Publié il y a 4 ans - Mise à jour le 01.08.2019 - boris-de-la-cruz - 2 min  - vu 7666 fois

GARD Il menace de mort sa fille homosexuelle : de l'amour à la haine au tribunal

Dans la salle d'audience du tribunal correctionnel de Nîmes. Photo Tony Duret / Objectif Gard

"Je vais te tuer, je vais te saigner comme un poulet". La phrase fait froid dans le dos surtout lorsque l'on sait que les propos sont prononcés par un père de famille à l'encontre de son enfant, une jolie jeune femme d'une vingtaine d'années.

Dans la salle d'audience déserte, ce mardi, le clan est là, chacun sur son banc, comme une famille dévastée par le comportement d'un "papa poule" devenu ingérable depuis qu'il a appris l'homosexualité de sa fille aînée.

"Avant elle fréquentait des garçons. Je n'y arrive pas, je n'accepte pas d'avoir une enfant comme ça", témoigne-t-il en audience de comparution immédiate devant le tribunal correctionnel de Nîmes qui le juge pour "menace de mort réitérée, commise en raison de l'orientation sexuelle de la victime" ! Des faits commis d'octobre 2018, moment où il apprend que sa fille fréquente une autre jeune femme et jusqu'au 14 juillet dernier... Ce jour-là, il se rend armé d'un hachoir et d'un couteau de boucher pour avoir "une explication" sur le lieu de travail de sa fille. La victime se cache et évite son père qui la persécute depuis plusieurs mois.

"Avant c'était un papa poule, c'était fusionnel, il était formidable ", témoigne émue de devoir se retrouver face à son père dans une juridiction pénale. "Je comprends qu'il n'accepte pas, mais je ne comprends pas qu'il déverse cette haine contre moi", poursuit la jeune femme qui voit une psychologue depuis 6 mois et qui évoque la peur endurée, sa tristesse d'autant que sa maman et sa jeune sœur sont également concernées par le comportement du père de famille.

Un homme qui n'avait jamais fait parler de lui avant, père et mari modèle selon les déclarations devant le tribunal, qui plaisantait et riait avec des amis homosexuels. "Je ne suis pas homophobe, les autres ils font ce qu'ils veulent, je suis homophobe pour ma fille", poursuit-il à la barre du tribunal en affirmant qu'il se soigne, qu'il voit un psychiatre et prend des médicaments pour lui permettre de dormir et de se calmer. Cet homme affirme qu'il a besoin de temps, qu'il ne veut plus pour l'instant fréquenter sa fille.

Pour les avocats de la défense et de la jeune victime, les plaidoiries sont axées sur l'apaisement. "Je ne suis pas venu réclamer quelque chose. On n'est pas au point de rupture, mais on peut y basculer, déclare Maître Hugo Ferri pour la jeune victime. C'est un homme qui mettait le chauffage dans la voiture de sa fille l'hiver lorsqu'elle partait travailler à 5h du matin. Je suis persuadé que cette audience aura une vertu", poursuit le pénaliste Nîmois, alors qu'à cet instant le père et sa fille échangent un regard où la tendresse se mêle à l'incompréhension.

"C'est un homme, un père de famille inconnu de la justice, il travaille depuis 29 ans dans la même entreprise, il est marié depuis 26 ans, il est dépassé par une situation, par un comportement qu'il ne parvient pas à expliquer", poursuit le conseil du prévenu, Maître Isabelle Viremouneix.

Le père de famille, âgé de 49 ans, a été condamné à 10 mois de prison avec un sursis et une mise à l'épreuve de deux ans, l'obligeant à se soigner. Il lui est interdit de se présenter dans la rue de sa fille.

Boris De la Cruz

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