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Publié il y a 4 ans - Mise à jour le 14.10.2019 - abdel-samari - 3 min  - vu 1799 fois

LE 7H50 de Laurent Burgoa : "Pour les mineurs isolés, il faut avoir le courage politique de dire stop"

Le chef de l'opposition de Droite au Département, Laurent Burgoa, a l'intention de voter ce lundi matin contre la décision modificative du budget 2019 qui prévoit de doubler le montant de l'aide pour l'accompagnement des mineurs isolés. Il nous explique pourquoi. Interview.

Objectif Gard : Ce matin, le Conseil départemental votera une décision modificative du budget 2019, notamment concernant les mineurs isolés. Quelle sera votre position ?

Laurent Burgoa : En juin dernier lors de la première décision modificative, j’avais, au nom de notre groupe (Le Bon sens républicain, NDLR), fustigé l’impact dévastateur sur nos finances des décisions unilatérales de l’État. Cela concerne la revalorisation du RSA (Revenu de solidarité active) dont l'impact sur le budget départementale se chiffrait à + 4,8 millions d’euros pour le Gard, un montant non compensé par l’État. Pour la deuxième décision modificative ce lundi, le scénario est identique avec cette fois-ci un montant plus important de 6 M€ qui viennent doubler les 6 M€ déjà votés pour les jeunes mineurs isolés. C'est une fuite en avant, c'est très clair. Et pendant ce temps là, on baisse de 550 000 euros l'aide aux personnes âgées du département.

Vous voterez donc contre cette nouvelle aide ?

La France a enregistré l’an dernier un record de 123 000 demandes d’asiles. Deux ans plus tôt on en comptait 76 000. Toujours en 2018, la France a dénombré 256 000 entrées régulières de personnes étrangères Une hausse que nous constatons chaque matin à l’accueil commun du département et de la préfecture à Nîmes où les files d’attentes sont interminables. La France a toujours été une terre d’accueil et doit le rester. Nous ne souhaitons pas l’immigration zéro. Nous devons prendre soin des vrais mineurs étrangers mais l’État doit prendre ses responsabilités et payer intégralement au Département les sommes engagées. À un moment donné, il faut savoir dit non. C'est peut-être mon côté Gaulliste mais dites-moi, combien devra-t-on mettre en 2020 si cela continue de la même façon ?

Vous avez conscience qu'en rejetant demain la décision modificative l'impact sera global. Et y compris sur tous les autres sujets au-delà de celui qui concerne les mineurs isolés ?

C'est une façon amicale de certains dans la majorité relative pour mettre la pression. Nous avons dit que nous voterons sans problème les autres sujets mais il est hors de question de voter 6 millions d'euros supplémentaires pour l'aide aux mineurs isolés. Notre décision est prise. Le Département - jusqu'à preuve du contraire - n'est pas devenu la chambre d'enregistrement de l'État. Il faut avoir le courage politique de dire stop.

Comment en est-on arrivé là ?

Le département a semble-t-il pris ses responsabilités en organisant dernièrement un accueil plus efficace des mineurs étrangers se présentant à lui. Mais il y a eu des erreurs administratives, c'est indéniable. Il aurait fallu plus rapidement raccourcir les délais d’attente d’évaluation des mineurs. Cela est plus que nécessaire lorsque l’on sait que seulement 25 ou 30 % sont de « vrais mineurs ». Pendant ce temps là, le Département a payé 50 euros par jour et par mineur. Comment le justifier aux Gardois ? Comment expliquer que nous donnons 1 500 euros par mois par personne ? Par notre vote nous allons aussi  sanctionner ces dysfonctionnements...

Est-ce que l'approche des Municipales oblige la Droite a durcir son point de vue sur ces questions afin d'envoyer un message à son électorat, tenté par le Rassemblement national ?

Absolument pas. Vous le savez, nous avons un Gardois sur cinq qui vit en-dessous du seuil de pauvreté. C’est-à-dire avec moins de 1 000 € par mois. Nous sommes le quatrième département le plus pauvre de France, là où un plan pauvreté a été mis en place. Cette mesure qui concerne les mineurs isolés ne fait qu’affaiblir sa mise en œuvre. Nous n’en avons pas les moyens. Si on laisse faire, ce sont les Gardois qui devront assumer par des impôts supplémentaires. L’État ne peut se décharger de ses compétences sur notre collectivité.

Quelles sont donc vos solutions ?

Si j'étais à la place de Denis Bouad, le président du Département du Gard, je stopperais tout. J'irais voir le représentant de l'État, à savoir le préfet du Gard, pour lui demander de prendre ses responsabilités. Nous demandons que l'État paye intégralement au Département les sommes engagées pour les mineurs étrangers. L’État impose aux collectivités des décisions mais n’est jamais au rendez-vous pour les aider au niveau financier.

Propos recueillis par Abdel Samari

Abdel Samari

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