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Publié il y a 4 ans - Mise à jour le 25.06.2019 - abdel-samari - 5 min  - vu 5262 fois

FAIT DU JOUR Vincent Bastide, la fierté d'un père, la réussite d'un homme

Vincent Bastide devant le siège du groupe Bastide Médical, à Caissargues Photo ObjectifGard

Avec ses 500 collaborateurs dans le Gard, le groupe Bastide est l'une des plus belles réussites économiques du département. Avec à sa tête Vincent Bastide, qui a repris le flambeau de son père, le fondateur, l'entreprise voit l'avenir sous un soleil radieux, même caniculaire. 

Derrière l'approche visionnaire et déterminée de Guy Bastide, un pharmacien qui décide dans les années 70 de créer ses propres magasins Bastide le confort médical contre l'avis de tous, se cache aujourd'hui Vincent Bastide, son fils qui a repris de main de maître les rênes de l'entreprise.

Quand Vincent Bastide s'installe pour nous raconter son parcours, c'est un chef d'entreprise plein d'assurances mais ancré dans le réel qui débite plus vite que son ombre : "J'ai intégré l'entreprise il y a déjà 25 ans, en 1995. J'ai démarré sur le terrain, à l’agence de Nîmes. C’était une forme de test de la part de mon père car cette agence était en perte de vitesse."

Le groupe employait une cinquantaine d’employés à l’époque. En pleine phase d'expansion géographique, Vincent Bastide gravi les échelons un à un. "J’ai voulu montrer aux collaborateurs de l’entreprise que je n'étais pas qu'un fils à papa. Je me suis donc investi à fond. Jusqu'à travailler sept jours sur sept sans prendre de congés. Je voulais que mon site de Nîmes soit un modèle. Jusqu’à moi-même passer l’aspirateur tous les matins. J'étais dans une démarche que l'on pourrait qualifier d'obsessionnelle. Tout cela, peut-être, parce que j'avais bien compris que mon père ne me ferait pas de cadeau."

Ne pas décevoir son père

Un papa qui espérait de son enfant qu'il suive des études médicales comme le reste de la famille. "Tout le monde dans la famille était pharmacien, sauf le chien et moi", s'amuse de l'anecdote Vincent Bastide qui trahit peut-être ce manque de reconnaissance qui l'a forcé à s'investir à 100% pour Bastide Groupe. "Il fallait que je fasse quelque chose. En démarrant mon activité professionnelle, j’ai eu le sentiment d'être utile à la famille."

Soif et envie de relever le défi mais surtout de ne pas décevoir son père, son modèle. Bastide fils prend très rapidement la direction d'une agence, puis plusieurs, ensuite la direction régionale avant de s'emparer de tout le groupe. "En une dizaine d’années. Le meilleur apprentissage. Ça m’a permis de m’imprégner de toutes les fonctions. Je suis passé par tous les postes. J'ai en quelque sorte réédité le parcours de mon père qui était lui parti de zéro. J’ai aussi accompagné l’évolution de l'entreprise pour atteindre une fonction de direction opérationnelle en 2001."

Acteur et initiateur de développement

Aux manettes, Vincent Bastide fait en sorte de redynamiser les activités prioritaires. Puis de scinder les activités pour ne plus être un généraliste mais un multi-spécialiste. Un axe de développement majeur qui permet de se distinguer d'une concurrence de plus en plus forte. "Aujourd'hui le groupe Bastide est la seule entreprise présente sur tous les segments de la prestation de santé à domicile. Nous sommes les spécialistes de l'assistance respiratoire des patients, l'appareillage pour l’apnée du sommeil, les lits médicalisés, les perfusions… Tout le monde pense que Bastide ce sont des magasins alors que notre métier ce n’est pas que celui là."

L'alchimie opère entre le fondateur et son fils à la tête de l'entreprise. "J'ai humblement donné une dimension supplémentaire au groupe", analyse Vincent Bastide même s'il avoue : "C'est compliqué de travailler avec son père. Il y a toujours, à un moment donné, la relation père-fils qui s'exprime. Nous n'avons pas toujours eu la même vision, mais nous avons toujours tranché dans mon sens quand c'était légitime."

