Publié il y a 4 ans - Mise à jour le 28.09.2019 - anthony-maurin - 3 min  - vu 963 fois

SAMEDI TOROS Juan Leal à Madrid, la rage au ventre

Juan Leal à Nîmes en mai 2018 devant un toro de Partido de Resina (Photo Anthony Maurin).

Ce samedi 28 septembre sera à marquer d'une pierre blanche pour un certain Juan Leal. Il est au cartel de la corrida du soir à Madrid (Las Ventas) pour bien finir une saison complète qui l'a vue monter en puissance et gravir les échelons.

Difficile. Compliqué voire impossible. Être un petit français, toréer, se jouer la vie et intégrer les cartels madrilènes. Difficile, compliqué voire impossible. Non, pas impossible. Grâce à la génération dorée que le toreo français connaît actuellement, les jeunes pousses élevés au biberon des Nimeño II puis des Juan Bautista et des Sébastien Castella, se jouera à Madrid ce dimanche une course un peu folle. Hier, c'était le Nîmois El Rafi qui faisait sa présentation madrilène en tant que novillero.

Ce soir, Daniel Luque en chef de lidia et Juan Ortega pour fermer le cartel, autant dire que l’Arlésien Juan Leal sera au chaud, au cœur de la bataille et devra séduire les puristes du tendido 7. Face à lui, des toros du Puerto de San Lorenzo et de La Ventana del Puerto. Un bon souvenir qu’un certain Juan Bautista a conservé dans sa caboche après son retrait des ruedo. En 2007, il avait coupé les deux oreilles d’un du Puerto de San Lorenzo ! Espérons que le petit Leal se rapproche de l’exploit initié par l’actuel directeur des arènes d’Arles.

Ici lors de la dernière feria des Vendanges à Nîmes, Juan Leal à gauche (Photo Anthony Maurin).

Déjà contracté par Simon Casas, directeur des arènes de Las Ventas en mai dernier à Madrid, Leal avait assuré une prestation liée de panache et de bravoure. Face aux Pedraza de Yeltes il avait reçu une cornada d’une vingtaine de centimètres. Le sang versé lui a permis d’être appelé dans d’autres grandes arènes espagnoles. Bilbao, Pampelune, Cuidad Real, Azpeitia… à chaque fois, le Français se fait remarquer en montrant les qualités de sa tauromachie sans oublier de valoriser son adversaire. Il vient tout juste de sortir de la feria nîmoise des Vendanges (alors qu’il n’était pas à Arles, chez lui)

Du travail et du temps pour arriver au sommet

Six ans après avoir pris son alternative, Juan Leal a-t-il enfin trouvé sa place dans un mundillo aux diverses facettes et en pleine mutation ? Peut-être bien. Peut-être aussi qu’il ne faut jamais se croire arrivé. Pour certains maestros il faut au moins quatre ans de plus pour se stabiliser. Pour d’autres, l’hypothétique gloire ne revient jamais frapper à la porte et leur bonne volonté tombe aux oubliettes de la rigueur taurine.

L'Arlésien Juan Leal ici à Alès il y a deux ans (Photo Anthony Maurin).

Pour Steeven, parce que c’est son petit nom, est le neveu d’un autre Leal, Paquito, celui qui a édifié les murs du savoir de l’école taurine d’Arles. De la cité bucco-rhodanienne, Leal passe à la fondation El Juli avant de rejoindre le campo de la ganaderia de Jean-Marie Raimond (Virgen Maria et Santa Ana) pour parfaire ses connaissances et se frotter à des toros en apprentissage eux aussi.

Dans la cathédrale silencieuse de Las Ventas, on est seul, toujours, même si les arènes débordent. Seul face à son passé qui est certain, seul face à son avenir qui demeurera incertain quoiqu’il advienne. Rappelons-nous qu’à quinze jours de devenir matador de toros à Nîmes, Juan Leal faisait sa présentation dans les arènes de Madrid. Depuis, son histoire connaît des hauts et des bas.

Bien finir une saison importante

Ce cartel de la dernière chance, comme ils le sont tous, est une réelle chance pour lui. Il en rêvait, il a gagné sa place, il devra l’assumer. Plus que de la bravoure, du panache et un concept taurin réfléchi, Leal devra plaire, devra faire voir qu’il a appris et qu’il peut transmettre de nombreuses émotions avec les outils colorés dans les mains.

Ce contrat de fin de saison peut lui permettre de passer l’hiver sereinement. Il lui permettrait aussi de valoriser sa temporada car, et il faut le clamer haut et fort, Juan Leal a réalisé une excellente saison qui ne demande qu’à être bonifiée par un tel rendez-vous. Avec des compañeros qu’il apprécie et des toros qui, sur le papier, peuvent lui permettre de s’exprimer pleinement, Juan Leal aborde certainement cette date cruciale avec des étoiles dans les yeux et la peur au ventre.

Toréer à Madrid, peu de maestros savent ce que cela fait. Toréer à Madrid en feria, c’est encore pire. Mais toréer à Madrid, en feria et en fin de saison alors que tout ce qu’on a semblé bâtir peut s’écrouler à cause d’une maladresse, c’est ça la tauromachie. Le toro te donne mais il te reprend. C’est lui qui mène la danse. Lui et les arènes de Madrid. Vamos maestro !

Anthony Maurin

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