BAGNOLS Pour la CGT, « il y a urgence aux urgences »
Depuis lundi, les agents des urgences du centre hospitalier de Bagnols sont en grève illimitée. Et ils ont une longue liste de revendications.
« Aujourd’hui, on a peut-être atteint le fond », souffle le secrétaire de l’union locale CGT de Bagnols, Patrick Lescure. Au centre hospitalier de Bagnols, « on touche la limite de la gestion administrative parisienne ou régionale », poursuit le cégétiste. Ainsi, il manque du monde à tous les étages aux urgences, qui ont recensé 27 565 passages en 2018, un chiffre en chausse de 1 200 passages par rapport à 2017. « Il y a 9,6 médecins équivalents temps plein aux urgences. Il en faudrait 13,5 pour pouvoir fonctionner et ce delta est comblé par des remplaçants et des intérims qui coûtent cher », avance l’infirmière aux urgences de Bagnols et représentante syndicale CGT, Marine Lamouret.
Les grévistes réclament aussi une infirmière d’accueil et d’orientation 24 heures sur 24 (pour l’heure il n’y en a une que de 10 heures à 20 heures), « car l’admission aux urgences est un véritable métier, sans quoi il n’y a plus de sécurité à l’admission », estime Boris Vigne, urgentiste depuis 22 ans et membre de la CGT. Les grévistes réclament encore que le poste supplémentaire d’infirmier en journée « obtenu l’année dernière lors de la mobilisation soit pérennisé », ajoute la représentante syndicale.
Manque de moyens et d'effectifs
Ils réclament également une aide soignante H24 en plus, un ambulancier SMUR H24 et 7 jours sur 7, « car actuellement ce sont les médecins ou les infirmiers qui conduisent, ce qui est non réglementaire », affirme Marine Lamouret, une secrétaire H24, « car actuellement c’est un agent de sécurité qui fait l’accueil de nuit », précise la cégétiste, et enfin « un agent de sécurité H24 ». Les Bagnolais rejoignent aussi des revendications du mouvement national, notamment la prime de spécificité de 300 euros ou encore du matériel neuf, « des pieds à perfusion, des brancards qui freinent ou encore des fauteuils roulants qui ont des roues », liste, un brin ironique, Marine Lamouret.
Bref, « il y a urgence aux urgences », résume Boris Vigne. « Et nous considérons que les urgences ne sont pas uniquement le problème des soignants, mais aussi des soignés », ajoute Patrick Lescure. Car, quand on demande aux urgentistes présents si, dans ces conditions, des vies peuvent être mises en danger, Marine Lamouret répond sans détour : « Bien sûr, même si nous sommes des professionnels aguerris et que nous y mettons beaucoup de bonne volonté. » Le tout dans un service « où il y a beaucoup de turnover, avec des jeunes professionnels qui arrivent avec un idéal et qui au bout de quelques mois se retrouvent confrontés à la réalité et partent », regrette Boris Vigne.
La faute à la tarification à l’acte, « qui étrangle budgétairement l’hôpital », résume Boris Vigne. « On n’est que sur de la rentabilité, mais la santé publique n’a pas à être rentable. Elle doit soigner n’importe qui à n’importe quelle heure », rappelle Marine Lamouret.
Alors les grévistes ne comptent rien lâcher, et poursuivent un mouvement massivement suivi, matérialisé par un brassard noir et un tee-shirt noir. Un mouvement qu’ils verraient bien s’élargir à d’autres services de l’hôpital, et que la CGT veut médiatiser. Ainsi, Patrick Lescure invite les députés locaux et le maire de Bagnols, président du conseil de surveillance de l’établissement, à « sortir du bois », et compte organiser « dans les quinze jours qui viennent un rassemblement devant l’hôpital de Bagnols avec toute la population. L’hôpital nous appartient, on a notre mot à dire. »
Thierry ALLARD
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