Un autre élément déclencheur va accélérer l'avenir du groupe. "C'est souvent autour d’une épreuve que les choses évoluent." En 2008, une disposition réglementaire est prise par l'État : arrêter la prise en charge des dispositifs médicaux par la Sécurité Sociale dans les maisons de retraite. Désormais, c'est aux établissements de payer ! "Nous avons divisé par deux nos tarifs en une nuit. Cela a touché notre chiffre d'affaires à hauteur de 30%. Nous sommes passés du meilleur exercice du groupe au plus mauvais."

Une grosse frayeur et même "un traumatisme dans ma carrière", se remémore Vincent Bastide. "Mon père, âgé de 70 ans à ce moment là, ne peut plus relever ce défi. Il fallait entièrement transformer l’activité. J’ai donc pris en main la stratégie du groupe."

À l'époque, les résultats du groupe sont portés à 80% par les magasins. "Nous avions une trop forte dépendance. Il était urgent de se renforcer sur nos métiers d’origine. Des activités plus techniques mais plus rémunératrices."

La décision est prise : c'est l'arrêt des magasins intégrés. "On a mis en place un réseau de franchise et dans le même temps, nous avons recruté des collaborateurs pour l’assistance respiratoire, le diabète, etc. Enfin, j'ai lancé quelques opérations de croissance externe pour aller plus vite."

Après avoir intégré de nouvelles activités via des rachats d'entreprises, Bastide Groupe se spécialise dans la nutrition, la perfusion, la stomathérapie, l'urologie, l'accompagnement de chimiothérapie pour des traitements aigus ou chroniques, ou la maladie de Parkinson et de l'immuno-déficience. Le groupe développe aussi son activité à l'international. Sa filiale anglaise vient d'ailleurs de devenir le premier acteur au Royaume-Uni dans le domaine du traitement à domicile des maladies respiratoires.

Vincent Bastide se dote aussi d'un comité scientifique pour aider à orienter le groupe vers les besoins médicaux de demain. "Je pourrais vous prendre l'exemple de l’apnée du sommeil où nous proposons le matériel d'appareillage. C'est une maladie lourde de conséquence qui touche aujourd'hui 5 à 6% de la population dépistée. À l’échelle de la France, il y a 20 ans, il y avait 300 000 personnes appareillés. Plus d’un million le sont aujourd’hui. On estime à trois millions le réel besoin."

Idem pour le diabète où le groupe s'est investi depuis 30 ans environ. "On ne le soigne pas, on ne peut que le compenser. J’ai voulu inscrire le groupe là-dedans. Je n’ai pas de formation médicale, mais ce qui m’a plu, c'est contribuer ou même améliorer l’espérance de vie. C’est très gratifiant pour un entrepreneur."

Une croissance exponentielle

Et demain ? "Nous réalisons plus de 500 millions d’euros si je compte toutes les activités du groupe. Dans 10 ans, pourquoi pas un milliard." Plus sérieusement, Vincent Bastide regarde sereinement l'avenir : "Je suis sur un marché qui pèse 6 milliards, et qui progresse de 3% chaque année. Notre activité à beaucoup de perspectives à venir."

500 collaborateurs ne seront plus suffisants demain pour observer les perspectives de progression. "Notre objectif : construire un bâtiment pour héberger 400 à 500 personnes immédiatement et se projeter sur l’avenir avec jusqu'à 800 collaborateurs."

Les discussions avec la ville de Nîmes, Nîmes métropole et la Société d'aménagement des territoires (SAT) sur le bassin Nîmois ont démarré. "Mais on regarde aussi des possibilités ailleurs y compris sur le Grand Avignon." Un projet d'envergure - "Plus de 20 millions d'euros" - qui ne se décide pas sur un coup de tête. D'autant que le coût d’acquisition du foncier n'est pas négligeable. "L’aide et le soutien des collectivités territoriales à nous accueillir et nous permettre de nous développer seront déterminants."

Ce projet à l'horizon de trois ans n'est que l'un des sujets de préoccupations du dirigeant nîmois. "Bien faire mon métier. Porter le niveau de responsabilité des 2 500 familles que je fais vivre. Je me dois d’être à la hauteur de la confiance qui m’est faite. C'est ce qui me préoccupe."

Vincent Bastide consacre aussi du temps à ses propres enfants "Toute ma vie leur est consacrée. C’est vital. Je ne pourrais pas vivre sans cela. Leur bonheur est plus important que le travail", tente de nous convaincre le chef d'entreprise. Qui reconnaît immédiatement que pour Bastide Groupe : "Je n’ai pas de limite. Sauf peut-être la santé."

Abdel Samari

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