GARD Rentrée scolaire : grogne des syndicats et réponses du DASEN
Classes surchargées
Emmanuel Bois, secrétaire départemental de FSU affirme que la "rentrée se passe mal". En cause, des classes surchargées par les dédoublements des classes des CP et de CE1 en REP (Réseaux d'éducation prioritaire) qui induisent des surcharges sur les autres classes avec en plus un recrutement de personnel insuffisant. "Il n’y a eu que cinq ou six postes créés dans le Gard à la rentrée alors que nos établissements accueillent 300 élèves supplémentaires", s'insurge-il.
Laurent Noé s'inscrit en faux : "On perd 600 élèves cette année et l'on a créé 14 postes l'an dernier, affirme le Dasen. Chaque année, il y a un ajustement de la carte scolaire. Si des classes sont surchargées on prend des mesures, comme celle d'ouvrir deux classes supplémentaires : une à Nages et Solorgues et l'autre à Cavillargues." Une décision prise à l'issue du Conseil départemental.
Les classes Ulis
La création des classes Ulis (inclusion totale de enfants en situation de handicap dans les classes) est aussi pointée par les syndicats : "Pas assez d'AESH (accompagnants d'élèves en situation de handicap), pas assez d'Ulis non plus",constate Emmanuel Bois qui cite en exemple Beaucaire où cinq enfants ne pourront pas faire leur rentrée dans une classe Ulis faute de place.
Laurent Noé répond que le dispositif est en cours et que les créations se font petit à petit. "Aujourd'hui, il y a deux ouvertures de classes : une à Bessèges et l'autre au collège Condorcet à Nîmes. Les autres sont en cours."
Le recrutement
Sur la question du recrutement insuffisant d'enseignants et du système des contractuels qui viennent boucher les trous et seront de plus en plus nombreux à l'avenir, le Dasen rétorque que les mouvements (changements d'affectation), se font chaque année et qu'il y a toujours des ajustements à faire.
Caroline Place, représentante des enseignants de la maternelle et du primaire pour le SNUIPP-FSU, enfonce le clou et craint que le primaire soit affecté par une pénurie d'enseignants et que ceux-ci soient remplacés par des contractuels moins formés. "C'est pourquoi nous refuserons tout remplacement par des contractuels", précise-t-telle.
Laurent Noé est catégorique : "Nous avons fait appel à des contractuels mais cette année, il n'y en n'aura pas dans le primaire et à la maternelle. Cela dit, il ne faut pas non plus être méprisant : en lycée et en collège, il y a des contractuels qui fournissent de l'excellent travail avec les enfants."
L'école obligatoire à trois ans au lieu de cinq
Les syndicats jugent la mesure inutile prise pour de mauvaises raisons, jugeant que c'est du "populisme médiatique" et constatant par ailleurs que moins d'enfants de deux ans sont acceptés en maternelle depuis quelques temps.
Laurent Noé ne fait aucune allusion aux propos du ministre préférant développer ses propres arguments. "En rendant obligatoire la scolarité des enfants de trois ans, on en fait des enfants de la République. Ce qui nous permet d'avoir un contrôle sur la qualité de l'enseignement qu'on leur prodigue. Jusqu'à maintenant l'école n'étant pas obligatoire, nous ne pouvions pas avoir de contrôle sur les écoles privées hors cadre. Ce qui ne sera plus le cas."
L'école à deux vitesses
Conséquences de l'insuffisance des recrutements et de l'engagement de contractuels qui refuseront à coup sûr d'aller travailler dans les zones rurales, les syndicats craignent une école à deux vitesses. Un niveau plus bas dans les campagnes délaissées par des contractuels qui de plus pourraient délaisser leur poste lorsqu'une meilleure opportunité se présente à eux. Ce qui à terme rimerait avec la déliquescence de la notion de service public.
Le Dasen est formel : "Nous avons maintenu ouvertes 10 écoles à une classe alors que certaines ont moins de 10 élèves. À Alès, les lycéens ont plus de huit options. Nous tenons à éviter les disparités."
Une bataille rangée d'arguments d'où il ressort que les nouvelles mesures prises demandent encore quelques ajustement et que la colère des syndicats, qui ont encore d'autres raisons de mécontentement comme la revalorisation de leurs salaires, promet d'autres affrontements.
Véronique Palomar Camplan
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