NÎMES EN FERIA Les artistes n'ont rien pu créer
La corrida dominicale a toujours des saveurs artistiques. Aux commandes de la grand'messe des toros de Victoriano del Rio avec Enrique Ponce (silence et oreille), Paco Ureña (vuelta et salut) et Pablo Aguado (silence et silence).
Nous n'irons pas chercher bien loin, ce matin, la corrida n'aura pas été parfaite. Même si on se rapproche d'un certain 16 septembre (2012), les années se suivent mais les dimanches matins ne se ressemblent aucunement. Des toros joliment présentés de chez Victoriano del Rio mais sans relief et parfois faiblards.
On pensait qu'avec un tel cartel les aficionados qui avaient fait l'effort de se lever après la rude soirée du samedi n'allaient pas regretter d'avoir acheter leur billet. Hélas, en corrida comme dans tous les spectacles vivants, ce que l'on imagine sur le papier n'est pas toujours ce que l'on voit en réalité. Premier à s'en rendre compte, Enrique Ponce, malchanceux face à un adversaire plus que faible. Le maestro de Chiva a essayé mais même lui, l'infirmier en chef des arènes, n'a pas su ressusciter le toro.
Ponce a coupé une petite oreille après une grande faena au quatrième de la matinée. Un toro plus mobile, avec plus de force et une charge intéressante bien que confuse voire dangereuse par moments dans la muleta de maître Ponce. Certains diront qu'il ne s'est pas croisé, d'autres répondront qu'il a fait le boulot et que l'essentiel est de toréer sans brusquer l'animal, intelligemment et en usant parfois de cette ruse peu glorieuse mais efficace.
S'il en est un qui ne triche pas, c'est bien Paco Ureña ! Le maestro doux comme un agneau, celui qui ne fait pas de vague, qui sort d'une cornada et qui ne voit plus que d'un œil n'a rien perdu de sa simple grandeur. La gestuelle est aussi belle que son idée de la tauromachie. De naturelle et naturelle, il arrive à dessiner une esquisse de faena devant un toro qui a un peu plus de relief que le premier de Ponce. Vuelta méritée après une légère pétition d'oreille.
Son second rendez-vous nîmois se déroulera d'une autre manière. Un toro qui a du sel, qui met du piment, qui a de belles charges sans réelle bravoure mais avec un fond de violence. Le matador poursuit l'effort, tente des deux côtés, se remet de face puis jette l'éponge au bon moment. Salut d'un Paco Ureña énervé ou chagriné, difficile à distinguer.
Le dernier du cartel, le petit Pablo Aguado a un fan club à Nîmes. Ici, on le suit, on l'aime et on le soutien depuis qu'il est en non piquée. L'histoire d'amour qu'il vit avec la cité des Antonin ne lui aura pas servi à grand chose en ce dimanche matin... Premier duel et silence entendu par le diestro andalou. Son vrai toro étant invalide au moment de la pique, le président Laurent Burgoa a préféré tomber le mouchoir vert laissant sortir un sobrero de Victoriano del Rio plus compliqué à cerner, surtout en fin de faena où il donnait de méchants coups de tête.
Dernier de la matinée et une nouvelle silence pour le Sévillan. Il aurait pu couper si ses épées n'avaient pas été aussi fourbes. Pablo Aguado n'a pas démérité face à ce toro plutôt joueur et avec une charge emplie de noblesse. La faena s'achève dans le calme d'un dimanche ensoleillé, avec une brise de vent dans les cheveux et sans mouchoir blanc au palco... Drôle de feria que cette session des Vendanges 2019.
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