Publié il y a 4 ans - Mise à jour le 24.06.2019 - corentin-corger - 4 min  - vu 1946 fois

FAIT DU JOUR Elsa Boirie, star des podiums... du Tour de France

Elsa Boirie, à gauche, au côté de Fernardo Gaviria qui a remporté la 1e étape du Tour de France en 2018 (Photo Krys)

Native d'Aubais, près de Sommières, Elsa Boirie va participer à son 11e Tour de France en tant qu'hôtesse. Collaboratrice chez Krys, c'est elle qui va remettre à la fin de chaque étape le maillot blanc de "Meilleur jeune". À moins d'un mois de la venue de la Grande Boucle dans le Gard, portrait d'une femme dont le Tour de France a changé la vie. 

Quand on parle du Tour de France, on pense forcément aux coureurs mais au total ce sont près de 4 500 personnes concernés par cet événement international. Parmi une des activités occupées, celle d'hôtesse protocolaire. Ce poste c'est d'abord en tant que job d'été qu'Elsa Boirie, originaire d'Aubais, l'a testé en 2009 après avoir terminé son BTS au lycée de la CCI à Nîmes.

Forte de cette première expérience chez ASO, organisateur de la Grande Boucle, l'étudiante en management des unités commerciales voit son destin basculer. "Je n'étais pas du tout partie pour faire ça. J'avais prévu de travailler dans une agence commerciale. Le Tour de France a changé ma vie." La jeune femme se voit déjà offrir des propositions sur d'autres courses que gère ASO mais également sur le prochain Tour via d'autres marques.

C'est sur son deuxième Tour de France qu'elle prend place après chaque fin de course sur le podium, engagé par la marque Powerbar spécialisée dans les barres énergétiques. "Je remettais le bouquet au gagnant", explique Elsa. La Gardoise se fait une place dans le milieu et décide d'en faire son métier à temps plein. Elle monte son auto-entreprise afin de proposer ses services en tant qu'hôtesse et parfois dans le mannequinat. "J'ai travaillé sur le Paris-Nice, le Dauphiné Libéré mais également sur une dizaine d'édition de Roland-Garros et sur des tournois de golf comme la Ryder Cup", détaille cette passionnée de sport qui a pratiqué la gymnastique rythmique pendant 10 ans à Nîmes.

Elsa, toujours à gauche, accompagné de Peter Sagan, en 2016, une des stars du cyclisme actuel (Photo Instagram)

Depuis quatre ans c'est pour la marque Krys qu'elle remet sur le Tour de France, le maillot blanc de "Meilleur jeune" après chaque course. "L'année dernière c'était Pierre Latour, ça fait toujours plaisir quand c'est un Français", se félicite t-elle. Cette mission n'est qu'une petite partie de la longue journée d'Elsa. Après avoir accueilli les personnes invitées par l'enseigne, l'Aubaisienne emprunte un autre itinéraire pour arriver à l'arrivée avant les coureurs. Après avoir accueilli les chanceux qui ont vécu une étape en coulisses, elle doit se préparer pour le podium. "On partage un tout petit espace très serré dans un camping-car avec les autres hôtesses", confie t-elle.

Comme tout curieux on a envie de savoir si depuis dix ans, une malchance n'est pas arrivée à notre Gardoise comme un fou rire ou une chute. "Ne me portez pas la poisse !", répond t-elle en souriant. Avant de donner des explications : "Tout est assez cadré avec un protocole minuté et quelqu'un en face de nous pour qu'on soit le plus synchro possible avec l'autre hôtesse".

Évidemment une telle musique rythmée laisse peu de place au couac. Celle qui ne se lasse pas -  "c'est hyper diversifié. Je n'ai pas de routine ni de patron" - savoure chaque moment passé au plus près d'une des courses les plus mythiques du sport.

Le Tour de France, une vraie famille ! À l'image du directeur de la course Christian Prudhomme sous les yeux d'Elsa au milieu de ce groupe féminin (Photo Facebook)

"Je n'ai pas de meilleur souvenir en particulier. En montagne, j'ai vécu des arrivées incroyables en voyant de près les efforts des coureurs alors que je me rendais compte que déjà en voiture c'était difficile. Je mesure vraiment la chance que j'ai de vivre des moments privilégiés."

Mais ces ascensions sont aussi le lot de surprises et forgent d'autres moments plus chaotiques. "Sur l'Alpe d'Huez certaines personnes un peu alcoolisées secouaient ma voiture et montaient sur le capot", se souvient-elle. Des souvenirs qui au fil des années lui ont permis de tisser de véritables liens : "J'ai rencontré mes meilleures amies sur le Tour de France qui sont devenues comme ma famille." 

"Je ne comprends pas du tout ce qu'il y a de dégradant"

Elsa s'impatiente de sa 11e édition qui fait halte du 22 au 24 juillet dans son département natal : "Je vais peut-être pouvoir passer une nuit chez moi. Faire un podium avec sa famille en face c'est un bon moment." Mais à 30 ans, jusqu'à quand s'étire une carrière d'hôtesse ? "Je commence à faire partie des plus âgées. On a aussi un rôle de présentation où il faut pas mal parler dans les dîners donc c'est mieux d'être mûre", assure Elsa qui voit certaines consœurs poursuivre jusqu'à une quarantaine d'années. Pour l'instant la partie relationnelle lui correspond bien et elle ne veut pas changer : "J'aime ma diversité et je profite tant qu'il n'y a pas de famille derrière."

Une profession souvent remis en question ces dernières années dans le débat public par rapport à l'image que renvoient ces femmes parfois qualifiées de "potiche". "Je suis très fier de faire ce travail-là que j'ai choisi. Je ne comprends pas du tout ce qu'il y a de dégradant. Nos tenues sont sobres et classes. Remettre le bouquet c'est simplement les cinq dernières minutes de notre journée. Les gens jugent sans connaître réellement notre rôle", défend Elsa, qui assume totalement et dont les Gardois seront fiers de retrouver le sourire rayonner au soir du mardi 23 juillet vers 18h après l'étape Nîmes-Nîmes.

Corentin Corger

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