Publié il y a 4 ans - Mise à jour le 08.08.2019 - anthony-maurin - 4 min  - vu 4537 fois

FAIT DU JOUR À Aubais, on ne baisse pas la tête

CIL et ASPIC se lancent dans une bataille juridique contre la municipalité.
Le collectif citoyen composé de deux associations (Photo Anthony Maurin).

Aubais, le cœur du village (Photo Anthony Maurin).

Le Collectif d'intérêt local d'Aubais, le CIL pour les intimes des acronymes, est une association collégiale qui a été créé en décembre 2018 et qui compte une centaine d'adhérents. Le CIL fait aujourd'hui cause commune avec l'ASPIC, une association aubaisienne.

" Nous voulons concilier l'intérêt général et l'intérêt particulier en étant force de propositions ", revendiquent les sympathisants de la première entité.

Pour l'Association pour la sauvegarde du patrimoine et d'information aux citoyens (ASPIC si vous avez suivi le cheminement), association qui émane d'une structure plus ancienne (2005) qui a déjà fait capoter un projet municipal en 2008, c'est le réveil du guerrier citoyen.

Depuis le mois de juin dernier, l'association s'est unie au CIL pour présenter un recours en justice afin de demander l'annulation de la révision du Plan local d'urbanisme (PLU) d'Aubais modifié il y a quelques semaines.

Pourquoi ? En novembre dernier, le maire d'Aubais, Pilar Chaleyssin, a organisé une réunion d'information concernant l'aménagement de la future zone de l'Argilier (10 000 m²) incluant la création d'un supermarché de 1 200 m² (mais sur une emprise de 4 500 m²), une station-service et de lavage...

Du béton en plus, une mise en sécurité aléatoire et des commerces en moins : tous les enjeux du XXIe siècle réunis par la question aubaisienne. Mais venons-en au problème initial, la création d'une zone commerciale dans un endroit situé en contrebas du village. " C'est une sorte de coulée verte. Il y a un établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD). C'est en partie inondable. Il y a des problèmes d'eau et d'assainissement. Il y a aussi de nombreuses espèces ornithologiques... Il y a beaucoup d'anomalies dans ce projet. On demande des études hydrauliques ou environnementales mais on ne veut pas nous les donner ", raconte une membre d'une association.

20 supermarchés ou supérettes dans les 20 km à la ronde

" Aubais a vu disparaître la plupart de ses commerces de proximité qui nourrissent le lien social. C'est important pour nous. On se connaît et on se reconnaît. Ce sont des lieux de vie qui sont directement menacés par cet espace bétonné et standardisé alors qu'il y a plus de 20 supermarchés dans les 20 kilomètres à la ronde ! ", avertit une autre adhérente.

Le but de la manœuvre associative ? Faire annuler la modification du PLU qui affecte le futur projet commercial. " La municipalité fait semblant de ne pas comprendre. Une réunion publique a été organisé mais les promoteurs étaient bizarrement déjà choisis (un mois plus tôt, NDLR) et présents pour défendre leurs intérêts. Les citoyens ont été surpris de les voir avant même de connaître le fond du projet. On pensait que ça serait un projet à visée locative et éducative, mais pas du tout ! On est passé d'un quartier durable à la création d'un centre commercial ! ", s'indigne une autre figure du mouvement citoyen aubaisien.

La pharmacie et plus loin la boulangerie. Deux commerces qui seraient susceptibles de déménager sur la zone de l'Argilier (Photo Anthony Maurin).

" En cherchant les détails dans le PLU qui a été révisé en mai dernier, nous examinons les défauts et tout ce qui peut s'apparenter au pénal ", lâche maître Joël Dombre, un avocat qui était déjà partie prenante dans l'opposition à l'édification d'un barrage à La Borie (Saint-Jean-du-Gard). À Aubais, le problème environnemental est lui aussi soulevé. Mais pas que... D'autant plus que le Schéma de cohérence territoriale (SCoT) ne semble plus vouloir de grandes surfaces commerciales dans cette région du Gard.

Les citoyens en quête d’éclaircissements ont visiblement eu du mal à avoir les réponses à leurs questions. À trois reprises, ils ont dû saisir la commission d'accès aux documents administratifs, chose difficile à comprendre quand on sait que Pilar Chaleyssin, maire du village, est aussi la présidente de l'association des maires du Gard.  Seule une étude datant de 2015 a été transmise en janvier dernier aux associations, celle du cabinet Bosc. Aïe... l'étude en question ne traitait pas d'un centre commercial mais bel et bien de l'aménagement de la zone par des logements locatifs, des petits commerces en rez-de-chaussée et des équipements sportifs.

850 habitants en plus... Comment les accueillir dignement ?

Sept requérants, les deux associations et cinq personnes privées, se lancent donc dans la bataille juridique. Personne ne semble avoir été mis au courant de la révision du PLU et c'est la raison pour laquelle les associations ont pris du retard dans leur lutte. Le PLU a été révisé une première fois en 2015 et avait sept objectifs, dont la zone de l'Argilier.

Pour l'heure, le projet en cours verrait sortir de terre trois lotissements (100, 112 et 50 maisons) avec la venue sur les 18 prochaines années de plus 850 habitants supplémentaires (à ajouter aux 2 600 actuels). Le collectif monte alors au créneau. Sécurité des biens et des personnes non assurée, manque de ressources en eau potable (depuis le début de l'année déjà quatre coupures d'eau ont été constatées car les ressources sont insuffisantes), préservation de l'environnement oubliée, maintien des activités agricoles et commerciales actuelles peu évident, plan de circulation encore inconnu...

Le plan... Au pied du château (Photo Anthony Maurin).

" Il existe des incohérences entre les documents légaux approuvés, des irrégularités de procédures et des excès de pouvoir. Une vingtaine de moyens de légalité a été présentée pour motiver le recours déposé devant le tribunal administratif de Nîmes le 2 août dernier. Nous attendons la réponse de la mairie ", explique Joël Dombre, l'avocat.

À la recherche d'un projet alternatif, le collectif citoyen n'est pas contre l'arrivée ou le déplacement des commerces mais pas à n'importe quel prix ni dans n'importe quelles circonstances. Pour son troisième mandat, Pilar Chaleyssin n'a pas été inquiétée. Si elle se représente, y aura-t-il une liste d'opposition, plus citoyenne que politique ? Certainement mais nous n'en sommes pas encore là.

Le recours devrait être étudié dans un an, d'autres actions sont en cours d'élaboration car, selon les associations, au moins deux élus du conseil municipal seraient intéressés par cette modification du PLU. " On va s'acheminer vers une annulation. Nous envisageons le dépôt d'une plainte sur ce dernier point. C'est une étape à venir qui mettra un peu de piment à la procédure ! En plus de tout cela, y-a-t-il eu complaisance des services de l'État, notamment au sujet du Plan de prévention du risque inondation (PPRI) ? ", s'interroge l'avocat.

Une cagnotte Leetchi est ouverte pour aider le collectif dans son action.

Anthony Maurin

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