ÉDITORIAL Après la chasse aux sorcières, la chasse aux chômeurs
La réforme du chômage qui va durcir les conditions et les droits d'accès à des allocations est entrée définitivement en vigueur le 1er octobre dernier. Elle ouvre le spectre à des dispositions qui pourront évoluer au 1er décembre 2021. Hier soir, lors de l'allocution du Président, on a bien compris qu'il était prévu d'aller plus loin. D'abord, parce que l'activité économique est en plein boom. Et, dans le même temps, de nombreuses entreprises galèrent pour trouver de nouveaux profils. Malgré les annonces à Pôle emploi, les candidatures sont réduites à peau de chagrin. À qui la faute ? Aux chômeurs, pour beaucoup de longue durée, qui n'ont pas envie de travailler ? Aux fonctionnaires de l'agence pour l'emploi qui sont partis en vacances ? Ou tout simplement à une des conséquences de la crise sanitaire qui a bouleversé les pratiques dans le travail ? Une chose est certaine : l'Unédic (association chargée de la gestion de l'assurance chômage en France, NDLR) estime dans une étude récente que cette réforme aura un impact sur 41% des allocataires (soit 1,15 million de personnes, NDLR) qui devraient toucher une allocation journalière plus faible en comparaison des règles encore en vigueur au 30 septembre dernier. Le Gouvernement précise cependant que si le montant de l'allocation baisse, sa durée sera par contre allongée pour compenser ce manque à gagner. Ce que je vous retire de la poche de gauche, je vous le redonne par la droite. Cela étant, les conditions d'éligibilité vont quand même se durcir, il faudra avoir travaillé 6 mois, et non plus 4, pour être éligible aux allocations. Emmanuel Macron a été très clair hier soir. Un seul objectif pour lui : faciliter le retour à l'emploi des chômeurs selon la théorie qu'une allocation plus basse même versée plus longtemps incite à retrouver un emploi plus rapidement. Potentiellement, elle permettra surtout que les plus éloignés de l'emploi et qui rencontrent les pires difficultés pour s'y insérer à nouveau, crèvent un peu plus de faim tout en se déplaçant avec encore moins d'argent à des entretiens d'embauche. L'idée derrière tout cela est de générer de sérieuses économies. Selon l'Unédic toujours, elle entraînera une baisse des dépenses annuelles de 2,3 milliards d'euros à compter de 2023. La seule question que personne ne se pose c'est pourquoi les gens n'acceptent pas n'importe quel emploi. Peut-être tout simplement parce que c'est insuffisamment payé pour le travail qui est demandé. Mais c'est encore une autre histoire...
Abdel Samari
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