d'urgence absolue (photo Corentin Corger)

Remoulins accueillait également le CAI (Centre d'accueil des impliqués) qui a pour vocation de recevoir les personnes valides mais touchés psychologiquement, comme les témoins de l'attaque qui n'ont pas été blessés. La simulation a également été jouée en préfecture avec la mise en place du COD (Centre opérationnel départemental) commandé par le préfet, Didier Lauga, qui s'est ensuite rendu à Vers-Pont-du-Gard. Les agents ont également simulé les appels de la population qui auraient des membres de leur famille sur place et le ministère feignait les appels aux médias nationaux.

"On a été performant"

"L'objectif était d'être le plus réaliste possible sur ce site qui peut être menacé", a réagi le préfet après la fin de l'exercice dont le bilan final est de 19 morts, 79 blessés et 40 impliqués (blessures psychologiques). Le rôle des victimes était assuré par les agents du Pont du Gard, les lycéens de d'Alzon Beaucaire et ceux de Saint-Vincent-de-Paul à Avignon. Et donc un terroriste à l'origine de l'attentat mais pas forcément identifié immédiatement : "Il a fallu plus d'une heure pour avoir un bilan sur le scénario de l'exercice. Dans un premier temps, on me parlait de six agresseurs", confie le préfet pour exprimer la difficulté de coordonner tous les services sur place.

Au centre le préfet Didier Lauga (veste bleu marine), à côté de Sébastien Arnaux, directeur du Pont du Gard (photo Corentin Corger)

Le représentant de l'État livrait, à chaud, un bilan positif de cette expérience : "C'est toujours dangereux de dire que tout va bien. On a été performant mais on peut toujours s'améliorer." Pour le préfet, le choix du Pont du Gard n'est pas forcément en lien avec l'accueil du Tour de France dans un peu plus de deux mois mais il a reconnu, "qu'il sera sur le pont". Dès la fin des opérations, un premier retour d'expérience global a été effectué. Il permettra surtout de regarder les temps d'intervention des secours, un des buts premiers de la manœuvre. Les enseignements tirés de cet exercice seront transmis au ministère de l'Intérieur.

 Le label sécuri-site pour le Pont du Gard ?

Cet événement a été organisé en partenariat avec l'EPCC (Établissement public de coopération culturelle) du Pont du Gard, qui a profité de l'occasion pour tester les dispositifs prévus en cas d'accident de grande ampleur. En effet, depuis un an, le site a entamé les démarches pour obtenir le label "Sécurité Tourisme" afin de garantir à ses visiteurs un haut niveau de sécurité. Dans le contexte actuel, ce gage supplémentaire de sécurité rassure les touristes.

"Cela nous a permis de déceler quelques carences, notamment en terme de caméras. Il en manque à certains endroits", résume Sébastien Arnaux, le directeur du Pont-du-Gard. Ce dernier pourra donc procéder à des améliorations et les notifier dans le dossier de candidature. Il espère obtenir le label, délivré par la préfecture, d'ici la fin de l'année. Un risque potentiel pris en compte en souhaitant que la probabilité en reste au stade d'hypothèse.

Corentin Corger

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