Le célèbre batteur Manu Katché sera en concert à Vauvert ce soir pour présenter son plus récent album, The Scope. Celui qui a accompagné les plus grands, de Peter Gabriel, à Sting en passant par Tori Amos, Tears for Fears, ou Youssou N’dour, est l'invité du 7h50. Interview.

Objectif Gard : Comment définir votre nouvel album The Scope ?

Manu Katché : C'est difficile pour moi de définir entièrement cet album car c'est plutôt au public de ressentir, d'avoir son background personnel. Je peux simplement vous dire qu'il s'agit de mon 10e album. Il est beaucoup plus électrique, voir électro, pop, groovy, funky, soul. C'est assez cohérent avec ce que je suis, moi. J'ai évolué dans différents univers, du pop, du jazz, du rock, de la musique africaine. Je m'adapte toujours. Cet album défini donc qui je suis et ce que j'ai été. C'est facile d'accès, on peut passer un bon moment. Je le crois vraiment.

Vous avez joué avec des légendes de la musique. Quel est votre plus beau souvenir ?

C'est facile, je suis né dans la banlieue parisienne. Le jour où j'ai eu un appel de Peter Gabriel pour l'accompagner sur son projet d'album, c'était magnifique. Je n'avais pas de distance. Il faut dire que j'écoutais ses productions comme tous les gamins. En studio, c'était des moments de partage incroyable. Impossible d'oublier...

Votre spectacle musical ce soir se déroule en plusieurs séquences. D'abord électrique, puis vous enchaînez sur quelque chose de plus lent. Enfin, en solo. Pourquoi ce choix ?

Moi, je ce que je trouve intéressant c'est de ne pas reproduire à l'identique un album studio. Un musicien sur scène doit prendre des risques, il faut que ce soit un moment particulier avec le public. C'est extrêmement plaisant pour le public qui vient voir un concert de voir différentes propositions, je veux aller chercher les gens.

Votre dernier concert à Vauvert remonte à 2010. Comment abordez-vous ce retour ?

J'espère que nous n'aurons pas la même problématique que lors du concert de 2010 où, au bout de deux chansons, en raison de la pluie, nous avons dû mettre fin au spectacle. Les gens comme moi étaient très déçus. Moi, j'aime beaucoup ce lieu, c'est très joli. Nous sommes dans des petites arènes, il y a une belle sonorité. Et c'est vraiment dans l'esprit des festivals d'été, à la belle étoile, les gens sont détendus.

Vous connaissez le Gard ?

Pas vraiment. Je suis plus sur l'Hérault mais je ne vais pas trop le dire car je crois qu'il y a une petite rivalité, notamment dans le foot. Je connais bien la région en tout cas. Elle est authentique, pas abimé par le bling-bling. C'est très familial : la Camargue, les taureaux, la relation avec la nature, la mer... Des valeurs qui me parlent.

Un mot sur votre expérience télévisuelle qui date de quelques années maintenant (il était dans le jury du télé-crochet La Nouvelle Star sur M6 pendant plusieurs années, NDLR). Que diriez-vous à un jeune qui débute dans la musique ?

Cela remonte à 12 ou 13 ans. J'y ai eu beaucoup de plaisir. Je me suis amusé. C'était important pour moi et cela m'a même rendu un peu plus populaire. Ce qui m'intéressait c'était d'apporter mon regard de musicien car la musique c'est tout ce que j'aime. Malheureusement, je trouve que la musique d'aujourd'hui est moins surprenante. J'écoute plein de choses mais tous les gens qui font des propositions qualitatives sont mis de côté, n'accèdent pas aux radios ou aux médias. Les disques ne se vendent plus beaucoup. Faire des premières parties est de plus en plus difficile. On va vers les mêmes choses, de la musique commerciale, facile. Tout cela biaise un peu la réalité. Aujourd'hui, il n'y a pas de contre-pouvoir. Moi, je suis heureux que mon album soit réalisé par un jeune de 25 ans. Donc, je dirais aux jeunes : ne lâchez rien et gardez l'essentiel : une éthique.

Propos recueillis par Abdel Samari

Vendredi 5 juillet 2019 à 21h00 : Vauvert, Arènes de Vauvert. Billetterie : ICI

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