Publié il y a 4 ans - Mise à jour le 08.09.2019 - thierry-allard - 3 min  - vu 659 fois

FAIT DU JOUR L’orgue de l’église de Bagnols en pleine résurrection

L'orgue de l'église de Bagnols est en plein remontage (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

Les lourds travaux de restauration de l’église Saint Jean-Baptiste de Bagnols touchent à leur fin. Reste une étape, et non des moindres : le remontage de l’orgue, un instrument presque aussi monumental que l’église.

Car les travaux de restauration de l’église, qui ont débuté il y a environ deux ans, ont aussi pour but de remettre l’orgue en valeur. Un instrument basé « sur un buffet de Boisselin du XVIIIe siècle », présente Léa Nencioli, facteur d’orgue. C’est elle qui a, avec Gabriel Nencioli, Nicolas Lanaspeze et Julian Puyo, restauré l’orgue de l’église de Bagnols au sein de son entreprise basée dans le Tarn-et-Garonne, et qui est en train de le remonter.

Un instrument ancien donc, mais pas tant que ça : « il a été complètement transformé au fil du temps pour augmenter ses capacités », précise Léa Nencioli. Transformé, et parfois mutilé : dans les années 1950, l’encorbellement en bois sur lequel repose l’orgue, au dessus de l’entrée de l’église, menace de s’effondrer. Il est donc décidé de reculer l’orgue dans l’alcôve, mais ça ne passe pas. « Tout ce qui gênait pour pousser l’orgue a été scié », précise le directeur du service archives et patrimoine à la mairie de Bagnols Laurent Augé. On se débarrasse de bouts de tuyaux, de trois sculptures qui chapeautaient l’instrument et de morceaux de corniche en pierre. « Les pièces manquantes n’ont jamais été retrouvées », précise le facteur d’orgue.

L'église Saint Jean-Baptiste de Bagnols est encore en travaux (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

Remontage et réglages

Impensable de nos jours… Alors Léa Nencioli et son équipe, qui ont travaillé environ un an pour restaurer l’orgue, vont restituer les pièces manquantes, notamment « trois anges et des pots de fleurs sculptés », précise-t-elle. De quoi de nouveau chapeauter dignement l’orgue, ses quelque 1 571 tuyaux et ses milliers de pièces. Un chiffre qui a évolué, puisque lors de la restauration, « nous avons enlevé un rang de tuyaux et nous en avons rajouté deux, soit 54 tuyaux en plus », note Léa Nencioli.

Autant dire qu’on parle d’un puzzle king size. Quinze jours ont été nécessaires au démontage. Il en faudra bien plus pour le remontage : les travaux ont démarré le 19 août dernier, et se poursuivront sans doute jusqu’à l’automne, non loin de la réouverture et de l’inauguration de l’église en novembre. « Le remontage prend plus de temps car il faut faire tous les réglages, et nous rajoutons des éléments, comme le coffrage de l’intérieur », précise Léa Nencioli. On peut rajouter à cela le fait que comme la disposition de l’orgue change, il a fallu faire de la mécanique.

Car l’orgue de Bagnols compte trois plans sonores : « un pour la pédale et deux pour les claviers », ajoute le facteur d’orgue, et le plan pédale a été déplacé vers l’arrière. En tout, l’orgue compte 23 jeux de tuyaux, « qu’il faut accorder en fonction de l’acoustique de l’édifice, pour être au plus juste par rapport à l’instrument que nous avons démonté », poursuit Léa Nencioli. Car tout joue : l’acoustique de l’église, qui va changer du fait des travaux, la disposition de l’orgue, qui va donc être de nouveau avancé sur son encorbellement en bois, ou encore la restauration même des tuyaux, faits de plomb, d’étain et de bois.

Une partie des tuyaux en bois de l'orgue (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

Sur ce dernier point, « c’est très subtil, certaines interventions sur les tuyaux ne se voient pas à l’oeil nu, affirme Léa Nencioli. Les réglages sont très fins, on peut très vite passer à côté d’une subtilité. » Cette toute dernière phase, une fois que l’orgue aura été remonté, présente une autre particularité : « lors du montage des tuyaux et l’harmonisation de l’orgue, il ne peut pas y avoir de bruit », note Laurent Augé. En d’autres mots, impossible de monter et d’harmoniser l’orgue tant que les autres entreprises n’ont pas fini leur mission jusqu’au moindre détail. Restera ensuite à procéder à l’égalisation, comprendre veiller à ce que chaque jeu de tuyaux de l’orgue joue aussi fort que l’autre.

Il sera alors temps de laisser l’organiste en reprendre possession, pour faire résonner les notes liturgiques au sein de cette église Saint Jean-Baptiste refaite à neuf.

Thierry ALLARD

thierry.allard@objectifgard.com

Et aussi :

Un orgue, comment ça marche ? : un moteur de ventilateur — ou une ou plusieurs personnes — envoie de l’air à un débit constant dans des réservoirs qui jouent le rôle de régulateurs de pression. Ces réservoirs gardent l’air en réserve, puis l’air est envoyé dans des réservoirs secondaires par des tubes appelés portevents. C’est d’ici que l’air est transmis aux sommiers où sont fixés les tuyaux. Quand l’organiste appuie sur une touche, il envoie de l’air dans les tuyaux en suivant ce parcours, un peu comme on souffle dans une flûte. 

Précision : orgue est un mot masculin au singulier et féminin au pluriel… lorsqu’il désigne un seul instrument. C’est le cas dans l’expression « les grandes orgues ». Vous pourrez ainsi parler des grandes orgues de Bagnols, quand elles auront été remontées.

Thierry Allard

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