Publié il y a 4 ans - Mise à jour le 07.09.2019 - anthony-maurin - 3 min  - vu 633 fois

SAMEDI TOROS Goyesque, première pour Van Gogh et dernière pour Juan Bautista

Les pétales de rose version Ricciotti en 2013 (Photo Anthony Maurin).

Ici, la goyesque de 2016 (Photo Anthony Maurin). • Anthony MAURIN

Tous les samedis ObjectifGard vous embarque dans l’univers des toros et de la tauromachie. Un voyage ouvert à tous, pas seulement aux initiés. Entre actualité et dossiers de fond, la rubrique traitera aussi bien des jeunes pousses que des maestros reconnus et n’oubliera pas de vous présenter bon nombre d’élevages de la région et tout ce que l'art a pu démontrer de la tauromachie.  Premier zoom, la corrida goyesque d’Arles.

Prévue aujourd'hui, cette corrida ne sera pas anodine... Déjà, parce que Juan Bautista, le directeur des arènes d’Arles mais aussi matador de toros français, arrêtera sa carrière à l’issue de cette course. Initialement pensée comme un mano a mano, un face à face, avec l’exceptionnel péruvien Andrès Roca Rey, c’est avec l’antique Enrique Ponce que l’empereur arlésien stoppera sa passion dangereuse.

On pourrait parler de l’immense carrière de Juan Bautista, de ses sorties triomphales des arènes de Las Ventas (Madrid), les plus prestigieuses du monde taurin, mais nous parlerons plutôt du décorum. Peu de corridas se déroulent dans un amphithéâtre romain qui pourrait se suffire à lui-même comme décor grandiose. Mais encore moins de courses se déroulaient au temps de Francisco de Goya !

En 2017 (Photo Anthony Maurin). • Anthony MAURIN

À la charnière du XVIIIe et du XIXe siècle, l’artiste Francisco de Goya a produit de nombreuses œuvres mettant en scène la corrida. Une époque fantasmée, des costumes flamboyants et surannés. L’époque visée pour revivre un ersatz de l’histoire de l’humanité n’est pas mauvaise, loin de là. Du temps de Goya, la couleur envahissait la piste. Les formes, moins anguleuses qu’aujourd’hui, arrondissaient les esprits d’une vie abrupte. La vie, la mort. Chez Goya, la mort est tout et la vie n’est rien. Seule la corrida peut faire ressortir ce sentiment. C'est en partie ce que l'on peut retrouver dans certaines œuvres d'un Arlésien de cœur, Vincent Van Gogh.

En solo en 2014, ici Juan Bautista lors de sa corrida goyesque (Photo Anthony Maurin).

C’est la raison pour laquelle Arles, depuis 2005, ouvre un joli tiroir pour combler les manques d’une aficion en quête de gourmandise et de sincérité. Une goyesque (goyesca pour les Ibériques), c’est avant tout un tableau vivant. Les arènes sont décorées de la piste aux gradins. Les professionnels qui entrent en scène sont costumés et un artiste est choisi pour illustrer l’idée de cet instant suspendu dans le temps. Cette année et pour la première fois, le peintre ne sera pas là car c'est Vincent Van Gogh qui a enfin été choisi pour illuminer de ses couleurs le sable des arènes.

En 2014, des paillettes dorées étaient sur le sable de la piste (Photo Anthony Maurin).

Juan Bautista nous l'assure, ça sera du vrai Van Gogh. Vous me direz, Van Gogh à Arles, logique. Dans le désordre et après Lacroix, Swansea, Ricciotti, Loren, Zapata, Chambas, Formica, Clergue, Viallat, Hugo ou Espla, Van Gogh sera l’artiste absent qui signera la trame de cette spécificité arlésienne. La vie, la mort et entre les deux, le soleil de cinq heures. La fin de l'été, les champs de blé moissonnés, les tournesols évanescents... Tout un monde dans un univers segmenté en multivers.

En 2015 (Photo Anthony Maurin). • Anthony MAURIN

Lors d’une corrida goyesque les toreros exercent leur métier de la même manière qu’ils peuvent le faire n’importe où en ce début de XXIe siècle. Les codes de la tauromachie évoluent avec le temps, les règles de la corrida suivent le fil des ères. Habillés comme à l’époque, ils toréeront comme aujourd’hui. Les chevaux sont protégés comme jamais et les tercios, les trois phases du combat, sont identiques à ce que l'on peut voir partout ailleurs.

En réalité, seul le cadre change et embarque le public deux siècles en arrière. Seul le cadre mais ce cadre, c'est pourtant tout. Tout ce dont a besoin un artiste pour exercer son art, tout ce que veut un spectateur pour mettre œil et cœur à l'épreuve.

L'an passé, Juan Bautista et ses deux enfants (Photo Anthony Maurin). • Anthony MAURIN

Assister à une goyesque ne laisse pas indifférent. Le décor, parfait avant le paseo, est souillé une fois les piétons, chevaux et toros dessus. L'oeuvre éphémère aurait-elle pu plaire à Vincent Van Gogh ? Aurait-il choisi, s'il avait été des nôtres, de faire ce tableau géant au cœur d'un spectacle vivant et mouvant? Le challenge est énorme mais le Hollandais l'aurait sans aucun doute relevé avec brio. Il connaissait les arènes d'Arles pour les avoir peintes.

Retour aux sources pour l'art en piste. Départ de piste pour l'art de Juan Bautista. Pour les curieux, il fallait s'y prendre plus tôt... Il n'y a plus aucune des 12 300 places mises à la vente depuis quinze jours !

Anthony Maurin

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